Chapitre 1

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Notre histoire commence dans la fraîcheur du mois de décembre. Les oiseaux ont migré vers le sud depuis déjà belle lurette et le froid a remplacé la chaleur quasi suffocante de l'été. Les arbres ont perdu leurs couleurs automnales pour laisser place à un décor féerique. La neige, tombée en début de saison, est restée se reposer sur leurs branches. Un tapis de neige recouvre déjà les pavés et le toit des maisons. Des bonhommes de neiges ont été construit un peu partout dans la ville par les enfants, ajoutant ainsi leurs touches personnelles.

Dans l'une des rues du quartier commerçant, une jeune femme marche en admirant ce décor des plus enchanteur. Elle aime beaucoup cette saison pour le spectacle qu'offre la nature chaque année, mais qui dit hiver, dit temps des fêtes et qui dit temps des fêtes, dit fêtes de Noël. Eh oui, comme tous les ans, sa famille organise une fête afin de célébrer cette période de l'année tous ensemble.

– Mais qu'est-ce qui m'a pris de leur dire que j'avais rencontré quelqu'un? ne put-elle s'empêcher de souffler.

Effectivement, bien qu'elle soit d'une beauté naturelle, elle n'a guère le temps de trouver celui qui fera battre son cœur, lui fera voir un millier d'étoiles ou qui lui donnera l'impression d'avoir mangé des papillons par centaine. De trouver l'amour avec le grand A quoi. En ayant assez d'entendre et de lire les moqueries de ses cousines, elle leur avait raconté un mensonge le mois dernier. Mensonge qui lui revient maintenant en plein visage puisqu'elle doit leur présenter le dit jeune homme à la soirée organisée pour Noël. Hors, comment présenter quelqu'un inventé de toute pièce? C'est pour ça qu'elle a horreur de mentir! Ça se retourne toujours contre elle.

Une bourrasque de vent glaciale vient lui fouetter le visage avec ses flocons d'un blanc pur. Cachant son nez et enfonçant un peu plus ses mains dans les poches de son manteau, elle presse le pas jusqu'au café du coin pour se prendre une boisson chaude. Elle se secoue légèrement afin de faire tomber les quelques flocons qui sont restés accrochés à son bonnet et à son manteau. Elle tape un grand coup au sol avec chacune de ses belle grandes bottes pour retirer la neige resté coincer en-dessous et elle se dirige vers la file d'attente pour commander. Elle n'est visiblement pas la seule à avoir eu cette idée puisque le café est bondé en cette saison.

Avançant lentement jusqu'au comptoir en regardant les divers clients, les diverses familles et les divers couples présents, un mince sourire nostalgique aux lèvres, la jeune femme, perdu dans ses pensées, ne remarque pas la caissière l'interpeller. C'est le client derrière elle qui lui tapote l'épaule pour la tirer de sa rêverie. S'excusant, elle passe sa commande rapidement, gêné d'avoir fait attendre tout le monde.

– Eh bien, serais-ce un homme qui vous fait réfléchir ainsi? lui demande sournoisement la caissière. Lucy, c'est bien ça? ajoute-t-elle, prête à écrire son nom sur le gobelet

– Si l'on veut, soupire la dite Lucy. Le mois dernier, j'ai dis à ma cousine que je fréquentais quelqu'un pour qu'elle me lâche la grappe. Ça a marché sauf que maintenant elle veut le rencontrer à la fête organisée ce week-end.

– Comme quoi ce n'est pas bien de mentir, rigole la demoiselle ce qui lui vaut un regard foudroyant.

– Ce n'est pas drôle... Mirajane, dit Lucy après avoir regardé le nom inscrit sur son badge. Maintenant, ce sera pire quand elle saura que je l'ai inventé. Je suis pathétique, se plaint-elle en lui tendant un billet pour payer.

– Il n'y aura que votre cousine à cette fête ou est-ce que toute ta famille sera là?

– Toute ma famille, répond Lucy, blasé.

Elle sait déjà que sa cousine l'a dit à ses parents qu'elle voyait quelqu'un, apparemment.

– Tu pourrais toujours lui dire que c'est trop récent pour que tu le ramènes avec toi.

– Hm, pas faux, mais... je me sens déjà assez mal de leur avoir menti, je ne vais pas en ajouter! Et puis, ma famille me connait, elle doit déjà se douter que ce n'est pas vrai. Je reste très évasive au sujet de...

Son portable émet une légère sonnerie, la coupant. Elle dépose son porte-monnaie sur le comptoir afin de fouiller dans son sac. Trouvant ce qu'elle cherchait, elle lit le message reçu et y répond d'une main.

– Excusez-moi, c'est le travail.

– Normal que vous ne rencontrez personne, lui dit la caissière, en lui tendant sa commande avec un sourire. Vous avez toujours votre téléphone à la main lorsque vous venez. Votre travail semble vous prendre énormément de temps.

Lucy lui fait une grimace, la faisant rire, et la salut avant de quitter le bâtiment. C'est vrai qu'elle travaille beaucoup, toute sa famille le lui dit et voilà qu'une inconnue le dit aussi. Mais bon, ce n'est pas comme si elle avait vraiment le choix. Une fois de retour à l'extérieur, elle reçoit un nouveau texto qu'elle lit en prenant une gorgée de son café, manquant de se brûler au passage.

Elle réfléchit à la meilleure façon de dire la vérité à sa cousine. L'idée de cette Mirajane n'est pas mauvaise. C'est vrai, qu'en dernier recours, elle pourrait toujours dire que c'est trop tôt pour présenter quelqu'un à sa famille alors qu'elle ne le connait pas vraiment elle même. D'après ce que sait sa cousine, ça fait à peine un mois que Lucy fréquenterait quelqu'un et c'est à peu près la seule information qu'elles étaient parvenus à soutirer. Au cas où elle aurait rencontré quelqu'un entre temps, Lucy a été assez maligne pour ne rien dévoiler sur ce fameux inconnu. Ainsi, ça l'empêche de s'emmêler les pinceaux dans ses bêtises. Avouons aussi que ça lui évite surtout d'avoir à inventer les dites bêtises. Bien sûr, elle pourrait toujours dire que ça n'a pas marché entre eux, mais sa famille va tout de suite s'imaginer qu'il a fuit en voyant qu'elle travaillait trop et la gronder pour ça.

Concentrée sur un nouveau texto, elle n'entend pas le jeune homme qui l'interpelle dans son dos. Il se met à courir pour la rejoindre avant qu'elle ne tourne le coin de la rue.

– Mademoiselle, dit-il en posant une main sur son épaule.

Lucy sursaute vivement en sentant cette poigne ferme. Elle en perd l'équilibre et glisse sur une plaque de glace dans un cri strident. Essayant d'empêcher la chute imminente, le jeune homme tente de la retenir, en vain. Lucy s'écrase durement sur le sol avant de crier de nouveau, le liquide bouillant de son café s'est répandu sur sa gorge et glisse maintenant à l'intérieur de son manteau, la brûlant au passage. Elle se penche vers l'avant, tentant d'empêcher sa chemise, imbibée de café brûlant, de lui toucher la peau, mais elle peu le sentir couler sur son torse. Prenant une poignée de neige, le jeune homme s'empresse de mettre la boule grossièrement formée sur la peau visible de son cou. Elle soupire de soulagement bien que sa poitrine la brûle toujours.

Le jeune homme devant elle, tenant toujours la neige contre son cou et son épaule de son autre main, se confond en excuse, n'ayant jamais eu l'intention de lui faire peur. Elle voit bien, malgré son air confus et désolé, qu'il se retient pour ne pas rire de cette situation. C'est finalement elle qui éclate de rire devant le mince sourire en coin qu'il essaie vainement de réprimer.

– J'ai décidément de plus en plus hâte que cette année se termine. Vraiment, elle n'aura pas été pour moi, lui dit-elle une fois son fou rire calmé.

– Ne vous en faites pas, vous n'êtes pas la seule, rigole-t-il à son tour en l'aidant à se relever.

Lucy époussette son manteau pour enlever la neige humide le trempant au niveau de son fessier. Relevant la tête vers la raison de sa chute, elle se retrouve avec son porte-monnaie sous le nez. Elle hausse les sourcils en se demandant comment il a fait pour tomber de son sac.

– Vous l'aviez laissé sur le comptoir du café.

– Oh! Désolée. Ce que je peux être tête en l'air. Merci de me l'avoir rapporté.

– J'ai, malgré moi, entendu ce que vous disiez avec Mirajane et je sais parfaitement ce que vous endurez, lui dit-il, toujours souriant. Je me suis mis dans la même situation.

– Eh bien, nous nous sommes mis dans un sacré pétrin, glousse-t-elle.

– Ça dépend. Je n'ai pas eu votre intelligence de dire que je ne faisais que fréquenter quelqu'un. Vous, au moins, vous vous êtes offerte une porte de sortie.

– C'est vrai, sourit Lucy. Alors disons que vous êtes plus à plaindre que moi.

Constatant que son gobelet de café s'est entièrement renversé et, ne voyant pas l'utilité de le garder, elle le jette à la poubelle après avoir remercié le jeune homme. Ce dernier, mal à l'aise de lui avoir fait perdre sa source de réconfort, lui offre le sien en spécifiant qu'il n'y a toujours pas touché. Elle n'a d'autre choix que d'accepter devant son insistance. Reprenant chacun leur route, elle vers son domicile pour changer de vêtement et lui vers le café pour s'en commander un nouveau, ils se plongent dans leurs souvenirs maladroit de cette année qui ne fût pas leur meilleur.

Cherchant une solution à son problème, Lucy réfléchit et réfléchit encore à une idée qui la sortirait de ce pétrin. L'envie d'utiliser l'excuse de Mirajane lui semble de plus en plus alléchante. Au moins, ça lui donnerait un peu de répit en plus de lui faire gagner du temps. Le soir venu, seule dans sa chambre, elle repense à sa journée. Plus précisément à sa rencontre fortuite avec le jeune homme se trouvant dans la même situation.

– Je me demande si Mira lui a aussi offert une solution, se demande-t-elle à voix haute, se retournant face au mur.

Soudain, l'illumination. Et si c'était lui sa fréquentation et elle sa copine? Ils pourraient se rendre mutuellement service. Encore faut-il qu'il soit d'accord ou même qu'elle le retrouve. Se tapant le front de ne pas y avoir pensé lorsqu'elle l'avait devant elle, elle se dit qu'avec un peu de chance elle le reverra peut-être au même café le lendemain. C'est sur cette idée folle, tentant de se convaincre elle-même d'inviter un pur inconnu, qu'elle s'endort.

Pris à leur propre jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant