𝐍𝐮𝐦𝐢𝐧𝐨𝐮𝐬 [terminée]

𝙳𝚒𝚕𝚎𝚖𝚖𝚎 𝚍'𝚞𝚗 𝚏𝚒𝚕𝚜 ?

      ~ And it's killing me, me to say "I'm fine," "I'm fine"

When I really mean, mean to say

You're my all and more
All I know you taught me, yeah
You're my all and more
But I need room to breathe, yeah ~

      Assis sur le siège du bus rapiécé, les yeux rivés sur l'écran qu'il tenait dans ses mains, Jungkook était incapable de se décider. Ses pouces en lévitation au dessus de la paroi de verre, les mots se succédaient sans se relier. Aucunes des formulations auxquelles il pouvait penser ne paraissait adéquate. Le sentiment de trahison lui tiraillait les entrailles. Son talon se mit à frapper le sol de plus en plus rapidement et il amena ses ongles à ses lèvres.

     Deux réflexions faisaient contrepoids, maintenaient une balance inexistante en équilibre. D'un côté, la sensation de culpabilité d'infliger cela. De l'autre, les souvenirs qui ravivaient en lui une envie de vengeance pourrie. Tel une roue recouverte par la rouille que l'on utiliserait tout de même.

       Mais les pupilles étincelantes du brun se formèrent dans son esprit. Malgré qu'il ait fait de son mieux pour ne pas en faire les frais durant leur dernière rencontre. En effet, il avait remarqué qu'une fois goûté, il lui était impossible de s'en défaire. De rompre ce contact plus fort qu'une poignée de main, de plus, il se sentait emprisonné et impuissant face à eux. Comme un enfant à qui les parents feraient la leçon. Et il le détestait. Cette sensation qu'il fuyait comme la peste.

      Mais c'était trop tard, remplit d'une motivation et d'une détermination, la balance pencha d'un côté de l'autre, avant de s'arrêter sur un.

Mais était-ce vraiment le bon ?

Qui était t'il pour juger ? Ses doigts s'activèrent. Avec l'habilité d'un chef étoilé et la vitesse d'une panthère.

      Il appuya finalement sur le bouton à l'extrémité de l'objet de ses angoisses, plongeant son visage dans la pénombre du véhicule. Laissant son crâne s'écraser sur le siège devant lui. Ignorant les saletés que pouvait bien contenir cette espèce de moquette sur laquelle était dessinés des formes abstraites. Rebondissant à cause de l'inégalité de la route. Exténué, il avait l'impression d'avoir couru un marathon.

"Je n'aime même pas courir". Pensa t'il pour lui même.

Une lumière éclaira à nouveau ses traits. Il relut ses mots, bien qu'ils tournaient en boucle dans son cerveau depuis qu'il l'avait éteint, tel un disque rayé.

[?]

Re

Excuse-moi de ne pas avoir répondu tout à l'heure, à vrai dire, tu m'as un peu pris au dépourvu...

[?]

Vendredi soir

[?]

Je n'ai pas besoin de te donner l'endroit je suppose ehe :)

Un dernier à-coup plus fort que les autres mit fin à ses considérations.

~•~

-- Pourquoi tu rentres si tard ?

-- Bonjour. Tenta t'il par dérision.

-- Je t'ai posé une question.

Son ton était catégorique. Plantée au milieu de l'entrée, les bras croisés, les lèvres pincées.

-- Je travaille maman, et tu sais bien comment est mon patron... Toujours à me faire faire des heures sup'... Souffla t'il, levant les yeux au ciel pour signifier que cela n'avait pas d'importance.

-- Tiens, c'est comique ça ! Elle lâcha ses bras le long de son corps dans un claquement voulu.

-- Quoi donc ? Jungkook fit mine de ne pas comprendre.

Mais il le savait, et cela ne fit que teinter ses joues de rose alors que la chaleur lui montait au visage, bien qu'il soit trempé jusqu'aux os.

-- Eh bien ton patron m'a justement appelé il y a de ça une-demie heure parce qu'il s'inquiétait de ne pas te voir et voulait savoir si tout allait bien... Qu'est ce que je pouvais bien lui répondre, hein ? Scanda t'elle. Sa voix se fit perçante et faisait mal aux tympans.

-- "Je ne sais pas, je ne sais pas où est mon fils !" Accompagné d'une gesticulation exagérée. Je me suis fait un sang d'encre Jeon Jungkook ! Alors j'aimerais au moins savoir... Savoir ce qui a pu te retenir de si important pour que tu n'en informe même pas ta mère. Elle insista sur le "si".

Ses yeux embués de larmes témoignaient de son inquiétude.

-- Maman... Glissa t'il, tentant de calmer ses nerfs. Aussi bien la colère qui lui tenaillait la gorge, que celle de sa mère.

-- Il n'y a pas de maman qui tienne, enfin Jun...

-- Maman ! L'interrompit t'il. C'était trop tard, tout allait sortir. Il regrettait déjà les mots qu'il allait prononcer.

-- Tu parles de toi, mais est-ce que tu t'es inquiété pour moi tout ce temps... Son regard vagabonda avant de rencontrer celui de sa mère, presque pour lui montrer toute la fureur qu'il contenait en lui depuis si longtemps. Toutes ces semaines où je me faisais discret parce que je savais que tu devais t'occuper de Min-Soo. Mais maintenant, maintenant ? S'esclaffa t'il. Rien n'a changé... J'étais stupide, stupide de penser que ça allait changer. Il n'y en a que pour lui ! Les seules fois où tu daignes m'adresser la parole, c'est pour me faire remarquer ce que je fais de travers. Tu dis que je suis ton fils, mais est-ce que tu le penses vraiment ?

Il savait qu'il était allé trop loin, lorsque sa mère était incapable de lui répondre.

-- Parce que c'est pas comme ça que je le perçois. Il ne voyait plus rien, les larmes lui obstruaient la vue. Est-ce que tu peux seulement citer le prénom d'un seul de mes amis ? Un seul.

Il marqua une pause, à bout de souffle.

-- Et ne me sors pas Jimin, ça fait des mois qu'on ne s'entend plus !

Sur ces mots, il lui passa à côté. L'ignorant. Il entendit la porte de la chambre de son frère se clore.

      Mais le poids qu'on lui avait enlevé de sa poitrine. Il avait l'impression de respirer enfin. Ces non-dits qui le rongeaient de l'intérieur, ces fois où il était resté silencieux, alors qu'il crevait de parler, de leur dire "moi aussi, je suis là ! Moi aussi j'ai besoin de vous !" Tout cela lui aurait presque libéré de ce sentiment de culpabilité qui lui pesait maintenant sur les épaules.

"Après tout, il n'y a que la vérité qui blesse"

-- Bonjour papa, j'espère que tu as passé une bonne journée. Excuse-moi, j'ai beaucoup de travail à faire. Lança t'il alors qu'il passait à côté de son géniteur, ignorant le regard empli de déception qu'il lui adressait.