Chapitre 14

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PDV Lucy

Il faisait sombre, terriblement sombre. J'avançais dans un couloir que je ne connaissais pas et j'étais seule, avec juste le bruit de mes pas comme seule compagnie. La gorge nouée, je guettais le moindre bruit, la moindre alerte qui aurait pu être donnée. Je m'étais infiltrée dans le bâtiment pour une raison précise, je devais retrouver Natsu. 

Tandis que j'avançais à tâtons, je crus reconnaître la porte de ma chambre, celle que je partageais avec Molly. Sans hésiter, j'entrais. La lumière de la lune filtrait à travers la fenêtre, m'offrant assez d'éclairage naturel pour apercevoir une forme dans le coin de la pièce. Sur mon lit, quelqu'un attendait. Je me sentais nerveuse et cette nervosité ne fit qu'augmenter à mesure que l'ombre s'approchait de moi. Plus la distance s'amenuisait, plus je pouvais discerner ses traits. 

Il ne me fallut pas longtemps pour reconnaître mon camarade aux cheveux roses. Ce dernier m'ouvrit ses bras dans lesquels je me précipitais sans me poser de questions. Ses bras étaient rassurants et, tandis qu'il m'enlaçait, je sentais ma respiration reprendre un rythme normal et mon corps se détendre. Nous ne disions rien, ni l'un ni l'autre, mais cela m'allait. Il me fallait juste quelques secondes ainsi, juste quelques instants où je ne devais penser à rien d'autre qu'à l'instant présent et en profiter.

J'enfouis ma tête au creux de son épaule tout en le serrant davantage. Cela faisait tellement longtemps que j'attendais de me retrouver seule avec lui. Il avait cette odeur si particulière qui m'apaisait. Je me sentais si bien contre lui. C'est pourquoi, quand il se mit à m'embrasser dans le cou, je ne bougeais pas, appréciant chaque instant de cette douce étreinte. Puis, il se pressa davantage contre mon corps et, soudain, il me repoussa brusquement. 

En un instant, je me retrouvais plaquée au mur. Je commençais à paniquer tandis que je sentais son souffle dans mon cou, ses mains s'affairant autour de ma taille à défaire les vêtements qui recouvraient ma peau. Le poids de son corps contre le mien était insoutenable, j'avais l'impression d'étouffer. Pourquoi Natsu se comportait-il ainsi ? Ce n'est pas comme ça que j'envisageais d'avoir une intimité avec lui, loin de là. C'est alors que ce dernier se pencha vers moi et me susurra "chut" d'une voix grave qui ne lui ressemblait pas. Dans un ultime effort, luttant contre la peur et son corps qui m'assaillaient, je parvins à faire volte-face et laissais échapper un hurlement strident.

J'ouvris instantanément les yeux, le cœur battant à tout rompre, terrorisée par ce rêve étrange mais non moins effrayant. Je mis quelques instants à me rendre compte que je n'étais pas dans ma chambre mais sur l'un des fauteuils qui ornaient les couloirs. Je me relevais avec peine, encore sous le choc de ce cauchemar. C'est lorsque je me demandais la raison de ma présence ici que tout me revint en mémoire. Tout comme dans ce songe affreux, je m'étais bel et bien faite agressée dans ce couloir et j'avais perdu connaissance. Prise soudainement de frissons, je m'entourais de mes bras, cherchant un réconfort que je ne trouverais certainement pas.

A travers la fenêtre, quelques rayons commençaient à percer. Je me repris, laissant de côté ma mésaventure pour le moment, du moins autant que je pouvais le faire, et me dirigeais vers ma chambre. Si Molly se rendait compte de mon absence, loyale comme elle est envers les dirigeantes de la secte, elle ne tarderait pas à en aviser Amy et cela n'augurait rien de bon pour moi ni pour ma mission.

A tâtons, je me faufilais dans la chambre. Ma colocataire dormait à poings fermés. Subrepticement, je me glissais dans mon lit, sans prendre la peine de me changer. Ce ne serait pas la première fois que les travaux de la journée m'auraient épuisée au point de m'endormir habillée. Je fermais les yeux, m'efforçant de ne penser à rien. Peine perdue. A peine les yeux clos, les sombres images de mon agression me revenaient en mémoire. Avant même que j'aie eu le temps de les en empêcher, mes yeux s'embuèrent de larmes qui roulèrent le long de mes joues. Je parvins à grand peine à retenir mes sanglots. Dorénavant, c'est ainsi que j'allais devoir vivre, avec le souvenir flou et brutal de ma première expérience intime. Tout comme dans mon rêve, le visage de mon agresseur était inexistant, seules existaient ses lèvres qui me murmuraient "chut", seule couleur d'un visage fait d'ombres.

Une surprise de taille (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant