Fiction OrelxGringe - Aurél.

Partie 1 - Le carton abandonné.

Guillaume était en train de monter les escaliers de son immeuble, les mains bien enfoncées dans les poches de sa veste et la tête baissée en direction de ses pieds, son visage dissimulé sous la capuche de son sweat noir. Aujourd'hui avait été une journée particulièrement pénible et il n'avait qu'une seule envie : se retrouver chez lui tranquille, prendre une bonne douche chaude, et se glisser dans son lit. Fermer les yeux et ne se réveiller que le lendemain matin, en ayant oublié avec un peu de chance le désastre qu'avait été cette journée. Premièrement, il avait perdu son boulot chez Wondercash. Boulot que lui avait trouvé son pote de longue date Claude qui y travaillait aussi et à qui il aurait sans aucun doute des comptes à rendre pour lui expliquer la situation. C'était simple : ce boulot n'était pas fait pour lui et il glandait beaucoup trop au goût de son patron. Puis, cerise sur le gâteau, lorsqu'il avait rejoint sa copine chez elle après s'être fait viré, espérant ainsi lui faire une surprise, il l'avait retrouvée au lit avec un inconnu. Il était resté un moment muet sous la surprise avant que Clara ne lui crie de sortir de la chambre sur le champ. Il était donc resté bien cinq minutes comme un con à attendre sans savoir quoi faire dans le salon avant que Clara ne daigne le rejoindre une fois qu'elle se fut un minimum rhabillée. Sa copine lui avait alors demandé ce qu'il faisait là, après lui avoir dit que c'était la première fois qu'elle se laissait aller ainsi, et il lui avait répondu qu'il avait seulement souhaité lui faire une surprise vu qu'il était sortit plus tôt du travail.

« Pour une surprise, c'est réussi, hein...! avait ricané Clara. Pourquoi t'es sorti aussi tôt ?

— Je me suis fait viré. Ils veulent plus de moi là-bas.

— Super. Un seul boulot, Guillaume. C'était trop demandé ? T'as pas été capable d'en garder un seul depuis que je te connais ! »

Guillaume s'était alors repris, se demandant pourquoi il était celui qui se faisait engueuler alors que c'était elle qui avait été prise en flagrant délit d'infidélité. Puis il s'était demandé avec surprise pourquoi il n'arrivait même pas à être en colère contre elle. Est-ce qu'il pensait qu'il le méritait ? Que c'était le karma ? En fait, il s'était fait la réflexion soudaine, il s'en foutait complètement. Il était un peu blessé dans son égo mais pas plus que ça. Il avait alors poussé un long soupire et avait tourné les talons, faisant un rapide geste de la main par-dessus son épaule à l'intention de Clara.

« Où c'est que tu vas ? On a pas fini de discuter, Guillaume !

— Plus tard. Là, je veux juste rentrer chez moi. Amusez-vous bien. »

Il avait claqué la porte de l'appartement de sa petite copine et était resté quelques secondes immobile devant cette dernière. Juste pour voir si Clara allait essayer de le rattraper. Mais non. Elle en avait rien à faire de lui. Comme tout le monde au final. Lui-même s'en foutait de lui, alors les autres... Une grande lassitude s'était alors immiscée en lui et il avait pris le chemin de son petit appartement, à vingt minutes à pieds. Dormir, c'est tout ce qu'il voulait pour le moment. Dormir et réussir à oublier tous ses problèmes, ne serait-ce qu'un instant.

***

Guillaume fronça les sourcils en apercevant un carton devant le pas de sa porte en arrivant à son étage. Il marqua un arrêt bref, tournant la tête de gauche à droite pour voir si quelqu'un d'autre que lui était présent dans le couloir, et s'approcha prudemment du carton en s'apercevant qu'il était complètement seul.

« Qu'est-ce que c'est que ce bordel encore... marmonna-t-il dans sa barbe en enlevant ses mains de ses poches alors qu'il se dirigeait vers le carton sur le pas de sa porte. J'ai rien commandé que je me rappelle... »

En approchant de la boîte, il fut surpris d'entendre ce qu'il lui semblait être des petits miaulements étouffés et il fronça les sourcils, redoublant de confusion.

« Putain, me dites pas... » marmonna-t-il de nouveau en s'accroupissant pour pouvoir ouvrir le carton sans se faire mal au dos.

Il ouvrit ce dernier précautionneusement et écarquilla les yeux de surprise en tombant nez à nez avec, recroquevillé au fond de la boîte, un petit chat noir. Ce dernier poussa un petit miaulement apeuré lorsque la lumière du jour se réverbéra sur lui et Guillaume vit ses prunelles s'assombrir en une seconde. Il poussa un profond soupire et se laissa tomber dos à sa porte, une vague de frustration le submergeant alors. Un chaton abandonné, il ne manquait plus que ça pour parfaire sa journée.