chapitre 26

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Trois semaines plus tard

Londres – Knightsbridge

Harry

C’était devenu une habitude. Il était près de 13 heures et comme tous les jours à cette heure-là, je me préparai à sortir. J’enfilai un blazer beige sur un t-shirt blanc et un slim noir et après m’être assuré que mes chaussures en cuirs avaient bien été cirées, je pris mes affaires et quittai ma chambre. La maison était silencieuse. Maman était partie à son rendez-vous hebdomadaire chez le coiffeur. Mon père devait rentrer ce soir d’un voyage d’affaire mais je m’en fichai. J’avais passé les dernières semaines à esquiver ces tentatives pour « rattraper le temps perdu ». Quant à ma sœur, elle avait regagné Oxford où elle étudiait pour réviser en vue de ses examens semestriels.

Le froid piquant qui régnait sur Londres ce jour-là me prit à vif et je passai mon manteau que je tenais par un bras avant de poursuivre mon chemin. Alexander vivait à deux pâtés de maisons de chez moi et il me fallut moins de 10 minutes pour arriver jusque là-bas. Je fis signe à la concierge pour qu’elle m’ouvre et entrai dans l’immeuble, la saluant au passage. J’avais à peine fait carillonner la sonnette que Maureen vint m’ouvrir, m’adressant un sourire.

« Comment vas-tu ? demanda-t-elle alors qu’on s’enlaçait.

- Moi bien, mais c’est à moi de te demander ça.

- Ça va aller. » répondit-elle en haussant les épaules. 

Elle se décala pour me laisser passer et je pénétrai dans l’appartement. Le loft d’Alexander était grand et lumineux. L’entrée donnait sur un salon spacieux où des baies vitrées sur tout un pan de mur offraient une vue à 180° sur Kensington Gardens. Une cuisine à l’américaine se trouvait tout au fond où Maureen avait déjà préparé thé. On s’assit de part et d’autre du bar sur des tabourets métalliques et elle fit glisser deux tasses de thé au jasmin.

« Ça va alors ? » redemandai-je.

Elle s’esclaffa doucement.

« Quoi ? souris-je.

- On peut dire que tu t’inquiètes, toi !

- Je peux toujours jouer les indifférents ou les je-m’en-foutiste mais je crois que c’est un aspect de ma personnalité que tu  n’apprécies pas trop. »

Je lui fis un clin d’œil, elle eut un rire plus franc. Ses séances de psy quotidiennes lui avaient fait énormément de bien comme aller vivre avec son frère pour échapper à l’atmosphère morose qui régnait chez ses parents. Or, elle commençait à peine à remonter à la surface. La disparition de son frère était encore lourde à supporter mais de jour en jour, au gré de mes visites, je voyais ses joues rosirent de plus en plus, son masque triste disparaitre peu à peu. 

Ma première visite, qui devait être temporaire, en entraina une deuxième puis une troisième, une quatrième et ainsi de suite après qu’elle quitta l’hôpital de Windsor. Je venais ici tous les jours pour la voir, toujours après le déjeuner et je venais avec divers idées pour la distraire comme ma console de jeu vidéo ou des DVD. Parfois, elle voulait seulement parler alors on s’asseyait dans le canapé et on parlait jusqu’à ce que son frère rentre. On passait des heures à discuter sans voir le temps passer et contrairement à ce à quoi je m’étais attendu, elle s’était mise facilement à se confier à moi. J’avais une drôle d’impression en la côtoyant. Si on ne nous connaissait pas, impossible de deviner que pendant des années, on avait vécu plus ou moins loin de l’autre à SEC sans se soucier de l’autre. En fait, j’avais la sensation de la connaitre depuis toujours.

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