Chapitre 2

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Je n'ai pas envie de me présenter. Je sens les yeux inquisiteurs de mes camarades se poser sur moi, j'entends aussi leurs chuchotements indiscrets. Et je déteste cela, je déteste être le centre de l'attention Avant de me présenter, je balaye la salle du regard. Les yeux se posent sur un garçon plutôt grand. Il est assis d'un façon décontractée et ses yeux verts émeraude contrastent avec sa chevelure d'un noir intense. Je le trouve plutôt beau et attirant. Il me regarde aussi mais avec un regard curieux possédant une once de sensualité. Je me force à détourner les yeux et commence mon monologue.

- Je m'appelle Céleste et j'ai quatorze ans. J'ai vécu deux ans aux États-Unis et un peu plus de trois ans au Japon. Mes parents possèdent un cabinet d'architecture assez réputé c'est pour cela que nous voyageons beaucoup. Et je crois que c'est tout, je n'ai plus rien à dire.

- Tu peux aller t'asseoir alors... Me dit la professeur.

Je cherche des yeux une table vide et heureusement j'en trouve une. Mais elle est au premier rang. Nous sommes sûrement un nombre impaire d'élèves car à part moi tout le monde est assis avec quelqu'un.

Ensuite, la professeur se présenta comme notre professeur principale mais aussi de maths. Elle nous distribua des tonnes de documents qu'il fallait remplir pour le lendemain et la cloche sonna finalement. Elle sonna ma libération, enfin une libération de seulement quinze minutes. Le temps de la pause.

Je sortis de la classe et à peine arrivée dehors, deux filles m'abordent.
- Salut. Je m'appelle Juliette et voici Maria.
- Salut. Lui répondis-je.
- Tu as vraiment vécu aux États-Unis?
-Oui.
- C'est trop classe!!
La conversation continua jusqu'à ce que la cloche sonne. Elles étaient gentilles, enfin plutôt elle, vu qu'il n'y en a qu'une qui parlait, mais pas très intéressantes. Ou alors elles ne savaient pas s'y prendre avec les gens.

L'heure restante de la matinée, nous avons français. Nous avons donc rencontré notre professeur et nous avons pu rentrer chez nous. J'étais heureuse que la rentrée se tienne le mercredi car cela m'empêchait de rester toute la journée au collège.

La route du retour fut rapide. Quand j'arrivai dans ma rue, je remarquai que mes parents n'étaient pas rentrés car leurs voitures n'étaient pas là.

Je rentre donc dans la maison vide et silencieuse. Je me déchausse et pose mon sac contre le mur. J'enlève mon manteau et je l'accroche. Je regarde l'heure, il est onze heure et demie. Maman sera probablement là pour le déjeuner, du moins c'est ce que j'espère. Je monte dans ma chambre. Et je me laisse tomber sur le lit moelleux.

Le Japon me manque, mes amies me manquent, mon ancien collège me manque. Des larmes commencent à couler sur mes joues, j'ai envie de les appeler mais avec le décalage horaire ce n'est pas une bonne idée. Je décide d'écouter de la musique. Je me lève et utilise mon enceinte Bluetooth.

Je m'assoie sur la chaise près de la fenêtre. La musique fait remonter de nombreux souvenirs à la surface et au lieu de calmer mes larmes, elle les amplifie. Je repense à toutes les sorties que j'ai faites, aux matsuri, et à tous les bons moments passés à l'école. Quelques minutes après, mes larmes se stoppent. Et la musique m'aide finalement à me détendre et à penser à autre chose.

La chanson suivante est une chanson d'amour. Le garçon au regard de braise de ce matin me revient en tête. Je ne connais pas son prénom mais quelque chose m'attirait chez lui. Devrais-je lui parler? Je ne sais pas. Je suis hésitante. Je n'ai jamais ressenti ce genre de sensation.

J'entends une porte claquer, interrompant mes réflexions.
- Céleste, tu es là! Cria ma mère.
- Oui j'arrive!
Je descendis les escaliers rapidement. Je n'étais plus seule, la solitude était enfin partie. J'allai pouvoir parler avec quelqu'un. Ma mère prit la parole.
- Je n'ai pas beaucoup de temps ça te va des sandwiches?
- Oui. Dis-je.

Elle part dans la cuisine et je l'entends ouvrir le frigo. Je la rejoins. Puis, elle fait notre repas du midi et nous mangeons. Je pensais qu'elle allait me demander comment ma rentrée s'était déroulée. Mais je me voilais la face. Penser, ne serait-ce qu'une seconde, à quelqu'un d'autre qu'elle même lui est impossible. Elle parla pendant tout le repas de son travail. Je ne l'écoutait pas, je préférais me concentrer sur le bruit des voitures qui passaient devant la maison et sur mon bon repas.

Enfin, le repas se termina et elle repartit à son cabinet. Et moi je passai le reste de ma journée à flâner dans la maison vide et silencieuse attendant que mes parents reviennent. Mais, ils avaient un travail important et me dire de ne pas les attendre. Je partis donc me coucher seule et me sentant oubliée.

La matinée du lendemain se déroula normalement, je commençais les cours à dix heures. J'eus le temps de me préparer et de me détendre. Les deux heures de cours qui suivirent ne furent pas grandement intéressantes. Chaque professeur se présentait et présentait sa matière de façon barbante et répétitive. Puis le repas de midi arriva.

Je m'installe à une table seule. La cantine est plongée dans un brouhaha continuel et elle est imprégnée d'une odeur de nourriture industrielle. Je commence à manger quand une fille s'avance vers moi. Elle a de longs cheveux blonds et des yeux d'un gris profond. Elle s'arrête juste devant moi. Je ne sais pas si je suis sensée lui parler ou si elle va engager la conversation. Je la regarde dans les yeux quelques secondes, puis elle ouvre la bouche. Je me sens soulagée de ne pas avoir à l'aborder car je ne sais pas trop de quoi lui parler.
- Si tu veux, tu peux manger avec nous.
Elle me montre une table du doigt et dit de façon enthousiaste.
- La table est là-bas.
Pendant une fraction de seconde, je ne sais pas quoi dire. Je suis plutôt contente qu'elle m'ait abordé car grâce à elle, je n'aurai pas à manger seule.
- D'accord je viens. Répondis-je d'une voix légèrement timide.

Nous allons vers la table. Elle me montre une chaise et je m'y assoie. Je souris aux autres filles et leur fais un signe de tête. Elle se présente chacune leur tour, en tout elles sont quatre, en comptant la fille qui m'a abordée. Son prénom est Julia. Ses amies s'appellent Amélie, Delphine et Elena. Elena engage la conversation :

-Dit, ça fait quoi d'avoir vécu à l'étranger aussi longtemps et d'être revenue en France ? Ses yeux gris pétillent de curiosité.

-Euh... C'est plutôt bizarre. En fait, je me sens un peu comme une étrangère voire un extraterrestre ici.

Elle acquiesce, puis c'est au tour de Delphine de me questionner.

-Ah, mais pourquoi te sens tu comme une extraterrestre ?

-C'est que tous les gens de la classe me dévisagent et me toisent. C'est plutôt désagréable en fait...

Elle fait la moue et semble désolée. Je lui souris.

-Mais en tout cas, merci de me laisser manger avec vous.

-De rien. En plus, depuis la rentrée je disais aux filles que tu avais l'air sympa. Rétorque Julia avec un sourire dévoilant un appareil dentaire. D'ailleurs, ici de nombreux adolescents en portent, contrairement au Japon.

Puis, nous continuons à discuter de tout et de rien. Jusqu'à ce que je remarque que le garçon d'hier est assis à deux tables de nous. Je tape sur l'épaule de Julia qui est juste à côté de moi.

-Comment s'appelle-t-il ? Lui demandais-je en montrant le garçon d'un signe de tête.

-Oh lui... C'est Matthieu. Il est sympa mais fait attention car si tu vas ne serait-ce que lui parler, Océane, qui est amoureuse de lui, va répliquer et te faire vivre un enfer.

-Mais lui, est-ce qu'il l'aime ?

-Personne ne sait, personne n'arrive vraiment à le comprendre. C'est un peu comme si il avait un face cachée. Me dit-elle en croquant dans sa pâtisserie.

-Ah ok... dis-je.

Après avoir fini le repas, nous prenons nos plateaux et nous nous levons. Je m'apprête à me diriger vers l'endroit où il faut les poser quand quelqu'un me pousse violemment. Je tombe à terre, lâchant mon plateau dans la chute. Mon bras va heurter une chaise et un éclair de douleur remonte jusque dans mon épaule. Mon assiette se fracasse au sol dans un bruit violent. Je relève ma tête quand je vois une main se tendre vers moi.

-Ca va ? Je suis vraiment désolé. Me dit-il avec un air inquiet qui le rend plutôt mignon.

Mon uniforme marinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant