L'Ordre des Etoiles

Chapitre 28

Son rire me glace le sang. Elle dégage une aura plus noire que la nuit, et sa prestance me fait me sentir insignifiante.

Je me relève, et regarde le corps inanimé de Catala. Pourquoi a-t-elle fait ça ?

- Ne t'en fais pas, me dit-elle en s'approchant, elle n'a pas souffert. Une dague en plein cœur est fatale, même pour quelqu'un ayant vécu aussi longtemps qu'elle. Et puis il faut bien admettre que je ne rate jamais ma cible.

De sa main, elle renvoie ses cheveux en arrière. Se lancer des fleurs doit être un de ces passe-temps préféré. Elle tourne autour de moi, me détaillant sous toutes les coutures et en oubliant complètement le corps, sans vie, de la sorcière.

- C'est fou ce que tu lui ressembles ! dit-elle en attrapant une mèche de mes cheveux. Le même teint, les mêmes yeux avec cette éternelle lueur de défi, tu es son portrait craché. À part tes cheveux, ça tu les tiens de ton père.

Elle lance ma mèche et se dirige vers la fontaine. Je la suis, curieuse de connaître la femme qui menace ma vie. Je la regarde plonger ses doigts dans la fontaine, et caresser les nénuphars qui poussent sur l'eau.

- Je vois que tu sais beaucoup de choses sur ma famille.

- Oh oui, murmure-t-elle, plus que tu ne le penses. Mais je crois que tu connais aussi certaines choses sur moi.

- Oui, je sais que tu étais mortelle avant d'être envoyée en Enfer et que tu as tué des gens après la mort de ton mari. C'est pour ça que tu as été enfermée toutes ces années, mais tu as bien sûr réussi à t'échapper.

Elle relève des yeux rieurs sur moi, ce que je lui raconte à l'air de l'amuser.

- C'est un bon résumé, rétorque-t-elle, mais les livres ne racontent pas toujours la vérité.

- Très bien, alors c'est quoi la vérité ?

Elle sourit de plus belle et claque des doigts. Un nuage noir se matérialise derrière elle, et deux fauteuils rouges apparaissent. Elle se retourne et prend place dans l'un d'eux.

- Tu devrais t'asseoir, l'histoire risque d'être longue.

J'hésite, me méfiant plus que jamais d'elle. Elle soupire et me montre le fauteuil libre de la main.

- Mon ange. Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais fait depuis bien longtemps.

Elle n'a pas tort, mais ça ne me prouve rien du tout. Je m'approche lentement et m'assieds sur l'accoudoir du fauteuil, le plus éloigné d'elle. Elle croise les jambes et se tient droite dans son siège.

- La confiance n'est pas d'actualité, dit-elle avec un grand sourire.

- Tu viens de tuer une femme sans aucune raison, de ce fait je ne vois pas ce qui pourrait me mettre en confiance

Nya lance un petit regard vers le corps de Catala, mais elle reste stoïque comme si ce qu'elle avait fait n'été qu'un petit détail sans importance.

- J'avais des comptes à régler avec elle, dit-elle en balayant ma phrase de la main, de toute façon elle trouvera bien un moyen de revenir parmi nous. Les mauvaises herbes sont tenaces.

Elle est aussi belle que maléfique et elle ne semble ressentir aucune émotion, ni humanité. Quand je la regarde, j'ai l'impression d'avoir le diable en face de moi. Qui sait combien de personnes elle a tué, et de quoi elle est capable pour obtenir ce qu'elle veut. Je pense que rien ne peut l'arrêter, ni même égaler ce mal qui bouillonne en elle.

- Tu n'es pas sa fille par hasard, reprend-elle comme si rien n'était, j'ai l'impression de voir Alice quand je te regarde.

- Alice ?