Le trottoir trempé glisse beaucoup. Il fait froid, je suis trempé et j'ai juste hâte de rentrer. En traversant la grande place, je manque de tomber en courant et décide de ne pas trop me presser. Il manquerai plus que je me ramasse dans la boue et cette journée serait de loin la pire.
Alors que j'arrive au bout de la place, un homme assez âgé accoudé à un arbre me fait signe.
- Hé petit... Lance-t-il d'une voix rauque.
Désolé mais non, là j'ai pas vraiment le temps. Je passe devant lui en lui faisant comprendre que je suis pressé. Et fatigué, je rajoute pour moi-même. En temps normal, je me serais sans doute arrêté, pour écouter ce qu'il a à dire. Mais actuellement, la pluie commence à s'infiltrer dans mes baskets.
- Hé, j'ai des trucs pour toi... Insiste le vieil homme dans mon dos.
Sa voix me glace le sang. Je comprends aussitôt qu'il faut que je rentre. Genre vite. Mon cœur commence à s'accélérer. Je me retourne pour voir si il me suit, et découvre avec effroi qu'il ne s'adressait absolument pas à moi. Il regarde avec des yeux perverts une petite sixième gênée, qui lui explique gentiment qu'elle doit y aller. Sans réfléchir, je me précipite vers elle, lui saisit les épaules et lance:
- Désolé sœurette mais là on doit vraiment partir hein, dit au revoir au monsieur, au revoir monsieur on y va viens petite sœur.
Et je la prends par la main pour l'entraîner avec moi dans la rue la plus proche. Essoufflé, je ne m'arrête que lorsque je suis sûr que nous sommes en sécurité. Elle me regarde avec un grand sourire.
- Merci beaucoup monsieur, moi c'est Océane, et toi ?
Sa voix posée m'interpelle un peu. Elle a l'air plutôt calme, même après avoir couru.
- Andrew, je marmonne, allez, tu veux que je te raccompagne chez toi ?
La petite baisse la tête, et sa capuche découvre de fins cheveux roux. Elle paraît gênée et toute triste, d'un coup.
- Qu'est ce que...?
Alors, elle lève ses beaux yeux bruns vers moi et me dit d'un air suppliant:
- S'il-vous-plaît, je veux pas rentrer chez moi, je peux venir avec toi ce soir ?
J'aimerais bien réfléchir, mais avec cette pluie, ça devient compliqué. Je me contente de lui demander si ses parents ne vont pas s'inquiéter.
- Mon père s'en fiche, si je lui dit que je vais chez une amie. Et ma mère est pas là...
Elle me fixe, larmoyante.
- Qu'est ce que... Pourquoi tu ne veux pas rentrer ?
Océane se jette immédiatement dans mes bras.
- J'aime pas mon père. Il est méchant avec moi. Des fois, il me laisse toute seule, et fois, il me tape...
Sa voix se brise. J'ai tout d'un coup très envie de la garder avec moi pour toujours. Je décide qu'elle va venir. De toute façon façon, il fait trop froid, et la maison la plus proche est la mienne.
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Océane parle beaucoup. Et très vite. En quelques minutes, j'apprend qu'elle fait de l'athlétisme, que sa couleur préférée est le vert et que les ponts, c'est trop swag. Enfin, d'après elle. Cette petite connaît pleins de mots compliqués à propos des ponts, et mon petit cerveau de limace insomniaque n'arrive pas à les retenir. Mais elle a au moins le mérite de me faire sourire. Elle m'explique ensuite qu'elle a un doudou qui s'appelle Serge, un doudou dragon vert et bleu.
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Sable
RomanceL'amour, c'est comme du sable. Ça s'infiltre partout, ça vole, ça colle et c'est chiant. Mais putain, qu'est ce que c'est beau. Je ne suis pas régulier. Mes chapitres sont courts. Ce livre sera peut-être un peu nul. Mais j...