2-La fuite vous rendra libre

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Anne s'appelait désormais Anne Shirley Cuthbert. Shirley Cuthbert

Elle aurai aimé faire la réflexion que, de toute évidence, Shirley-Cuthbert étaient de charmants noms qui allaient très bien ensembles. Et qu'elle ne pouvait pas rêver mieux que ces noms-là. Quoique, elle avait toujours rêvé de s'appeler Anne Shirley Montmorency. Et, si il était possible de choisir son nom de famille, le prénom aussi était un choix. Pouvait-on écrire Cordélia sur le registre d'adoption, ou Pénélope ? Même si Anne avec un e se révélait être un prénom de caractère, mais si il était juste possible d'ajouter un de ces deux-là....

Étonnement, Anne ne prononça aucun de ces mots. Elle gardait les lèvres pincées et bien closes depuis que le panneau de l'orphelinat avait été en vue. Et c'est tout naturellement qu'elle s'arrêta net, refusant de passer le portail.

Marila Cuthbert soupira.

« -Quoi, qu'il y a-t-il encore ? demanda-t-elle, l'air exaspéré. Nous devons juste faire signer la directrice et c'est fini après Anne... Le trajet a été suffisamment long et nous devons encore...

Elle se tut quand elle vit que Anne ne l'écoutait pas. Les yeux vides, pleins de larmes, elle fixait la grille comme si cette dernière marquait la fin de sa vie terrestre.

Matthew Cuthbert posa une main sur l'épaule de la rouquine et murmura :

-Eh bien, Anne n'est pas obligé d'y aller à ce qu'il me semble, non ? Si elle souhaite, elle peut rester à la carriole, nous ne prendrons pas beaucoup de temps.

La fillette stoppa sa contemplation et adressa un sourire mouillé à son père adoptif, incapable de parler. Marila failli lui tapoter l'épaule mais se ravisa, et entraîna son frère à sa suite.

-Très bien, nous serons de retour dans une demi-heure jeune fille ! Ne t'avise surtout pas de t'éloigner ! marmonna-t-elle de sa voix bourrue.

Et l'éclat de reconnaissance dans les yeux d'Anne valurent tous les remerciements possibles et imaginables.

Elle regarda les Cuthbert s'éloigner petit à petit, et remonta dans la carriole. Le vent soufflait et la journée était sombre, ce qui allait bien avec l'ambiance du lieu.

-La princesse Cordélia fixait son ancienne prison... murmura Anne. Plus jamais ses geôliers ne la maltraiteraient, elle était désormais libre. Il ne lui restait qu'à gagner la reconnaissance de ses nouveaux sujets, mais la déesse de la Nature la protégeait. Grâce à son sceptre magique, elle peut réaliser les miracles qui sont cachés à l'intérieur des cœurs des gens... Son but est de rendre le monde plus beau, et plus juste...

Elle s'imagina avec des cheveux auburn, flottants au vent. Elle portait une longue robe blanche, avec des manches bouffantes comme elle en rêvait. Elle descendit de la carriole et saisit une branche de chêne par terre. Son sceptre à la main, elle était désormais invincible. La Princesse Cordélia alla flatter la tête de sa jument préférée et elle resta un moment à la caresser. Naturellement, Cordélia était admirée des chevaux. Comme de tous les animaux d'ailleurs.

Belle remua la tête contre les cheveux d'Anne, ce qui la poussa à regarder autour d'elle. Perdue dans son monde, elle n'avait pas vu qu'une autre carriole venait d'arriver.

La Princesse Cordélia frémit en voyant descendre une femme au ventre si proéminent et au visage si rougeaud qu'on pensait immédiatement en la voyant qu'elle était soit enceinte, soit obèse. De son double menton elle toisa Cordélia. Il s'agissait de la Reine de Wasposie, une souveraine cruelle et méprisante pour son peuple. A ses côtés, apparut un homme, probablement le roi. Son air blasé faisait se demander ce qu'il faisait au côté d'une femme aussi ambitieuse, mais quand il tira quelque chose de la carriole, Cordélia comprit qu'il n'avait rien à envier à sa femme. La chose en question tomba sur le sol en gémissant.

Le Bonheur au pas de la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant