I-

22 1 0
                                    


Bonjour à vous chers proches.

Si vous lisez ces écrits, cela signifie que mes cendres ont été répandues au dessus d'une falaise et que vous avez abusivement festoyés en ma mémoire.

Maintenant, j'aimerais vous inviter à explorer attentivement chacune de mes phrases, jusqu'au terme de mon propos. Rassurez-vous, je ne serai pas long.

Je vais vous relater maintenant l'histoire d'un jeune homme de 20 ans qui, bien que prédestiné à de glorieux accomplissements dans la vie des vivants, décida de se suicider, lâchement dirait-on.
C'est aussi l'histoire d'un voyage que l'homme a si souvent rêvé d'effectuer, mais qu'il a toujours tant craint car dit-on, c'est un voyage sans retour.

Mais qu'en est-il concrètement ?

Concrètement, il n'en est rien.
Il n'en est que de fantasques spéculations sorties tout droit des méninges de quelques hommes, en quête de réponses à tout prix, mauvaises ou bonnes.

En réalité, nul ne sait si mourir n'est-il pas véritablement commencer à vivre, ou même s'il s'agit simplement d'une phase incarnatoire.

Je m'etais si souvent posé ces questions. À un tel point que j'avais cessé de les énoncer publiquement, de crainte de trop irriter mes parents, fervents adeptes de l'idéologie contemporaine.

Un soir, alors que je parvenais à peine à trouver le sommeil, suite à une longue séance d'anxiété, je vis un homme, parfaitement visible dans le noir obscur de ma chambre. C'était un rêve, me disais-je alors. L'homme était jeune, on aurait dit qu'il avait mon âge. Pourtant, il portait au bas de son menton une très longue barbe, marque de longues années d'expérience.

L'interloquant individu ne dit point de mot, mais il me semblait pourtant qu'il s'adressait à moi. À mesure qu'il me regardait fixement droit dans les yeux, une voix étrangère surgissait de nul part au beau milieu de mes neurones.
L'étranger disait "Veux-tu être le premier ? Veux-tu être le pionnier ? Montre leur la voie".

J'étais alors complètement abasourdi, mais à mesure que je pensais, il me semble que mes pensées lui parvenaient. Je pensais alors, mais de quelle voie parle-t-il ? Mais qui est-il ?
Et lui répondait "la voie de l'inexploré, la voie du nouveau monde. Je suis celui qui est, depuis que l'homme est. Je suis égyptien, je suis grecque, je suis romain, je suis italien et même français, indien et encore oriental. Je suis toi, je suis ton monde, aussi longtemps que les hommes existeront, je serai ! "

Je pensais alors, que dois-je faire ?
Et l'homme me répondait simultanément," libère-toi de la servitude qui afflige tes frères et soeur, et rejoins le monde de ceux qui ont traversé la tempête".

L'homme ne pouvait s'empêcher de s'exprimer en paraboles, et peut-être pensait-il, à raison d'ailleurs que je le comprendrais.
Sur ces dernières paroles, l'entité disparue au milieu de la nuit, me laissant seul et éveillé, au milieu de l'obscurité. Je réalisai alors qu'il ne s'agissait point d'un rêve, mais plutôt d'une véritable apparition, d'une authentique prophétie.

Tout incrédule que j'etais, je voulus d'abord refouler cette pensée, attribuant rapidement ce phénomène à mon récent surmenage et à mes crises d'angoisse répétées. Mais très vite, je déchantai lorsque l'homme surnaturel revint une seconde fois, me passer le même message.

C'était il y a 09 mois.
J'avais alors 19 ans, et j'étais passionné de culture et d'art. Je faisais mes premiers balbutiements dans l'univers de l'écriture et déjà, je percevais la mort comme un mystère plus grand encore que celui de la vie.
Pourtant, son elucidation m'avait semblée jusqu'à lors bien hors de portée... Jusqu'à ces fameuses visites.

Je dois vous l'avouer, et peut-être est-ce pour cela que l'homme m'avait choisi, je commençai sérieusement à tout remettre en doute.
Très vite, je me separai de ma copine de l'époque, et m'adonnai à une étude profonde des plus illustres savants de notre ère.
Je m'oubliai dans la rivière de la connaissance et des vérité vraies, et il ne fallut que bien peu de temps avant que ma vie n'eut pâti et que mon entourage s'éloigna.

Mon unique consolation était l'héritage que je lèguerais à mes frères et sœurs après mon départ. Le gage d'une vérité transcendantale et la clé d'une nouvelle ère.

Je me fis l'ennemi de mes anciens amis, et le marginal d'une société décadente. Je devins aussi le book-emissaire de tout les malheurs de ma famille. À contre courant, je voguai durant huit mois de joies et de peines, de nostalgie et de melancolie.

Il y a donc de cela trois semaines, après avoir étudié la vie au sens le plus profond, je décidai de venir m'installer dans cette bâtisse campagnarde, éloignée des tumultes et de la pollution de la ville. Ce serait l'endroit privilégié où, une connaissance aussi grande que celle que je m'apprête à vous transmettre, ne ferait l'objet d'aucune impureté.

Je vais donc très exactement vous parler d'amour et de tristesse, de haine et de joie, afin que vous conveniez avec moi que rien ne coûte de se lancer vers la belle mystérieuse et inconnue, plutôt que de passer une matinée supplémentaire dans cette vie, si connue mais tant abhorrée.

Les dernières pensées d'un mort. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant