Partie 5 - Le petit-déjeuner.

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« Voilà... Allez, encore un pas... C'est bien, Aurél. »

Guillaume marchait à reculons en direction de la cuisine, tenant dans ses mains celles du plus jeune. Comme il s'en était douté, apprendre à marcher à Aurél ce n'était pas du tout comparable au fait d'apprendre à marcher à un enfant. Non, le plus jeune apprenait tellement plus vite et il espérait que ce serait pareil pour toutes les autres choses aussi qu'il tenterait de lui apprendre. Il avait seulement à lui montrer, l'accompagner, et Aurél se contenterait de l'imiter tout en comprenant et assimilant inconsciemment les rouages de ce que c'était qu'être humain. Lorsqu'il avait refermé ses doigts par-dessus ses mains un peu plus tôt dans la chambre afin de bien le tenir, Aurél avait sursauté, ne s'attendant sûrement pas à ce qu'il emprisonne ainsi ses mains, et avait reculé brusquement sous la surprise. Guillaume l'avait rattrapé avant qu'il ne tombe par terre et avait plongé son regard dans le sien afin de le remettre en confiance. Tout va bien, Aurél. C'est pour t'aider que je fais ça, pour t'accompagner. Tu comprends ? Je vais t'apprendre à marcher. Aurél lui avait lancé un regard hésitant et quand il avait reprit ses mains dans les siennes quelques secondes à peine plus tard, celui-ci s'était laissé faire sans plus sursauter. Il avait mis quelques temps à lui faire comprendre que s'il voulait marcher, il devait avancer une jambe après l'autre tout en restant debout, mais lorsqu'Aurél avait compris la mécanique, ce dernier avait semblé prendre un peu d'assurance bien qu'il ne l'avait pas lâché une seule seconde. Pas la première fois. Peut-être après mais pas tout de suite. Guillaume fit un pas de plus en direction de la chaise sur laquelle il voulait faire s'asseoir Aurél et lorsque ce dernier fit un pas en avant à son tour, il hocha la tête.

« C'est ici. Tu peux t'asseoir. » dit-il en amenant le plus jeune à se tourner légèrement et à se baisser de sorte à ce que ses cuisses entrèrent rapidement en contact avec la chaise.

Aurél resta un instant immobile avant de se tourner vers lui et de lui offrir un petit sourire fatigué. Guillaume sentit son palpitant rater un battement en voyant cette expression adorable sur le visage du plus jeune et se dit qu'en effet, comme marcher n'était pas quelque chose qu'il avait l'habitude de faire auparavant, ou en tout cas pas de cette manière-là, le simple fait d'avoir traversé la distance qui séparait sa chambre et sa cuisine, même avec son aide, devait être épuisant pour lui.

« Repose-toi. Je vais te chercher de quoi petit-déjeuner. » dit-il en tournant les talons pour se diriger vers son frigidaire presque complètement vide.

Qu'est-ce qu'il pouvait lui donner qu'il aimerait à coup sûr ? Qu'est-ce que les chats aimaient ? Il aperçut une bouteille de lait dans le compartiment intérieur et sourit d'un air satisfait. Bingo. Il allait se diriger vers la table pour déposer la bouteille quand il s'arrêta dans son élan et se dirigea vers son placard pour y prendre du cacao. Il prit aussi une banane dans le panier sur le plan de travail et alla déposer son butin sur la table devant le plus jeune. Celui-ci lui jeta un petit regard hésitant après avoir regardé ce qu'il avait ramené et Guillaume lui montra la bouteille de lait.

« Le lait. Tu aimes ça non, Aurél ? Les chats aiment le lait. »

Aurél hocha la tête d'un air hésitant et il lui sourit doucement.

« Les humains boivent souvent du chocolat au lait au petit-déjeuner. C'est un mélange avec du cacao. C'est du chocolat en poudre. Les enfants adorent ça. Je vais te faire goûter, tu vas voir. »

Il reprit la bouteille et le cacao et alla préparer un bol qu'il mit au micro-onde avant de ramener le breuvage au plus jeune. Il l'empêcha de toucher le bol lorsque le plus jeune baissa la tête vers ce dernier et Guillaume secoua la tête. Il prit le bol dans ses mains pour lui montrer et souffla doucement sur le breuvage pour refroidir le lait et éviter qu'il ne se brûle avant de rapprocher le bol de ses lèvres pour boire une gorgée de chocolat chaud. Quand il redéposa le bol sur la table après un moment, Aurél attendit quelques secondes pour prendre le bol dans ses mains comme il venait de lui montrer et souffla à son tour dessus après lui avoir jeté un petit regard incertain.

« C'est bien, Aurél. Il faut souffler sur le lait si c'est trop chaud. Pour pas se brûler. Tu comprends ? »

Aurél hocha la tête de nouveau et Guillaume sourit d'un air attendri au plus jeune. Adorable. C'était vraiment le bon mot pour le qualifier, oui. Il regarda attentivement le plus jeune approcher le bol doucement de ses lèvres et ouvrir légèrement ces dernières d'un air hésitant pour boire à son tour une gorgée du liquide. Il l'observa boire goulument le bol dans son entièreté et se mit à rire lorsqu'Aurél baissa le bol pour le poser sur la table, un grand sourire rassasié sur les lèvres et une trace de chocolat sur sa lèvre supérieure. Guillaume se mordit fortement l'intérieur de la bouche pour ne pas rigoler mais échoua et rit doucement avant de passer un pouce par-dessus cette dernière afin d'essuyer la trace de lait présente au-dessus de sa lèvre. Il sentit le plus jeune se tendre un instant au contact bien qu'il ne fit pas un geste pour se reculer et lorsqu'il se rendit compte de son geste déplacé, Guillaume lui offrit un petit sourire désolé en lui montrant son pouce sur lequel gouttait du lait. Aurél écarquilla alors les yeux et il le vit porter sa propre main à ses lèvres afin de s'essuyer la bouche machinalement, essayant ainsi d'imiter le geste qu'il avait fait sur ses lèvres.

« C'est bon, Aurél, rit-il doucement. T'as plus rien maintenant. »

Le plus jeune s'arrêta pour l'observer attentivement puis hocha la tête avant d'enlever sa main de sa bouche. Guillaume loucha un instant sur cette dernière avant de se reprendre et de secouer la tête.

« Je vois que tu as bien aimé le chocolat chaud. T'en veux un deuxième ? »

Aurél hocha la tête et il sourit avant de prendre le bol à présent vide et de se diriger vers le plan de travail pour lui en préparer un autre. C'est alors qu'il entendit un petit éternuement dans son dos et il se figea en plein élan avant de se retourner vers Aurél. Il le vit froncer les sourcils et une seconde plus tard, celui-ci éternua à nouveau plus violemment cette fois. Guillaume posa le bol sur le plan de travail et se précipita vers Aurél qui était sur le point d'éternuer une troisième fois. Il s'assit à ses côtés sur sa chaise et lui lança un regard confus.

« Ça va, Aurél...? Est-ce que tu éternues juste ou... »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le plus jeune éternua à nouveau en fermant les yeux cette fois-ci et il le regarda d'un air inquiet en voyant ses joues se mettre à rougir petit à petit. Le plus jeune rouvrit les yeux et lui lança un regard mi-fatigué mi-paniqué, ce qui le fit paniquer à son tour sans trop savoir pourquoi.

« Ça te fait mal ? Ça te pique quelque part ? demanda-t-il précipitamment et en le voyant porter une main à son nez et se mettre à se le frotter, Guillaume ne put se retenir de pousser un juron. Merde... Bon, viens avec moi. Je vais appeler un médecin, on sait jamais. »

Il se leva et aida Aurél à se lever en passant un bras autour de sa taille et l'amena dans le salon pour le faire s'asseoir sur le canapé. Il alla ensuite chercher son portable dans sa chambre rapidement pour revenir le plus vite possible auprès d'Aurél et chercha dans ses contacts le numéro de son médecin. Il s'assit près du plus jeune au moment où ce dernier se mettait à éternuer pour la quatrième fois et il l'attira à lui dans un geste un peu inconscient, l'amenant à reposer sa tête sur son épaule.

« T'inquiète, Aurél. Tout va bien se passer, je vais bien m'occuper de toi... »

Il l'entendit renifler contre lui et eut l'impression d'entendre un petit sanglot à travers ce reniflement. Guillaume s'insulta de tous les noms en levant les yeux au ciel, priant pour que son médecin réponde le plus vite possible. Il était inquiet, même s'il était persuadé que ça devait être trois fois rien.

Fiction OrelxGringe - Aurél.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant