Chapitre 1

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Je suis debout, droite comme un piquet, devant la grille en fer peinte avec une teinte de vert qui ne me plait pas. Je n'ose pas entrer, tout est si différent. Les collégiens qui s'embrassent dans les ruelles exiguës à deux pas de l'établissement, les filles maquillées et le fait que même si elles ont des cheveux longs, elles les portent détachés. Cela me fait un choc, je me sens étrangère en mon propre pays. Cela ne m'avait pas choqué lors de la visite de l'établissement, évidemment aucun élève n'était présent.

Je me décide finalement et je franchis le portail. Les pulsations de mon cœur sont rapides et mes mains sont moites. J'ai vraiment peur, mais je continue d'avancer. Le bâtiment apparaît enfin sur ma droite, il n'a pas changé depuis la semaine dernière. Il est de forme rectangulaire, en béton décrépi. Je me demande comment il tient encore debout. J'ai l'impression que même le plus petit coup de vent pourrait le faire s'effondrer.

Je passe dans la cour de récréation avant de m'introduire dans le bâtiment. Sous le préau, des rangées de casiers sont alignées contre les murs. Ils ne sont pas encore cadenassés. Je me dirige vers l'accueil, c'est une petite salle mal éclairée et pourvue d'une seule fenêtre. Et visiblement, il n'y a personne. Je suis pourtant sûre que c'est ici.

-Euh... Il y a quelqu'un ?

Pas de réponse. J'attends un peu et je décide de sortir mais quand je m'apprête à sortir la dame de l'accueil arrive enfin. En retard, et dès le premier jour, quelque chose d'inimaginable au Japon. Elle est petite et assez mince, elle a les cheveux coupés courts et bouclés d'une façon désordonnée. Elle porte une énorme paire de lunettes qui semble dater du siècle dernier. Elle s'installe à son bureau, et sans même me dire bonjour, me lance d'une manière désobligée :

- C'est pour quoi ?
- Bonjour, dis-je en appuyant fortement sur ce mot.
Elle fait la moue.
- Je suis nouvelle et je dois signer des papiers, mais je ne sais pas où aller.
- Je n'en sais rien moi! Va plutôt au secrétariat! Crie-t-elle comme si je l'avais agressée.

Je me retourne et sors de la pièce sans lui dire au revoir, ni la remercier. Je suis tellement énervée par sa désagréabilité que je claque la porte ne sortant.

Je vais finalement au secrétariat, ruminant toujours ma colère. Je frappe à la porte. Une grande dame l'ouvre. Ses longs cheveux blonds tombent en cascade sur ses épaules, elle sourit dévoilant des dents parfaitement alignées et d'une blancheur éclatante. Ses immenses yeux bleus me rappellent l'océan.

- Bonjour, c'est pour quoi?
- Je suis nouvelle et je dois signer des papiers.
Son visage devient pensif puis s'éclaire d'un sourire.
- Ah! Tu es Céleste, la fille transférée d'un collège japonais. Je t'en pris entre.

J'entre dans la pièce, elle me fait signer quelques papiers provenant de mon ancienne école mais aussi de mon nouvel établissement. Puis, elle me questionne:
- Tu sais dans quelle classe tu es ?
J'acquiesce et je réponds.
- Oui, le directeur m'a expliqué que j'étais intégrée dans la classe comprenant une section européenne. Car j'ai vécu deux ans aux États-Unis et que je parle couramment anglais.
- Ah d'accord. Tu peux y aller, merci d'être passée pour les papiers.
- Je vous en prie.

Je sors de la pièce et me dirige vers le préau qui, à cette heure, est bondé. Je choisis donc de sortir. C'est d'ailleurs à ce moment là que je remarque les listes de classe. Je cherche la mienne parmi les autres. Je la trouve finalement, je fais partie de la 3ème Euro aussi appelée 3ème G.

La sonnerie retentit, interrompant mes pensées. Je me dirige vers le rang de ma nouvelle classe, il est au fond de la cour, à côté des arbres. Je regarde dès mon arrivée les regards qui se posent sur moi. Dans les rangs, la classe semble déjà divisée en trois groupes. Un composé uniquement de garçons, d'ailleurs il y en a très peu dans la classe. Ils ne me portent aucune attention, et ce n'est pas plus mal. Le deuxième groupe est constitué d'environ huit filles qui semblent plutôt timides et réservées. Finalement, le dernier qui a l'air d'être formé de filles populaires et accaparées par leur apparence. D'ailleurs, elles me dévisagent indiscrètement avant de parler entre elles. Après quelques minutes qui me semblèrent des heures, une femme arriva. Elle est de taille moyenne et assez trapue. Ses cheveux noirs de jais contrastent avec sa veste rouge vif. Elle nous fait signe de la suivre, nous commençons donc à marcher. Nous montons deux étages et nous arrêtons devant une salle dont le numéro est indiqué sur une petite planche brinquebalante. C'est la salle deux cent six. Elle ouvre la porte et entre dans la salle, nous la suivons. Elle me fait signe de ne pas m'asseoir, je tête donc debout à côté d'elle. Quand tout le monde est finalement assis, elle prend la parole.

- Voici une nouvelle élève qui va intégrer votre classe qui est la même que l'année dernière.
Elle se tourne vers moi et me dit d'une voix sèche et autoritaire :
- Présente toi.

Mon uniforme marinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant