Chapitre 10

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Ils étaient tous les deux assis sur le canapé le mieux conservé, enlacés l’un contre l’autre dans l‘appartement de Maybelle.

Elle était silencieuse, son regard était fixé sur la table basse et un silence pesant avait pris place dans la pièce.

Elle se leva finalement, frotta ses yeux rougis et gonflés par les larmes et esquissa un sourire.

Elle s’avança vers le tourne-disque et la voix rauque de la jeune Janis Joplin s’éleva :

« Pourquoi tu me l’avais pas dit ? Commença le garçon.

-Tu pensais que j’allais t’appeler un soir et te dire  ‘Tiens au fait, mon frère est mort au front y’a un an !’ ? 

-Peu importe la façon dont tu m’en aurais mit au courant.

-Y’a énormément de choses que tu sais pas sur moi et que t’es pas prêt de savoir. »

Il se leva alors : 

« Viens on sort.

-Comment ça ’on’ sort ? Je vais nul part moi. » 

Addison la fixa alors. Dans son regard elle tentait de se donner l’air d’être imposante. 

Il passa tout doucement sa main sur la joue de celle-ci et, sans qu’elle ai le temps de s’en rendre compte, il la fit basculer sur son épaule.

Il descendit les escaliers sous les rires et menaces de la fille, toujours sur son dos. 

La nuit était tombée et de nombreux groupes de jeunes personnes sortaient de chez eux pour aller faire la fête. 

Ils marchèrent quelques minutes avant d’arriver devant un bar plein avec une devanture ornée d’un néon bleu et vert disant : Barshot.

En passant la porte, main dans la main, ils furent absorbés par le monde et la musique qui résonnait dans la salle : 

« Addison Garner ! Qu’est ce que tu fais ici ?

-La même chose que toi crapule ! Je te présente Maybelle, Maybelle voici Billie.

-Enchanté belle princesse. Qu’est ce qu’une aussi jolie fille que toi fait avec un gars comme lui ? 

-Telle est la question ! » Répondit-elle en souriant.

Elle s’assit alors sur la banquette en cuir rouge pendant qu’Addison allait chercher des boissons.

Le dit Billie, un blond peroxydé aux racines marrons, aux yeux verts cernés, aux lèvres bleues et gercées et aux dents en désordre s’installa à côté d’elle, un verre de bière à la main : 

« Sans déconner, tu fais quoi avec un mec pareil ? Demanda-t-il en s’approchant de son oreille.

-Ca se pose pas comme question.

-Moi je peux poser toutes les questions, c’est moi le chef dans ce bar ma poule !

-C’est à toi tout ça ?

-Plus ou moins. »

Il passa son bras par-dessus l’épaule de la jeune fille. 

« Je peux te montrer des trucs super cools que personne d’autre ici ne peux voir tu sais !

-On verra peut-être plus tard, si tu veux bien. »

 Elle lui sourit, gênée, et se décala de quelques centimètres pour se dégager de son emprise.

D’autres personnes les rejoignirent dont une rousse nommée Mary-Jane qui s’assit juste à côté d’Addison sur les fauteuils en face.

Elle avait l’air très proche du jeune homme, leurs regards se croisaient, contenaient plus qu’une simple amitié, et cela déplaisait à Maybelle : 

« Sinon, Mary-Jane, dit Maybelle, ça fait quoi d’avoir le nom d’une drogue ? 

-Ca me représente, les garçons ne peuvent se passer de moi. Répondit-elle en jetant un sourire à son voisin.

-Ou peut-être que tu détruis leurs vies aussi…

-Tu crois que ton prénom de fermière du Texas a plus de classe ? »

Addison ne réagit pas, rigola et attrapa une cigarette qui tournait autour de la table.

Ses yeux rouges se fermèrent quand il tira dessus.

Il était près de deux heures et demi et la plupart des personnes autour de la table avait plus ou moins absorbé de substances. 

Billie avait de moins en moins de proximité avec la brune, son haleine puait l’alcool et, en voulant se rapprocher encore plus de la jeune fille il renversa son verre sur sa robe.  

Elle lui lança un regard menaçant, se leva, poussa une dizaine de personnes avant de pouvoir accéder aux toilettes, le seul endroit calme.

Elle poussa la porte des WC, ferma le verrou et s’appuya contre le lavabo.

Maybelle aimait faire la fête, elle aimait se réveiller dans des endroits incongrus avec les poches pleins de numéros de personnes qu’elle ne connaissait pas mais ce soir là, ça ne lui plaisait pas.

« Il m’a amenée ici alors que je voulais pas, il se fout minable sans penser à moi et il drague une pétasse… » souffla-t-elle à elle-même.

Elle essuya tant bien que mal sa robe en flanelle rose et, quand elle rouvrit la porte, tomba nez-à-nez avec Billie.

One is the loneliest number. TMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant