Marila Cuthbert sortit un moment de sa cuisine pour échapper aux piaillements et aux cris de ces enfants. Étonnement, même si Diana était une inconnue pour la petite Sophie, la jeune Barry l'avait étreint avec tant de naturel que les présentations n'avaient pas besoin d'être faîtes.
Arrivée sur le porche de la maison elle s'accouda à la petite rambarde et haussa un sourcil devant son frère.
-Alors, commença-t-elle, qu'as-tu donc encore fait, Matthew Cuthbert ?
Ce dernier haussa les épaules, l'air ravi du petit garçon pris en train de chiper de la confiture.
-Rien à dire. Je l'ai trouvé, toute seule, et c'est dangereux pour une petite fille de rester seule. J'ai juste eu à regarder autour de moi pour vérifier qu'il y'avait personne, et je l'ai aidé à grimper sur la carriole. Oh, elle s'est pas faite prier !
-Et tu t'es trouvé par hasard pas loin de là où elle se cachait ? Me prends-tu pour une imbécile Matthew ? tança Marila.
Mais le sourire de son frère ne fit que s'agrandir devant le ton faussement sévère de sa sœur. Il la connaissait, air dur mais bon cœur. A sa mine de papier mâché depuis l'adoption officielle d'Anne, il devinait que la fille n'avait pas quitté ses pensées.
-Ce qui est fait est fait, murmura Matthew. Et d'ailleurs, j'ai bien vu ce que tu tramais toi aussi dans ton coin...
Devant la mine offusquée de sa sœur, il poursuivit :
-Je sais que tu as préparé, au-cas-où des papiers d'adoption. Ne me mens pas, je les ai vus ce matin. Avoue, tu souhaitai que je la trouve, ou qu'elle nous trouve...
Marila leva les yeux vers le ciel qui commençait à s'assombrir.
-Je vais dire à Diana qu'il ne faut pas qu'elle tarde, je ne tiens pas à ce que sa mère alerte l'île entière parce qu'elle s'inquiète.
Elle marqua une pause, et conclu :
-Dieu, dans quoi nous sommes nous fourrés Matthew ?
Elle n'attendait pas de réponses et n'en eut pas.
Les filles étaient assises sur le banc, et Anne aurait pu dire pour décrire le tableau qu'elles formaient : que la scène étaient empreinte d'une félicité et d'une joie infinie, et elle aurait continué en disant que le bonheur faisait pétiller leurs cœurs comme une boisson de champagne –qu'elle n'avait jamais eu le plaisir de goûter mais bien sûr elle pouvait l'imaginer comme si elle en avait bu à chaque repas de sa vie. Mais il y avait tellement de choses à dire ! Elle se disputait la parole avec Diana pour avoir l'honneur d'intégrer son amie dans ce qui commençait à être sa vie.
-C'est alors que je me suis enfuie, comme toi devant l'orphelinat ! J'ai couru, couru, jusqu'à ce que mes jambes cèdent sous mon poids et que le noir désespoir envahisse mon âme...
-Je te présenterai à nos amies, oh, et à tout Avonlea ! Tu verras comme nous serons bien, nous sommes un trio d'âmes sœurs désormais !
-Et quand Marila et Matthew m'ont adopté, nous avons bu un verre de liqueur de... Framboise ? Fraise ? Oh, ça n'a pas d'importance, c'était délicieux, mais Marila préfère que je n'en prenne pas l'habitude, mais Matthew m'a resservi un verre discrètement. Certes j'aurai préféré que nous scellions notre union en faisait un pacte de sang, mais Marila n'a pas trouvé mon idée bonne, enfin je suppose que c'est tout de même valide et...
Au milieu de leurs pépiements incessants, la fille du milieu posa soudain sa tête dans ses mains et commença à pleurer. Les deux autres s'arrêtent aussitôt, choquées.
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Le Bonheur au pas de la porte
FanfictionLe monde d'Anne Shirley Cuthbert était bien plus beau que le nôtre, pour la simple et bonne raison qu'elle se contentait de prendre les aspects les plus fantastiques du nôtre, et de les améliorer. Elle seule savait comment décrire une chose belle, t...