IV - QUESTIONNEMENT RELIGIEUX

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Dieu est bon. Disent-ils.

Mais alors, si Dieu est bon, pourquoi souffrons-nous ?
Pour laver les péchés commis par nos pères, disent-ils.

Mais alors, si nous venons à la vie afin de laver les péchés commis par nos pères ? En quoi, les enfants précocement nés lavent-ils ces fameux péchés ? Et les animaux alors ? Que font-ils dans le monde des vivants ? Ou alors, ne sont-ils pas aussi des créatures de Dieu ?
Et si nous sommes tous les enfants de Dieu, pourquoi vivons-nous tant d'injustices dans cette vie ? Ici, les barbares dominent.
Pourquoi Dieu, notre père, ne peut-il pas aléger notre souffrance lorsque les victimes d'épidémies et de catastrophes naturelles s'amassent dans les hôpitaux et que les enfants, à peine en âge de marcher, se nourrissent de déchets provenant des poubelles ?
Pourquoi des hommes venus sur la terre, purger une peine purificatrice meurent-ils par manque d'eau potable, ou même de fruit comestible ? Est-ce compréhensible ?
Veut-il toujours nous purifier ? Lui, père miséricordieux, omniprésent et  omnipotent.
Dieu connaît-il la justice ? Ou alors sa justice n'est pas la justice des hommes ? Et alors, en parfaites marionnettes, nous devrions continuer de nous incliner à ses pieds docilement, alors même qu'il applique sa justice inhumaine et invraisemblable sur les animaux de notre espèce ?
Ou peut-être, devrions nous déclarer la guerre à Dieu ?

À ce moment, je demeurais sans aucune réponse.
Ils ne disaient plus rien. Mes connaissances sur ce en quoi je croyais prenaient alors la forme d'un chantier en ruines, sans toiture ni porte.
Je devais savoir ce qu'il en était véritablement. L'homme des songes commençait à m'apparaître de jour. Comme un compagnon, il m'observait joyeusement, tandis que je creusais le chemin qu'il m'avait indiqué.

Alors que je vivais encore dans Babylone, je tombai un jour sur un livre dont je ne dirai pas le nom.
L'auteur s'attelait à proclamer la mort de Dieu. Et lui, apportait des réponses à mes questions. C'était un livre à cheval entre la science et la philologie.
Au terme de ma longue et rigoureuse lecture, je voyais alors si clairement, que même cachée derrière le soleil, la vérité était pour moi une évidence.

J'avais compris. Dieu est en chacun de nous. Nous lui donnons une valeur en fonction de notre éducation et peut-être à tord, nous essayons de lui attribuer des caractéristiques humaines. Dieu est bon, il est aussi généreux, et même miséricordieux dit-on, il pardonne tout et aime tous ses enfants.
Hélas, Dieu n'est pas un homme sinon, un esprit dans notre esprit. Il est ce en quoi nous croyons, sans jamais le connaître. En vérité je vous le dis mes chers proches, l'homme est libre. L'histoire n'a fait que dessiner, au fil des âges, une silhouette d'un dieu maladroit, qui aurait malancontreusement occasionné une vie, constituée de créatures et d'ensembles. Ce dieu, ou cette force, peu importe comment nous le qualifions, n'est rien d'autre qu'un point de départ. La science a aujourd'hui démontrée par la découverte de vestiges authentiques, le processus évolutif qu'à subit la vie depuis des millions d'années. L'homo sapiens sapiens n'est qu'une ultime mise à jour d'une créature, qui n'a pas toujours été douée de raison. L'homme n'est donc pas né à l'image d'un dieu, savant, profondément spirituel. La spiritualité n'est qu'une valeur de civilisation, tout comme l'école et la politique.
L'homme ne peut penser qu'à la spiritualité lorsqu'il étudie les perspectives d'un après vie. Là alors, débarrassé de son enveloppe physique, il pourrait alors entre espérer de vivre encore, sous une forme intelligible.

Pouvons nous donc encore dire ce que "Dieu" aime et ce qu'il n'aime pas ?

Et la religion, qu'en est-il véritablement ?
En vérité, je vous le dis mes chers proches, j'ai longuement cherché.
Trois mois passèrent depuis le début de mon investigation et une longue barbe était apparue sur mon menton, presque aussi longue que celle de l'homme des songes, mais je cherchais encore.

La religion, me semble-t-il n'est qu'humaine.
La finalité de la religion, c'est la définition d'un mode de vie aliéné pour tous les hommes. C'est une discipline de disciplines dont chacune, s'attele à mieux caricaturer un dieu humain, père aimant mais parfois rude. Grossomodo, c'est cela.
La religion tend à nous endoctriner, à un mode unique et dogmatique de rechercher un dieu, de le supplier et de le louer.

Il y a néanmoins quelques points positifs en la religion. Le maintien de l'ordre dans la société, grâce à un prétendu veto divin (intimidation que l'église brandit à l'endroit des "Thomas et des dubitatifs"), l'enseignement de valeurs qui, chez bien des hommes semblent avoir été annihilées.

En vérité, je vous le dis mes chers proches. Le mal n'est pas dans la religion, mais plutôt dans les hommes qui l'administrent. Cependant, la religion n'est qu'un fait de société, par lequel les hommes rendent gloire à leur dieu contemporain. Parce que oui, comme les égyptiens et les mayas construisaient des pyramides, nous construisons des temples et nous adorons des statuts, tout bons hommes de notre temps que nous sommes.

L'autre vie sera certainement moins asservissante car il n'y a rien de plus impérialiste que cette vie..

J'avais donc percé le mystère de la religion, et il ne me restait que bien peu d'incertitudes. Je pensais pourtant que l'enseignement de ces savoirs aux hommes illuminerait le monde. Quel rêveur étais-je !
À chacun de mes égarements, l'homme des songes ricanait, parfois tellement si fort que je n'étais plus en mesure d'accomplir une quelconque tâche.
Il répondait alors, que sais-tu du savoir ? Penses-tu, homme, pouvoir enseigner ton prochain ? Sur la base de quelles connaissances penses-tu pouvoir enseigner ?

Les dernières pensées d'un mort. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant