Alors que j'étais assis sur le trottoir un après-midi, chassé de la maison familiale à cause de mes opinions dicidentes, j'observai une situation qui me laisse encore à ce jour sans voix.
Une voiture, arrivée au carrefour à toute allure, percuta un enfant. Le bambin avait visiblement une dizaine d'années, ils trimballait durement un gros sac poubelle qu'il essayait tant bien que mal de déplacer, il était tout plein de crasse et avait l'air tout abîmé.
Le conducteur du véhicule, un homme rondouillet d'une cinquantaine d'années, visiblement aisé, se mit alors à crier avec véhémence "Dégage avec ta marchandise là, petit !", et les voitures derrière se mirent aussitôt à claxonner.
À ce moment, je me disais alors qu'il y avait toujours le policier qui se trouvait au niveau du feu. Lui, s'empara du vieux sac, qui visiblement avait beaucoup de valeur pour l'enfant. Il le balança dans les airs avec une telle violence que le sac alla s'écraser sur un arbre, à l'extrémité gauche de la voie. Le trafic se remit en marche, et le sordide conducteur s'en alla, impunément.L'enfant, quant à lui se précipita vers son précieux magot. Je m'aperçus alors que c'était un sac contenant de vieux objets de brocante : un fer à repasser à moitié rouillé, quelques casseroles et de la ferraille. Le sac plastique était en lambeaux, et les objets gravement accidentés, n'étaient plus que des bouts de métaux, à peine reconnaissables.
Le petit enfant, abattu, passa quelques minutes à bricoler un emballage de fortune, ramassa sa misère, et reprit timidement son chemin .Je compris alors que l'homme, par delà sa méchanceté, est ignorant et très souvent, frappé d'incapacité d'assimilation. Parfois, il apprend mais rares sont les fois où il assimile.
Si les hommes assimilaient les règles religieuses et sociales, l'espèce humaine serait le groupe de créatures les plus disciplinées de la nature, plus disciplinées encore que les abeilles ou les fourmis.
Nous pouvons donc toujours essayer d'apprendre, mes en réalité, nous savons très peu.
Le comble de ta bêtise homme, disait l'homme des songes, c'est de croire que tu peux enseigner ce que tu ne sais pas.
En effet, l'homme des songes m'a montré bien des fois à quel point, la vie que je pensais être mienne n'était en réalité que celle qu'on m'avait imposé, au service fidèle d'une civilisation.Pour cela mes chers proches, j'ai donc décidé de rejoindre l'autre vie. Là bas au moins, je n'aurai plus à vivre les malheurs de cette vie.
L'homme des songes, lui, n' était jamais très loin. Il répondait parfois lorsque je pensais mal, et arrosait constamment cette plante de connaissance en moi.
L'homme des songes avait certes une apparence humaine, mais pourtant, il présentait de nombreuses caractéristiques surhumaines.
D'abord, il m'apparaissait in-extremis à n'importe quelle heure, dès lors que mes questionnements lui semblaient contre-productifs. Ils semblait donc au dessus de la fatigue, et même du temps.
Ensuite, il était toujours vêtu de la même façon. Il arborait toujours ce même boubou du premier jour, et ni sa très longue barbe, ni ses longs cheveux n'avaient poussés ou même diminués.L'homme des songes semblait donc être un surhomme, au dessus des valeurs et besoins humains.
Je n'avais de cesse de l'observer. Il m'est arrivé des fois de vouloir lui ressembler mais j'essayais de ne pas y penser, puisque sinon il le saurait.Je savais que je ne pouvais devenir tel l'homme des songes. Je décidai alors de concentrer mes efforts de compréhension de la vie.
Du savoir, il n'est rien de certains.
Nous vivons dans une immensité physique ultra complexe dont nous ne saurons certainement jamais le secret, "l'Univers nous dépasse". Nous ne contrôlons ni notre passé, ni notre présent, ni notre avenir.
Nous, humains, ne sommes même pas capables de garantir que demain matin, nous serons éveillés. Une météorite pourrait s'abbattre sur nous au prochain crépuscule, et s'en serait fini de la Russie, des États-Unis et de la Chine. Ni les supers bombes à portée illimitées, ni les immeubles d'argent, ni les usines d'orient ne pourraient nous sauver. Là, est notre unique certitude.
La société humaine ne contrôle rien, même pas sa propre survie. Qu'entendons nous donc par détenir des savoirs si nous ne sommes maîtres de rien du tout ? C'est un non-sens.Par mouvement de causalité, nous ne pouvons donc raisonnablement pas enseigner.
Quelle école suivons-nous donc ?
Celle de la prétendue civilisation.
Ses principaux généraux sont connus de tous. On ne présente plus le puissant État et la très influente Religion.Un jour, alors que je visitais un temple, j'appercus un religieux de confession catholique entrain de prier.
C'était un homme d'âge médiant, qui dégageait une ora d'épanouissement et de contemplation. J'allai alors à sa rencontre et lorsqu'il eut terminé ses incantations, il se tourna vers moi.
Je lui demandai alors, "padre, croyez-vous vraiment que ce dieu que vous priez est le seul et l'unique ?", l'homme surpris, fit mine de sourire et rétorqua "bien évidemment". Là alors, je dis "Et qu'en est-il des hommes qui naissent dans l'Inde hindouiste, ou au moyen Orient musulman ? Ne prient-ils pas le bon dieu ? Le prêtre, décontenancé, pris un moment de recul, puis répondit " apparemment, non". Ma crainte s'avérait donc vrai. Je fis volte-face et m'engageai vers la sortie du temple. Au moment de franchir le seuil, je ressentis une ultime préoccupation. "Padre !!! Est-ce à dire que si vous n'étiez pas né dans un milieu chrétien, vous aussi vous adoreriez le mauvais dieu ?".
L'homme qui s'était remis en prière se releva soudainement, me fixa d'un regard outré, puis aboya "sortez de ce temple, et que Dieu vous pardonne !".Bizarrement, cette réponse me convenait. Elle était suffisante pour confirmer toutes mes suspicions.
Je sorti alors du lieu de culte, avec un air de libération.Je dois avant de partir vous parler de la pérennité et de l'héritage. Si vous me lisez en ce moment, vous détenez une bribe de l'énigme entre vos mains.
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Les dernières pensées d'un mort.
AventureLa mort est-elle peut-être plus sereine et plus panachée que la plus vécue des vies. Qui sait ? En ce jour, je me meurs plein d'enthousiasme. J'en sais assez sur cette société dégentée. Quant à vous qui pleurez ma disparition, considérez qu'il s'agi...