Chapitre 48

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Je suis bloquée, avec trois femmes qui peuvent me transformer en un seul regard. Je suis bloquée.

Elles sont tout près de moi, m'encerclant certainement contre la barrière dans mon dos. Je garde les yeux fermés, me laissant guider par mes autres sens. Comment peut-on combattre quelqu'un que l'on ne peut pas regarder ? Je n'en sais rien, je n'ai pas été entraînée pour ça.

- Tu nous as bien eus, s'exclame Seyla avec amertume, grâce à toi, le loup a pu atteindre la porte. Mais malheureusement pour toi, ça a activé la barrière de protection et tu ne peux plus t'enfuir.

- Ces abrutis d'humains ne nous servent à rien, rétorque Dulce, même en étant transformés en lion.

Alors ces lions cuirassés étaient donc humains avant, je me demande comment ils ont fait pour arriver jusqu'ici et se laisser piéger par ses créatures.

Je me retourne, posant mes mains sur ce mur invisible. J'ouvre les yeux et vois les garçons, incapable de faire quoi que ce soit à part attendre. Dylan s'efforce de taper contre le mur, le teintant de son sang un peu plus à chaque coup.

Je remarque qu'ils peuvent regarder sans problème les trois femmes qui se trouvent derrière moi, la barrière doit aussi les protéger de leurs pouvoirs.

- Les lions, c'est vous qui les avez transformés ? demandé-je sans les regarder.

- Oui, répond doucement Méril, c'est ce que nous faisons à chaque fois qu'un humain pénètre ici.

- Pourquoi ?

- Pour nous nourrir, répond Dulce, et pour avoir le plaisir de voir leurs visages se transformer sous nos yeux. C'est tellement satisfaisant.

Elles sont à l'image de Nya : cruelles et sans aucune compassion pour les humains. Elles feraient de bonnes complices pour elle.

- C'est à cause de votre pouvoir que vous avez été enfermées ici, demandé-je afin de gagner du temps pour trouver une issue de secours, n'est-ce pas ?

- Oui, répond Méril, on est un peu trop incontrôlable.

- Pourtant ce n'était pas de notre faute, se plaint Seyla, ces humains étaient tellement ennuyants.

- Ennuyants à mourir ! complète Dulce. Et pas un pour rattraper l'autre dans ce village de mort ! Serpent, vautour, limace, on les a tous transformés.

- Sans oublier les lapins, se réjouit Seyla, on leur a tous coupé la tête.

Elles ricanent cruellement, sans aucun scrupule.

De l'autre côté du mur, je vois Dylan, le regard braqué sur moi. Il a arrêté de frapper le mur, mais ses mains sont encore recouvertes de sang, il me regarde comme si j'allais mourir sous ses yeux.

- Vous avez tué un village ? demandé-je.

- Ils l'avaient cherché, crache Dulce, c'est de leurs fautes si nous sommes comme ça.

- Ça remonte à plusieurs siècles. Notre mère était une simple humaine, reprend Méril, notre père un démon de bas étage. Nous sommes nées Gorgones, mais nous ne le savions pas. Quand notre père est parti, notre mère est devenue inconsolable et elle s'est laissée mourir. Nous nous sommes retrouvées toutes seules, abandonnées par le village qui nous voyait comme un mauvais présage.

- Et une nuit, complète Seyla, nous sommes rentrées à la maison comme à notre habitude, c'est là que des hommes nous ont coincées et ont tenté de...

Sa voix se charge de souffrance, Seyla semble être la plus jeune des trois sœurs et la plus fragile. Je n'ose imaginer ce que ces hommes ont tenté de leur faire, même si elles sont à moitié démon, elles n'en restaient pas moins des enfants.

L'Ordre des EtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant