Holding out for a prince

⟣ Prologue⟢

*🎶*

Tout commença le jour où ma meilleure amie m'offrit une place pour le concert du chanteur dont j'étais fan depuis trois ans. C'était le 18 septembre, le jour de mon 18è anniversaire, juste avant un cours d'institutions administratives. J'avais bien vu depuis qu'elle était entrée dans le bus qu'elle avait une tête de chipie, comme dirait ma Grand-Mère. Elle avait attendu d'être installée dans l'amphi, devant un gobelet blanc de l'infâme café de la machine pour se tourner vers moi.

-Maëlle, c'est ton anniversaire aujourd'hui. Tu entres dans le monde des adultes.

-M'en parle pas, je me sens vieille.

-Pas pour longtemps !

Elle me tendit un petit papier cadeau, emballé avec du vrai ruban parce qu'elle trouvait ça plus classe. Le prof devait arriver cinq minutes plus tard et je ne savais pas si je devais l'ouvrir ou pas.

-Tu attends la Saint Glinglin ? souffla Valentine.

Je défis le ruban... Elle avait envie de me faire plaisir et c'était au delà de toutes mes espérances ! J'étais vraiment comme une folle. J'avais senti le sang quitter mon visage.

-Val t'es une grande malade, criai-je faisant retourner quelques élèves dans l'amphi où nous étions installées, dans le fond comme à notre habitude.

-On est deux alors ! On dit merci qui ?

Je lui sautai au cou. Valentine était une fille en or d'une générosité sans limite. Elle avait une volonté de fer et se donnait toujours les moyens d'arriver à ses fins. Elle bossait tous les étés depuis ses 16 ans dans l'entreprise familiale pour apprendre les rouages du métier d'ébéniste. Lors de l'ouverture de la billetterie, plusieurs mois auparavant, elle m'avait demandé si je voulais qu'elle me prenne une place, mais j'étais fauchée comme... d'habitude. J'avais refusé à contre-cœur. C'était sa seconde tournée en France mais je n'avais jamais pu y aller, même en suppliant mes parents.

-T'es folle, mais je t'adore. Merci merci merci. Je sais que tu n'es pas fan en plus.

-Je ferai n'importe quoi pour toi. Maintenant, tu dois convaincre tes parents pour y aller.

-J'ai 18 ans, ça ne leur posera pas de souci... enfin... je crois ? Je leur en parle dès ce soir.

-Attends de voir s'ils t'offrent une voiture avant de leur dire, sinon, ils risquent de te la reprendre ou de te rouler dessus avec, plaisanta-t-elle avec son petit air espiègle sur le visage.

J'éclatai de rire et je vis le prof descendre les marches de l'amphi. Le cours allait commencer mais je ne pouvais détacher mes yeux de ce précieux sésame. Depuis que j'avais entendu son premier single lors d'un voyage aux USA organisé par le lycée, j'étais tombée désespérément amoureuse de sa musique. Elle me transportait, elle me faisait vibrer, elle me faisait rêver, et pleurer. J'avais trouvé mon âme sœur musicale dans ses chansons. J'en avais des frissons dès le premier son de guitare. J'étais sur un petit nuage toute la journée. J'allais voir Haz' en chair et en os !! Il allait se retrouver à quelques mètres de moi, et peut-être même me voir !

-Maëlle ? Tu es encore dans la lune !

Je secouai littéralement la tête quand ma mère me dit ça, le soir venu. Elle m'avait fait mon plat préféré, un Baeckeoffe, selon la recette de mon arrière arrière arrière grand-mère. J'avais peu mangé le midi en prévision de ce moment et rien qu'avec l'odeur, je me retrouvais plongée en enfance.

-Valentine m'a fait un super cadeau, commençai-je. Je n'arrive toujours pas à y croire.

-Il ne peut pas être mieux que le nôtre, sourit mon père.

-Tu vas voir, il est génial, confirma mon frère aîné Bastien.

J'étais contente de le voir, il ne venait pas souvent et il avait fait le déplacement depuis Berlin avec sa petite-amie uniquement pour me voir. Nous étions très proches tous les deux et j'avais crié quand je l'avais vu à la sortie de la fac où il était venu me chercher. Mon frère avait brillamment réussi ses études de droit et avait intégré un grand cabinet en Allemagne depuis la fin de ses études cinq ans auparavant. Il m'avait dit, quand je lui avais annoncé que j'allais intégrer à mon tour la faculté de droit, qu'il me trouverait un stage chez n'importe lequel de ses amis. Il était vraiment un modèle pour moi et le voir, dans la maison familiale, pour mon anniversaire était vraiment la plus belle chose qu'il pouvait me faire.

-Je pensais que mon cadeau, c'était de t'avoir pour mon anniversaire, balbutiai-je en comprenant mon erreur.

Il éclata de rire et m'ébouriffa les cheveux comme lorsque nous étions plus jeunes.

-Je peux ? demanda-t-il en regardant nos parents.

Ils acquiescèrent et il me banda les yeux cet idiot. Il me fit tourner jusqu'à ce que j'ai le tournis. Il voulait que je perde mon sens de l'orientation et c'était fait. Il m'attrapa dans ses bras comme si j'étais une malpropre, monta des marches, en descendit... je ne savais plus où j'étais. Il me reposa au sol et il me demanda si j'étais prête. Il retira mon entrave et je poussai un cri. J'avais devant les yeux une petite Audi. Je me retournai et je vis mes parents et le sourire de mon frère.

-Une Audi ? Neuve en plus ? Vous êtes des fouuuuuuuus !!

-On a pas tous les jours 18 ans, sourit ma mère.

-Mais ça coûte une bliiinde !

-Ne te préoccupe pas de ça ma chérie, répondit mon père.

Je me mis à pleurer et à les serrer dans mes bras.

-Vous êtes la meilleure famille du monde. Je vous aime trop.

-Tu n'as plus qu'à passer ton permis maintenant ! sourit Bastien. Tu as envie de la démarrer pour voir ?

Je plissai des yeux et il agita mes clefs sous mon nez. Je les pris et je démarrai ma voiture. Je refermai la portière et je dis à mon frère de monter avec moi le temps qu'on fasse le tour de pâté de maison. Ma mère protesta mais il monta à la place du mort et fit un signe de croix. Je reculai doucement du garage et nous fîmes le tour du quartier où pas un chat ne rôdait. C'était drôle et Bastien était hilare. Il me fit même faire un créneau cet imbécile. Je passai mon permis en fin de semaine, évidemment que je savais le faire.

-Merci Bastien pour ton cadeau. Je suis sûre que ça vient surtout de toi.

-T'es ma petite sœur et j'ai les moyens de te faire ce genre de cadeau. Quand Papa et Maman m'ont offert une voiture à mes 18 ans, tu avais les yeux qui brillaient du haut de tes 7 ans et tu m'as dit qu'un jour, tu en aurais une toi aussi.

-Je t'aime tellement Bastien. Tellement.

-Moi aussi je t'aime. Tu pourras toujours compter sur moi.

Il se pencha pour m'embrasser sur la joue et me souhaiter de nouveau un bon anniversaire

Il attendit que nous soyons de retour à table pour me demander quel était le cadeau de Valentine. J'allais le chercher et je le brandis sous son nez. Il l'attrapa et le fixa d'un air blasé.

-Oh. Un concert pour midinette. Si on avait su, on t'aurait offert des Polly pocket, pas une voiture.

Mon père hurla de rire alors que moi je rougissais à vue d'œil. Bastien m'ébouriffa les cheveux pour la seconde fois de la soirée mais je ne lui en voulais pas, c'était sa manière d'être avec moi. Il était toujours un brin sarcastique mais je savais qu'il serait prêt à toutes les folies pour moi. Au moment de souffler mes 18 bougies, je fermai les yeux. Je voulais que cette nouvelle année soit favorable pour moi, que j'ai ma L1 sans problème, que tous les membres de ma famille aillent bien et qu'Haz' me regarde ne serait-ce qu'une seule fois droit dans les yeux. Je pris une inspiration et les petites flammes s'éteignirent toutes en même temps.