De Reine À guerrière

chapitre 3 ✅ (corriger)

1799, royaume de Rosea 

La veille, Laura ne trouva pas directement le sommeil, chamboulée par les révélations de sa mère. Mais elle se sentait surtout coupable, une culpabilité qui la détruisait de l'intérieur. Avant sa naissance, jamais rien ne s’était passé, mais dès qu’elle était venue au monde, des problèmes étaient survenus. C’est pourquoi elle s'en voulait, mais une chose était sûre, c'est qu'elle allait venger son père. Même si elle devait avoir du sang sur les mains, elle n’hésiterait pas à tuer de sang-froid pour accomplir sa vengeance.

Laura se fit réveiller comme à son habitude par Laurie, sa dame de chambre. La future reine la considérait comme son amie, elles avaient grandi ensemble pendant près de dix ans. Le jour des quatorze ans de la princesse, Laurie savait que celle-ci rêvait de faire une promenade à cheval en pleine nuit. Mais le roi et la reine ne voulaient pas que leur fille sorte, ils craignaient pour sa sécurité. C’est pourquoi Laurie proposa à Laura de se faire passer pour elle en restant dans son lit, faisant croire à quiconque que l’héritière dormait. Depuis ce jour, Laura lui en était très reconnaissante.

— Bonjour, princesse, le petit déjeuner est prêt. Voulez-vous manger dans votre lit ou sur la table de votre chambre ?

— Bonjour, Laurie, je t'en prie, appelle-moi Laura. Nous nous connaissons depuis notre naissance, tu n'es pas obligée de m'appeler princesse. Je vais manger sur la table, et tu mangeras avec moi, c'est un ordre.

— Bien, Laura, je mangerai avec vous.

Les cuisiniers finissaient de déposer le petit déjeuner sur la table. Laura alla s'asseoir, suivie de près par Laurie, puis elles commencèrent à manger. Tout en discutant et en rigolant avec sa femme de chambre, Laura sentait l’angoisse qui l’habitait s’évaporer. La complicité qui les unissait était comme un répit pour elle.

— Laurie, sais-tu s’il y a eu une nouvelle attaque durant la nuit ?

— Cette nuit s’est passée sans encombre, plusieurs soldats se sont relayés pour garantir la sécurité de tous les paysans.

— Bien, j'espère que cela continuera ainsi. Sais-tu quand se déroulera l’enterrement ?

— Oui, demain matin.

— D’accord, merci, Laurie.

Laura et Laurie finirent de manger. Ensuite, Laurie aida la princesse à s'habiller d'une jolie robe bleue plus légère qu’à son habitude, ornée de dentelle couleur or. La jeune femme avait une balade à cheval avec la reine cet après-midi. L'héritière se demandait comment toutes ces attaques avaient pu survenir alors qu’avant sa naissance, les deux rois étaient meilleurs amis. Les échanges entre les deux royaumes se faisaient régulièrement, même les paysans étaient très bien accueillis, mais depuis la venue de Laura, le père de Kais interdisait à quiconque de rentrer ou de sortir sans son approbation. Il ne voulait pas énerver ses fils qu'il aimait par-dessus tout, malgré ces restrictions les deux rois se voyaient toujours. 

Pendant ce temps 

À la cour de la reine Oriane, Arwen attendait la reine avec trois des plus forts soldats. Il devait délivrer un message à la reine, transmis par le messager du royaume voisin. Celui-ci ne délivra pas immédiatement son message. La souveraine était en danger, tout autant que Laura. Le roi avait été assassiné, et le tueur pouvait recommencer.

— Ma reine, le messager nous a transmis un message venant du royaume voisin. 

— Et que dit ce message, Arwen ? demanda-t-elle, encore très énervée contre la tuerie que Kais avait ordonnée.

— « Nous avons tué quatre paysans la nuit dernière et ce n’est que le commencement ! »

— Merci, Arwen. Dis aux soldats de renforcer leurs entrainements, car on ne sait pas quand ils attaqueront. La prochaine fois, il faudra être prêt. 

— J'y vais tout de suite.

À la cour royale, quelques minutes auparavant, la reine entra dans le château pour se préparer à la balade à cheval avec sa fille. Tout en longeant le couloir, la reine Oriane ne put retenir quelques larmes. Après ce qu'il s’était passé, d'abord l'assassinat de son défunt mari, puis le massacre de quatre innocents paysans, elle ne pouvait retenir ses émotions. Même si elle essayait de rester forte devant sa fille pour ne pas l’inquiéter, elle ne pouvait pas rester insensible à cette situation. Très vite, elle se ressaisit pour aller se préparer. Quelques minutes plus tard, elle rejoignit Laura aux écuries. Toutes deux montèrent sur leur cheval respectif. 

Cela faisait déjà trois jours que le roi était décédé et la princesse n'était toujours pas sûre de la date de l’enterrement, même si Laurie le lui avait déjà dit, elle préférait redemander à sa mère pour en être certaine. 

— Mère, l'enterrement de père est-il demain matin ? 

— Oui, ma chérie.

— Je me réveillerai plus tôt pour cueillir une fleur rouge dans le jardin.

Traditionnellement au royaume de Rosea, les proches du défunt optaient souvent pour des roses rouges, témoignant de l'amour ardent qu’ils portaient à la personne disparue. 

— Et Laurie m’a dit qu’aucune attaque n’était survenue cette nuit, enchaîna la princesse.  

— Oui, mais ce matin, Arwen m'a donné une lettre du messager du royaume voisin. 

— Que disait cette lettre ?

— « Nous avons tué quatre paysans la nuit dernière et ce n’est que le commencement ». 

— La lettre était-elle signée ?

— Oui, de Kais. 

— Tout ça pour une couronne ?! 

Elle serra les poings après cette nouvelle révélation. Elle les serra tellement fort qu'elle en eu mal, elle le savait cruel, mais pas à ce point. 

— Oui, ma chérie. Pour certaines personnes, la voie du sang est plus forte que la voie de la raison !