Jour 1

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Elle sort de l'hôtel, ferme les yeux et respire l'air du matin bercé par un musicien jouant de son violon.
Cette respiration lui paraît lente. Lente, détendue et prometteuse.
D'un pas décidé, elle pose le pied sur la dernière marche du parvis.

Silencieuse.

Silencieuse, elle passe d'abord devant l'hôpital. Il est gris, actif, rien n'a changé. On y revoit les mêmes infirmières qui font sortir les mêmes malades. Elle ne se sent pas bien. Elle se rappelle du moment où elle a vu le jour. Encore maintenant elle a l'impression qu'elle n'était qu'une étrangère parmi les malades. Comme si elle déboulait dans une réalité dix fois plus dure que la sienne. Sa réalité n'est que bonheur en comparaison de celle des internés. Elle se rappelle de la naissance de son petit frère. Ce moment où une infirmière lui avait dit : « Faites moins de bruit ! Respectez et comprenez les malades jeune fille ! » Elle est en phase de dépression. Elle aimerait tellement qu'on la comprenne...

Puis, elle se retrouva nez à nez avec la maison de ses parents. Une vieille maison à colombages, une de celles qui dégagent un charme ancien et fier. Elle y a vécu ses premiers pas, ses premières paroles, ses premières embrouilles aussi...
Toujours dans le silence elle se remémora la fois où son père lui avait dit « Si tu n'est pas décidée à aller te coucher, je vais devoir t'attacher à ton lit ou t'interner !!! ». En repensant à l'hôpital qu'elle venait de voir, un petit rire nerveux lui échappa.
Elle rompait son silence jusqu'au moment où elle vit une pancarte « À vendre » sur une des fenêtres. Et qui plus est, sur la fenêtre de sa chambre.
Cette pancarte fut observée par son œil trois secondes à peine. Trois secondes qui paraissent courtes mais qui ont suffit à lui arracher une larme.

De retour à l'hôtel vers 15h Elle voulut plus de calme et de tranquillité. Elle avait passé la journée dans la ville bruyante. Même sa chambre vide lui paraissait trop mouvementée. Alors elle se souvint du bois où elle traînait avec son grand père. Elle se précipita en dehors de l'hôtel. Arrivé dans le bois, Elle s'assit et se laissa bercer par les bruits de la forêt sauvage. Elle se sentait euphorique. À tel point que lorsqu'elle entendit une branche craquer dix mètres plus loin elle s'y précipita et tomba dans un trou. De dix mètres de profondeur.

Quand elle se réveilla, Il se tenait devant elle, bras croisés. Elle avait mal, elle avait sûrement le bras cassé. Elle lui demanda qui il était.
Il répondit : « Ne m'appelle pas, tais-toi. »

Tais-toi et regardeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant