De Reine À guerrière

chapitre 5 ✅ (corrigé)

1799, Royaume de Vicit

Le roi Dorian, le père de Kais, était allongé sur son lit, le docteur venait de partir. Le roi était un très bel homme, mais depuis quelques années, son visage, si déformé par la fatigue, le faisait paraitre bien plus vieux que ses quarante-et-un ans. Son regard, autrefois rempli de joie, s’était terni de tristesse. Au dessous de ses yeux, se dessinaient de grosses cernes, sa peau était devenue pâle, le rendant presque méconnaissable.

Chaque matin, le docteur passait voir l'état du roi, car celui-ci souffrait depuis quelques années d'un cancer du poumon. Cela faisait quelques jours que son état s’était vraiment détérioré. Le docteur venait tout juste de lui annoncer qu'il ne lui restait plus que quelques jours à vivre. Seul son fils, Maël, était au courant de la maladie de son père. 

En 1794 

Cela faisait quelques jours que le roi ressentait une grosse fatigue et une perte d'appétit fulgurante, ce qui inquiétait Maël, l'héritier du trône. Il appela le docteur pour qu'il vienne immédiatement. Celui-ci arriva dix minutes plus tard devant le château, un garde l’amena jusqu'à la chambre du roi.

— Mon roi, le docteur est arrivé, annonça le garde qui venait de franchir le seuil de la porte.

— Dites-lui d’entrer, répondit Maël à la place de son père.

— Bonjour, Votre Altesse, que se passe-t-il ?

— Bonjour, cela fait déjà plusieurs jours que mon père ressent une très grande fatigue et ne mange que très peu.

— D'accord, je vais l’ausculter. Je vous dirai ce qu'il y a dans quelques minutes, répondit le docteur en sortant tout son matériel. 

— Très bien, merci, le remercia Maël, stressé.

Après quelques minutes, le médecin termina son auscultation. Dans ses yeux, se lisait la peine qu’il n’arrivait pas à dissimuler, il annonça la maladie du roi avec une grande appréhension.

— Votre Majesté, j'ai une très mauvaise nouvelle à vous annoncer, déclara-t-il d’un air attristé. 

— Que se passe-t-il ? 

— Je suis désolé de vous l'annoncer, mais vous avez un cancer du poumon. 

— Est-ce guérissable, demanda précipitamment Maël.

— Non désolé, il est à un stade déjà trop avancé, il ne vous reste que quelques années à vivre.

 Le regard de Maël se teinta de tristesse, qu’il ne sut cacher. Ses poings étaient fermés, il sentait que son cœur battait plus vite qu'à son habitude. Un nœud se formait dans sa gorge, l’empêchant de respirer. Une étrange sensation s’était logée dans son estomac. Si son père venait à mourir, son monde partirait en fumée. 

— D'accord, docteur. Quand reviendrez-vous ? demanda le roi, pour essayer de camoufler sa tristesse.

— Je viendrai tous les jours pour voir si votre état se stabilise ou pas, répondit le médecin. 

— D'accord, merci.

Alors que le docteur repartait, le roi en profita pour s’entretenir avec son fils.

— Ne dis rien à ton frère !

— Mais pourquoi ? Il a le droit de savoir !

— Tu connais très bien Kais, il serait capable de préparer une attaque contre le royaume de Rosea si je venais à trépasser. 

— Oui je sais, père. Mais quand lui annoncerez-vous ?

— Quand le moment sera venu. Promets-moi une dernière chose, Maël. 

— Quoi donc, père ?

— Ne suis jamais ton frère dans ses mauvais choix.

— Bien sûr, père, je vous le promets. 

1799, Royaume de Vicit 

Le roi ordonna à un garde d’appeler ses deux fils. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent. Le roi appréhendait beaucoup la réaction de ses fils, craignant qu’ils ne puissent profiter de ces derniers jours s'ils étaient trop tristes. Mais le roi redoutait surtout les actes que pourrait commettre Kais après son décès. 

— Qu'y a-t-il, père ? demandèrent à l'unisson les deux frères. 

— Je dois vous annoncer quelque chose. Mais avant, venez vous asseoir.

Les deux frères prirent place près de leur père, leur visage reflétait de l'inquiétude. 

— Comme vous le savez, le docteur est passé.
— Oui. Que t'a-t-il dit ? demanda Maël.

— Il ne me reste que quelques jours à vivre.

Maël ne put s'empêcher de verser les larmes qu’il tentait de retenir, ce qui déformait les traits de son visage. Il passa une main dans ses cheveux, les décoiffant. Cette apparence désordonnée était inhabituel chez le Dauphin. En repensant à tous les souvenirs d'enfance, mais aussi à la grande complicité qui les unissait, il dut étouffer un sanglot.

— Mais de quoi allez-vous mourir, père ? interrogea Kais, choqué par cette révélation. 

— D’un cancer du poumon, le docteur ne peut plus rien pour moi.

L’incompréhension se lisait dans le regard bleu de Kais, mais aussi de la tristesse. Sa réaction n'était pas vraiment la même que son frère. Son visage, à part ses prunelles, ne reflétait aucune émotion. Il était encore sous le choc. Tout en réfléchissant, Kais se rappelait que, quelques jours auparavant, quand il avait été convié dans le bureau du souverain, son père n'était pas bien. Il toussait beaucoup, jusqu'à en cracher du sang. Le jeune prince se sentait coupable de ne pas avoir plus insisté pour savoir ce qu'il avait...

Après l’annonce de leur père, ils comptaient profiter des derniers instants auprès de lui. Les deux frères faisaient leur possible pour ne pas montrer leur peine à leur père. Ils ne voulaient pas l’attrister encore plus, ce qui était très compliqué. Cette attention fit chaud au coeur du souverain.

***

Quelques jours plus tard, comme le médecin l'avait annoncé, le roi mourut pendant la nuit, causant beaucoup de tristesse aux deux princes, mais aussi à tout le royaume. 

Les obsèques se déroulèrent le jour même. Le peuple fut très attristé par le décès de leur roi, craignant davantage les décisions des deux fils. 

— Cher Père, nous sommes tous là aujourd'hui, ta famille, ton peuple, nous qui t'avons suffisamment connu pour apprécier l'étendue de ta personnalité et de ta bonté. Nous sommes là pour te dire au revoir. Tu pars avant nous. Comment te quitter sans pleurer, sans regretter le père aimant, un roi généreux, que tu as toujours été ? Mais nous gardons ton rire, ta bonne humeur et ta gentillesse pour toujours au fond de notre cœur. Repose en paix, cher Père. 

Après le discours du futur roi Maël, tout le monde repartit à ses occupations, sauf les deux princes qui préféraient rester encore un instant près de la tombe de leur défunt père.