La Lettre

Chapitre 13

En ce matin de mai, le soleil se levait doucement sur East Land, enveloppant la ville d'une lueur dorée. C'était l'heure où les adultes partaient travailler, où les enfants rejoignaient l'école, et où les aînés promenaient leurs fidèles compagnons.

Devant les bureaux de son entreprise, la jeune femme aux cheveux couleur de rose patientait, les traits légèrement tirés par la fatigue. Elle attendait l'arrivée de ses deux amies, le cœur palpitant à l'idée de leur départ imminent pour Bloom City. Trois mois s'étaient écoulés depuis qu’elle avait intégré New Communication, et ce jour marquait déjà son second voyage d’affaires. Elle se disait que sa carrière débutait sous de bons auspices et espérait que l’avenir lui offrirait d’innombrables opportunités pour se faire un nom dans le monde de la communication et réaliser son rêve d’ouvrir sa propre agence.

Un klaxon retentit soudain, la sortant brusquement de ses pensées. Devant elle, la magnifique berline grise de son amie aux cheveux couleur de blé brillait sous la lumière matinale. L'amie appuya de nouveau sur le klaxon avec impatience. Erina s’approcha du véhicule et aperçut, au siège passager, Solaria, la crinière rouge flamboyant, les yeux rivés sur son smartphone, tapant frénétiquement.

La blonde leva ses yeux émeraude vers Erina et, d'une voix qui trahissait un agacement familier, déclara :

— Salut ! Cela fait dix minutes que je m’échine à klaxonner, et tu te réveilles seulement maintenant ?

La jeune femme aux cheveux roses ignora la note d’exaspération. Après trois mois de collaboration, elle s'était accoutumée aux humeurs de sa collègue.

Solaria tourna ses iris roses vers elle, un sourire amusé aux lèvres :

— Désolée, j'étais perdue dans mes pensées.

— Comme toujours, lança la rouge d’un ton sarcastique.

La blonde répliqua par un regard sévère, auquel Solaria répondit par un haussement d'épaules avant de reprendre son activité sur son téléphone.

Nymphéa se tourna vers Erina et déclara :

— Allez, monte et mets ta valise dans le coffre. Nous devons partir, je déteste être en retard.

Erina obéit, plaça sa valise dans le vaste coffre et monta dans la voiture.

Lorsque toutes trois furent installées, la blonde se racla la gorge, les yeux soudain graves.

— J’espère que nous saurons rester professionnelles. Je ne veux pas que Lost aille se plaindre de nous auprès de Monsieur King.

Monsieur King, le PDG exigeant de New Communication, régnait sur l'entreprise d'une main de maître. Sa rare présence en faisait une figure presque légendaire aux yeux d'Erina, qui ne l’avait aperçu qu’une seule fois.

— Et moi, je tiens à garder mon emploi le plus longtemps possible, ajouta Solaria.

— Ne vous inquiétez pas, répondit Erina avec un sourire confiant. Nous allons réussir cette mission.

— Pourvu que tu dises vrai, lancèrent ses amies à l’unisson.

La blonde lança le moteur, jeta un dernier regard à ses passagères et proclama :

— En route pour Bloom City !

— En route pour Bloom City ! reprirent Erina et Solaria dans un éclat de voix enthousiaste.

Le trajet ne dura qu'une heure, bien plus court que celui pour Lunaris avec Lost. Les conversations s’enchaînèrent, légères et complices. Erina apprit que Nymphéa avait un frère jumeau et que Solaria, fille unique, entretenait une relation amoureuse avec Yoni, frère de Zéphyr, concepteur-rédacteur. Le sourire de la rose s’élargit à l’idée de bientôt les introduire dans son cercle d’amis.

Depuis quatre ans, le groupe ne s'était pas retrouvé, et Erina ressentait avec force la nostalgie de leurs escapades, surtout de leurs promenades nocturnes. Mais, ce qu’elle ignorait, c’était que Blaze, lui aussi, nourrissait le secret espoir de ressouder ce lien.

— Les filles, nous y sommes, déclara Nymphéa, admirant la route de satin qui menait à la ville scintillante.

Solaria et Erina tournèrent leur regard émerveillé vers l’extérieur. La légendaire route de satin, bordée d’arbres aux pierres précieuses, les accueillait, sous un ciel d’un bleu parfait. Les boutiques de haute couture, les restaurants étoilés, le Luxury Jewel Park et les hôtels prestigieux défilaient sous leurs yeux.

Nymphéa gara la berline devant l'hôtel Kingdom of Joy, un édifice tout en verre, resplendissant.

Les trois amies quittèrent la voiture, récupérèrent leurs valises et pénétrèrent dans le hall somptueux. L'intérieur brillait de marbre blanc, de murs en verre, et de touches luxueuses. Trois ascenseurs dorés trônaient face à elles, tandis qu’une réceptionniste aux cheveux lilas somnolait derrière un comptoir en granit.

— Bonjour ! lança Erina d’une voix forte.

La réceptionniste sursauta et, reconnaissant les employées de New Communication, arbora un sourire professionnel.

— Bienvenue ! Que puis-je pour vous ?

Nymphéa s'avança et, sans perdre de temps, demanda :

— Nous venons chercher les clés des chambres réservées par Monsieur King.

D'un geste prompt, la réceptionniste tendit trois clés à la blonde. Les jeunes femmes la remercièrent et prirent l'ascenseur.

Les chambres étaient aussi somptueuses qu’espéré, chacune reflétant un luxe singulier. La blonde s'installa avec satisfaction, rêvant déjà de Zéphyr. Solaria, elle, se prélassa sur son lit, un sourire tranquille aux lèvres. Quant à Erina, elle s’émerveilla de sa chambre aux couleurs apaisantes, se laissant porter par la douce sensation de réussite.

Après avoir rangé ses affaires et pris une douche rafraîchissante, Erina, vêtue de vêtements confortables, s’installa sur le sofa en satin, prête à finaliser son roman. Un sourire épanoui illumina son visage lorsqu’elle mit le point final à son récit.

Son téléphone vibra, la tirant de sa rêverie. C’était un message de Blaze : « Je viens de me lever, j’espère que tu es bien arrivée. PS : Tu me manques, j’ai hâte de te revoir. »

Son cœur s’emballa. Blaze, son ami d’enfance, était devenu bien plus. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire rayonnant. L’amitié se transforme parfois en amour, pensa-t-elle, mais l’amour, rarement en amitié.

Confiance et espoir palpitaient en elle. L’avenir semblait empli de promesses, et elle se sentait prête à saisir sa chance.