Partie 4 - Un petit pas.

295 18 9
                                    

« Tu peux te lever ? » demanda Guillaume au bout de longues minutes, les yeux toujours rivés sur Aurél qui, lui, regardait avec attention son collier qui était à présent bien plus un bracelet, ainsi mis autour de son poignet.

Celui-ci releva le visage en l'entendant lui adresser la parole et il le vit lui lancer un regard surpris.

« T'as absolument rien compris d'absolument tout ce que je t'ai dit auparavant, n'est-ce pas ? » dit-il d'un air las et le chaton — enfin Aurél, se reprit-il — lui lança un regard perdu.

Guillaume poussa un profond soupire de découragement et se leva, les yeux du garçon ne le lâchant pas une seule seconde. Il fit un geste de la main pour lui demander d'en faire de même et Aurél fronça les sourcils un instant avant de tourner la tête de gauche à droite, semblant essayer de trouver quelque chose sur laquelle il pourrait peut-être s'appuyer, avant de le regarder à nouveau d'un air déboussolé.

« Tu sais pas comment te lever ? dit Guillaume en essayant de traduire le message qu'il lui semblait lire dans le regard paniqué du garçon toujours au sol. Donne-moi la main. »

Aurél regarda d'un air confus la main qu'il lui tendit et Guillaume prit sur lui pour ne pas pousser un autre soupire exaspéré pour la énième fois de la matinée. C'était un chat, après tout. C'était normal qu'il soit perdu... Non. Non. En quoi est-ce que c'était normal ? Rien de tout ça n'était normal, bordel. Il attrapa alors la main droite du garçon de la sienne et l'amena à se lever en le tirant de toutes ses forces. Il le vit écarquiller les yeux d'un air mi-surpris mi-paniqué et quand il fut debout, Guillaume le vit vaciller sur ses jambes, ne réussissant pas à garder l'équilibre et à rester debout.

« A-Attend... dit-il alors en le retenant par la taille pour l'empêcher de retomber au sol, bien qu'Aurél ne pouvait pas le comprendre, et il se rendit soudain compte que ce dernier était encore complètement nu en sentant sa peau entrer en contact avec son tee-shirt de pyjama. Il faut... Il faut que tu t'habilles... »

Aurél lui lança un regard paniqué, semblant incapable de tenir droit par lui-même, et Guillaume l'amena à s'asseoir sur le bord de son lit alors qu'Aurél vint s'accrocher de toutes ses forces à son tee-shirt.

« Aurél... Lâche-moi maintenant... C'est bon, t'es sur le lit, tu peux pas tomber par terre... »

Aurél ne le lâcha pas pour autant et Guillaume posa délicatement sa main sur une des siennes. Le garçon releva instantanément le visage au contact et Guillaume lui sourit d'un air qu'il espérait bienveillant en venant attraper sa main.

« C'est bon... Tu peux me lâcher maintenant... T'es d'accord ? »

Aurél plongea son regard légèrement effrayé dans le sien et Guillaume le sentit relâcher légèrement sa prise sur son tee-shirt, lui permettant d'enlever sa main lui-même.

« Je vais chercher de quoi t'habiller dans mon armoire, expliqua Guillaume en ne détournant pas le regard du sien pour essayer de le mettre en confiance. Quel âge tu peux avoir, Aurél...? demanda-t-il plus à lui-même que pour avoir une vraie réponse de sa part. Dix-sept ? Dix-huit ? Après tout on s'en fout, hein ? Tu es un peu plus petit que moi, d'une tête... Je dirais... Il doit bien me rester d'anciennes fringues à moi qui ne me vont plus à présent, bouge pas. »

Il tourna les talons et se dirigea vers son armoire, afin d'aller chercher des vêtements qui pourraient être à la taille du plus jeune. Il attrapa un tee-shirt noir à lui qu'il n'avait pas mis depuis bien cinq ans avec le logo du groupe Guns N' Roses sur le devant et jeta un regard à Aurél par-dessus son épaule pour voir ce qu'il faisait. Ce dernier le regardait d'un air attentif, une expression soucieuse sur le visage, et Guillaume esquissa un petit sourire triste dans sa direction. Allez savoir ce qu'il se passait dans son esprit en ce moment-même. À quoi pouvait bien penser un chat qui se retrouve dans la peau d'un humain soudainement ? Aucune putain d'idée. Mais ce qui était sûr c'est qu'il devait être complètement déboussolé et qu'il allait devoir être très patient avec lui. Parce qu'étrangement, alors que la veille il lui avait immédiatement dit qu'il ne pouvait pas s'occuper de lui et qu'il allait l'amener à la SPA dès que possible, là c'était différent. Il ne se voyait pas le lâcher en pleine nature dans cet état. Bizarrement, il commençait à ressentir un sentiment de responsabilité envers lui. Alors que bien sûr, il le savait, il n'avait pas à se sentir responsable. Après tout, ça faisait même pas 24h qu'il le connaissait. Mais c'était plus fort que lui. Il attrapa rapidement un jogging gris qu'il ne se rappelait pas avoir déjà mis un jour et il se dit que ce dernier devait lui aller trop petit s'il ne le mettait jamais. Il amena les vêtements sur le lit et Aurél tourna la tête vers celui-ci pour regarder d'un air incertain les habits qu'il avait ramené avant que Guillaume ne pousse un juron dans sa barbe.

Fiction OrelxGringe - Aurél.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant