chapitre 13

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Londres – St Pancras International

Liam

« On est complètement fous, tu le sais ça ? m’esclaffai-je.

- Ouais et alors ? Ah on est ici ! »

Alistair me lança un regard malicieux avant de se laisser tomber dans l’un des sièges devant lesquels il venait de s’arrêter.

« Qui t’as dit que tu prenais la place près de la fenêtre ? » 

Il tenta vainement d’échapper à mes chatouillis avant que je ne m’assoie à côté de lui.

« Sérieux Al, on est complètement tarés de faire ça ! Imagine qu’on nous chope !

- Détends-toi un peu, mec ! s’exclama-t-il en m’envoyant une bourrade. Tu as besoin de distraction et rien de mieux qu’une journée à Paris pour te remettre les idées en place ! Et puis de quoi tu as peur ? Tes parents te croient chez moi, on a réussi a trafiqué nos autorisations de sortie de territoire, on a du pognon en illimité et 24h pour s’éclater au maximum ! »

Il me fit un sourire entendu et sorti un magazine de sa besace Louis Vuitton. Je regardai les voyageurs aller et venir sur le quai de la gare à travers la fenêtre de l’Eurostar dans lequel nous nous trouvions. Deux heures plus tôt, je me trouvais chez moi en essayant d’émerger après une soirée alcoolisée tandis qu’Alistair nous organisait une soirée de folie dans la capitale française. Sur le coup, ça m’avait emballé, maintenant le doute commençait à s’emparer de moi. Quand je pensais que la veille, je m’étais promis de faire taire ma bonne conscience, voilà qu’elle reprenait le dessus...

« Tu sais, faire la fête à Paris, c’est un truc qu’on a toujours voulu faire Zayn et moi. On s’est dit que dès qu’on serait en fac, on partirait une journée et- Quoi ? »

Alistair venait de reposer son magasine sur ses genoux en soupirant.

« Ok, tu veux que je te dise quel est ton problème ? commença-t-il en se tournant vers moi. 

- Faudrait déjà que j’en ai un ! Je te parle de Zayn là, et tu-

- Tu te focalises sur tes potes à SEC alors qu’ils ne t’apportent rien de bon. 

- T’exagères...

- Ok, résumons, soupira à nouveau Alistair en levant les yeux au ciel. Un : tu partages une chambre avec trois mecs qui ne peuvent pas te blairer et avec qui ton ʺmeilleurs amiʺ (il avait mimé des guillemets avec ses doigts d’un air dédaigneux) a fait copain-copain. Deux : ta copine s’est foutue de toi pendant des mois avec cette histoire d’Oxford et t’as plaqué alors que t’avais besoin d’elle. Trois : tout le monde te voit juste comme le mec intelligent qui fait qu’écouter les autres. Mais qui se soucie de toi Liam, hein ? Qui ?

- Tu résumes un peu trop vite, c’est pas ce qui-

- ... ce qui se passe ? C’est ça que tu voulais dire ? On fait que de te prendre pour un idiot depuis le début de l’année et ça ne te dérange pas ? Il est temps que tu t’affirmes un peu ! Je sais qu’on a deux mois d’avance pour ça mais penser à toi d’abord devrait être ta nouvelle résolution pour l’année prochaine. On a deux heures de train, à ta place j’en profiterais pour méditer un peu. »

Alistair me lança un regard avant de replonger dans son magazine de mode. Le train s’ébranla, pris de la vitesse et bientôt le paysage industriel du sud de Londres fut remplacé par des étendues de verdure tandis qu’on filait vers le Channel. Je me remémorai les premières passées à Saint Edward, les joies, les peines et les désillusions. J’appréciai beaucoup Alistair, honnêtement. Pourtant, le mal de crâne que j’éprouvais après la nuit que l’on venait de passer à boire et à danser, me rappelait que, même si Al était de bon conseil, les solutions qu’il trouvait n’étaient pas forcément bonnes à tous les coups. 

Saint Edward CollegeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant