La Lettre

Chapitre 8

— Merci, Sasha ! À la semaine prochaine !

Les quatre mousquetaires étaient de retour à East Land, leurs cœurs encore pleins des souvenirs inoubliables de Sunflower. Chaque nuit, elles s'étaient accordé un bain de minuit dans la mer fuchsia, leurs corps baignés par une eau magique. Lors des journées pluvieuses, elles s'étaient retrouvées autour des fourneaux, partageant des instants conviviaux. Sasha avait capturé les lieux emblématiques pour son reportage : le mont des tournesols, la plage aux aurores boréales, et la forêt des arbres à saphirs. Erina, de son côté, poursuivait son projet secret avec une détermination silencieuse. Jasinda, quant à elle, avait ramené des tissus précieux de Sunflower, tels que de la soie de jonquille et du satin de coquelicots, pour sa prochaine collection. Astoria avait, enfin, obtenu les clichés qu'elle désirait tant pour sa future exposition.

La jeune chargée de communication descendit de la berline rouge de son amie d'enfance, salua la styliste et la photographe, puis prit sa valise. Elle se dirigea lentement vers son immeuble, où la routine l'attendait.

Arrivée devant sa boîte aux lettres, elle l'ouvrit avec une certaine expectation. Mais cette fois-ci, il n'y avait pas de lettre rouge. Cela faisait un mois que la chasse à l'admirateur était terminée. Erina avait découvert son identité, mais elle se promettait d'aller le voir seulement lorsqu'elle serait prête. Ses sentiments à l'égard de cet homme restaient flous et, avant de prendre une décision, elle souhaitait mettre des mots sur ce qu'elle ressentait.

Avec son courrier en main, la rose pénétra dans son nid douillet après deux semaines d'escapade. Tout était comme avant son départ : les murs immaculés, le sol recouvert de moquette rose, les beaux canapés en cuir, la cuisine ouverte, la chambre plus vaste qu'un dressing, la salle de bains digne d'un spa, et son bureau qui offrait une vue splendide sur la ville.

Elle se mit à l'aise, avant de se diriger vers la cuisine. Ce soir-là, elle cuisinerait un gratin dauphinois accompagné d'un millefeuilles aux fraises. La cuisine avait ce pouvoir sur elle, celui de faire resurgir des souvenirs doux-amers. Elle se rappela des repas partagés avec son ancien amant, ces instants suspendus dans le temps.

Alors qu'elle commençait à manger, la sonnerie de son smartphone la fit sursauter. Elle saisit rapidement le téléphone et décrocha.

— Allô ?

— T'es bien installée ? demanda Sasha, d'une voix hésitante.

— Oui, pourquoi ? répondit Erina, amusée.

Elle entendit sa meilleure amie respirer profondément, et ne put s'empêcher de sourire devant tant de nervosité. Elle patienta, attendant que Sasha reprenne la parole.

— J'ai un truc à te dire, annonça la jeune femme aux iris bleu océan après un moment d'hésitation.

— Dis-moi tout ! répondit Erina, sa curiosité piquée.

Sasha se racla la gorge, prenant son temps, comme pour faire durer le suspense, avant de dévoiler la nouvelle qui la fit briller de joie.

— Zirco m'a demandé en mariage ! s'exclama la reporter, les larmes aux yeux.

Zirco et Sasha formaient un couple solide, uni depuis presque cinq ans. Leur relation était un équilibre parfait : Sasha, impulsive, et Zirco, calme et posé. Erina, bien qu’heureuse pour eux, ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de mélancolie, attendant, elle aussi, que son tour vienne.

— Trop bien ! s'exclama-t-elle, le sourire aux lèvres. Quand est-ce que vous allez faire la cérémonie ? demanda-t-elle, imaginant déjà les préparatifs qui allaient suivre.

— On l’a prévue pour l’été de l’année prochaine, répondit Sasha, sa voix pleine d’émotion.

Dans un an, les deux amies souffleraient leurs vingt-trois bougies. Sasha se préparerait à se marier. Jayfron, quant à lui, avait demandé Onis en mariage quelques mois auparavant, et ils s’uniraient en juillet suivant. Jasinda serait fiancée à Orion, Astoria à Néon, Delmar à Joy, et Zéphyr serait en couple avec sa nouvelle amie, Nymphéa. Chacune de ses amies aurait trouvé son âme sœur. Toutes, sauf elle. La rose, pressée de vivre une romance légère et éphémère, ignorait encore la vérité.