L'étranger au tatouage nous réveilla aux premières lueurs du jour.
Après avoir emballé le peu d'équipement dont nous disposions, il nous aida, comme il l'avait dit, à nous diriger hors de la zone et à passer à travers quelques créatures éparses. Visiblement, le conflit s'était étendu bien au-delà de ce que nous avions imaginé, et la situation était bien pire que ce que nous pensions. Le soleil était levé derrière nous et nous avions pu nous glisser jusqu'à une rue, très passante en temps normal.
Des voitures étaient encastrées dans des vitrines. Des papiers, des gravas et des morceaux de verre jonchaient le sol. Des barrages étaient arrachés ou pulvérisés sur les trottoirs. Des lampadaires penchaient sur le côté. Les façades des immeubles étaient figées, les fenêtres semblaient inoccupées. Des restes d'enseignes lumineuses pendaient des murs. Un hélicoptère était même en travers de la route, sans personne à son bord. Un corbeau se délectait d'un sachet éventré de viande séchée par terre. Aucun signe de vie. Le tout dans un silence des plus lourds. C'était flippant.
Le groupe était sur ses gardes, à se fier à cet inconnu qui en avait désormais pris la tête. L'étranger n'inspirait pas totalement confiance et les autres maintenaient du coup leurs distances. Personne ne savait trop dans quel bourbier nous étions tombés. Il leur fallait se canaliser et garder le plus possible la tête froide.
Plus sûre d'elle, Jessie était investie de sa mission de protection envers les autres, mais pour le moment, l'inconnu semblait être le seul à comprendre ce qui se passait. Elle le suivait, en attendant de voir la tournure que prendraient les évènements. Je l'épaulai à maintenir le groupe un minimum unifié ; en effet, rester ensemble constituait nos meilleures chances de nous en sortir. J'avais servi en Syrie et j'avais de l'entraînement. Tous mes sens étaient en éveil et nous devrions faire avec le groupe que nous avions à charge pour garder notre objectif en tête et mettre au maximum à profit les capacités de chacun.
Nous arrivions à un croisement. Un bus avait fini sa course dans la devanture de ce qui ressemblait à une ancienne épicerie. Le regard des autres était unanime, il nous fallait de l'eau et de la nourriture. Jessie et moi nous étions mis à couvert en silence derrière une poubelle, tandis que l'étranger était resté plus loin pour surveiller. Le reste du groupe était entré sans bruit dans l'épicerie pour nous chercher de quoi manger.
Sauf un.
James, en s'accroupissant, avait trébuché sur une boîte de conserve. Elle avait glissé sur le trottoir, dans un long roulis métallique, jusqu'à cogner un poteau électrique. Sans tomber, heureusement, James avait malgré tout attiré l'attention de la créature à la bouche en sang qui nous avait entendus à vingt mètres de là. Elle leva le nez...mais ne semblait pas nous avoir vu.
Ouf ! J'expirai par le nez de soulagement.
Les minutes s'écoulèrent silencieusement à un train de sénateur. Jessie et moi gardions nos positions fermement en attendant que les autres reviennent.
Tout à coup, ils étaient tous ressortis en fuyant de la boutique et nous avait tous rejoints derrière la poubelle. L'œil pointé sur la porte d'entrée, nous guettions qu'aucune créature ne sorte vivante de cette épicerie...mais rien ne venait.
L'un d'entre eux avait dû se montrer un peu trop excité à l'idée de chercher de la nourriture et le groupe avait dû de nouveau attirer l'attention sur lui.
James s'était en effet beaucoup agité dans la boutique. En fouillant frénétiquement dans les étalages, il avait heurté un chariot qui avait buté les rayonnages d'en face. Un silence, puis un grognement avait surgi dans l'allée du magasin.
Nous aurions tous pu y passer, mais par chance nous n'étions pas suivis. Il fallait maintenant nous relever et continuer à avancer, le soleil prenait déjà de la hauteur.
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Your shadow ends / Mort comme mort peut l'être ***12 PREMIERS CHAPITRES***
HorrorIls ont déferlé sur les grandes villes et tout décimé sur leur passage. Ils nous ont traqués et réduit à quelques colonies limitées à une seule chose : la survie. La loi du plus fort a vu s'élever des tyrans. J'ai fait des choses terribles. Et on...