III - LE BIEN ET LE MAL .

7 0 0
                                    

Ce que l'on pense et pose comme acte, plaisant et qui ne nuit guère au prochain, voici en mon sens, ce qu'est le bien.
C'est pourquoi je devais m'éloigner de cette civilisation dégentée, où livres d'hommes dictent aux autres hommes les caractères d'un bien contraignant, asservissant.

Bois, fume, accouple toi en excès, du moment que cela te procure satisfaction et ne nuit point à ton prochain, me disais-je alors.
Mais je ne pouvais dire cela dans cette vie. C'est pourquoi j'ai décidé de faire entendre ma voix dans l'autre vie, si bonne fortune m'est donnée.
Le Bien se vit au quotidien, dans un repas, lors d'une activité sportive, pendant une séance de lecture. Le Bien, c'est aussi le partage souhaité, et désintéressé, le coup de main gratuit au passant qui vient de trébucher. Le Bien, c'est encore le regard compatissant, le partage d'émotions, bonnes ou mauvaises. Le Bien, cest aussi le geste de charité, la gratitude que l'on suscite, toujours sans pathos voilé, à l'endroit du prochain.
J'ai vu des hommes dans une profonde exaltation, après avoir reçus une petite pièce de monnaie.
En vérité je vous le dis mes chers proches, ce monde a besoin du Bien, si difficile soit-il à atteindre. En effet, le Bien constituerait la révolution ultime de l'homme, le paradis tant idéalisé : le Bien c'est le paradis.
Ce en quoi on s'accroche, un monde sans souffrance, sans attachement, sans rancune, sans déception, sans pleures, sans faim. Il y aurait de la nourriture pour tout le monde, les hommes marcheraient mains dans les mains. La violence s'enfuirait dans les confins les plus lointains, l'harmonie et l'hédonie entre les hommes  constitueraient un quotidien de vie irrésistible.
Hélas, avec un maximum de recul et beaucoup de franchise vis-à-vis de la société, je crains que ce ne soit pas possible.
Le paradis serait donc une utopie.

Le mal quant à lui, n'est rien d'autre que l'expression de nos désirs égoïstes. Là, l'homme trompe, colonise, endoctrine et tue au compte de son intérêt personnel. Voici ici le mal, dans toute sa nudité.

Malheureusement, les hommes de ma civilisation n'ont visiblement fait que du mal jusque là, si bien qu'on dirait que l'homme est profondément mauvais.

J'ai lu à travers les livres de la "civilisation", l'expression de la laideur de ce monde.
J'ai appris les usages constants de la violence par la religion, pour enseigner dieux aux hommes.
J'ai d'autant plus été choqué par les maltraitances entre hommes de couleurs différentes, sur la seule cause de la couleur de peau.
Les organisations criminelles et dominatrices religieuses se sont fortifiées, la bêtise des hommes a trouvé tout son sens dans l'Esclavage et les discriminations.

La dernière innovation du mal de l'homme, c'est une micro-organisation planétaire. Une véritable megacaps américaine, tant elle est basée sur l'intérêt et le profit. On l'appelle État.
Cette gangrène s'est malheureusement propagée partout dans ce monde, très souvent par le moyen de la colonisation et de la violence.
Dans ce groupuscule, des petits hommes appelés présidents organisent magouilles et massacres de masses, extorsions et menaces, administrations sadiques d'autres hommes, voilà donc ce qu'est l'État, une invention du mal !

L'homme des songes m'avait tant ouvert les yeux en si peu de temps.
Je m'étais imprégné des textes anciens. Du début de la civilisation égyptienne à l'origine de la croyance deïste avec le pharaon Toutankhamon.
Maintenant, je savais ce qu'il en était de la république, informé des civilisations grecque et romaine.

Les grecques étaient de farouches combattants, fiers. C'étaient aussi d'illustres penseurs, bien que formés par les savants égyptiens. À leur apogée, ils créèrent le principe républicain. La République est l'œuvre de pensées idéologiques et idéalistes de la société des hommes.
Presque trois millénaires après la République grecque, on observe les piteux vestiges de cette civilisation d'hommes désireux de donner le meilleur de leurs capacités physiques et intellectuelles.
La République a perdue toute sa splendeur, Elle est devenue État.
Dans l'État dans lequel vous demeurez mes chers proches, le mal règne en puissant monarque.

La République fut plus tard reprise par Rome. La République romaine, si célèbre ancienne maîtresse du monde.

À mesure que j'évoluais dans mes recherches, ma conviction s'était afermie. Je passais ainsi mon premier clair de lune dans cette cabane, au centre de la nature.

J'avais laissé babylone à mes détracteurs.

En vérité je vous le dis, faites le bien. Sachez d'avance que, un bien qui vous apporte désarroi ne peut être bien, bien qu'on vous ait si longtemps fait croire le contraire.

Banissez en revanche tout bien qui nuirait à votre prochain, car ce ne serait non plus un bien. Dans le cas contraire, suivez moi ! Rejoignez moi dans l'autre vie.
L'autre vie, dit l'homme des songes, c'est un monde qu'on ne peut décrire, tant il est riche. Mais pourquoi craignons-nous donc tant d'y parvenir ?

Peut-être, nous a-t-on fait croire qu'il y aurait un ultime tribunal, avec un juge impartial et incorruptible de l'autre côté. En vérité, jusqu'à preuve du contraire, il n'en est rien.

Bande de mauvais hommes, n'ayez donc guère de crainte, vous ne serez jugés pour vos crimes odieux de cette vie. Les hommes n'ont pas créé la vie, il n'y a donc point de tribunal dans l'autre vie.

Avant le choix de mon départ, j'avais pensé que je pourrais changer ce monde, l'homme des songes m'avait alors répondu "pourquoi réparer une paire de souliers toute amochée alors que tu peux en avoir une toute neuve. Cette société a virée vers la perdition il y a bien longtemps, ne perds guère ton temps, échappe toi".
La raison était alors revenue à moi.

Avant mon évasion, je tenais néanmoins à vous mettre en garde mes chers proches, sur les méfaits de ce monde.

Je me rappelle bien d'un thème qui m'a fortement tourmenté, alors que je me demandais encore si j'avais le droit de mourir. Je pensais alors, ai-je le droit de partir vers l'autre vie sans que Dieu ne me rappelle ? Dieu, que penserait-il de mon choix ? Serait-il accueillant lorsque j'ateindrai ce nouveau monde ? L'homme des songes, barbu, surgissait alors de nulle part, omniprésent. Il riait d'un rire sans fin et se tortillait, avant de répondre "Dieu, ou plutôt Allah, ou plutôt Bouddha, ou plutôt les ancêtres, ou plutôt le grand architecte de l'univers. Mais qui est-il véritablement ?
Ne te soucis point de ce qui te dépasse. Tu n'es pas encore assez grand pour voir dans les nuages,"homme".

Je ressentais alors ce besoin, ce desir incompressible de connaissance. Qu'en était-il véritablement de Dieu ?Et la religion, que pouvait-elle m'apprendre du créateur ?

Les dernières pensées d'un mort. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant