Cauchemar en cuisine

2K 222 433
                                    

— Akaashi !

Vingt paires d'yeux se tournèrent vers Bokuto ; il se passa une main dans la nuque.

— Pas pratique, commenta Shirofuku. Il va falloir trouver autre chose.

Akaashi se mit à craindre le pire.

— Pourquoi pas Aka-kun ? proposa Mme Akaashi en se glissant derrière eux.

Akaashi émit un bruit situé quelque part entre le grognement et un hoquet dégoûté.

— Acchan ? suggéra Shirofuku en se tressant nonchalamment une mèche de cheveux qui lui revenait devant le visage.

— Si l'un de vous ose m'appeler par autre chose que mon nom, je m'arrange pour vous abandonner avec Mashiro, siffla-t-il.

— Mais tout le monde partage ton nom, ici, remarqua Bokuto. J'ai pas envie que tes cinquante cousins accourent à chaque fois que j'essaie d'attirer ton attention !

— Pourquoi ne pas vous contenter de l'appeler par son prénom ? dit M. Akaashi, qui avait suivi la conversation. Ça simplifiera les choses, non ?

— Keiji ? dit Bokuto.

Akaashi grimaça. L'entendre de sa bouche avait quelque chose d'extrêmement embarrassant. Lui-même se savait incapable de l'appeler Kōtarō — cette pensée à elle seule eut le pouvoir de lui procurer de dérangeants frissons.

Cela dit, ses parents avaient raison. Il ne pouvait décemment pas le laisser l'appeler « Akaashi ». Ça fonctionnait en cours, ça fonctionnait sur le terrain, mais ça ne fonctionnait certainement pas au milieu d'une horde d'Akaashi tous prompts à y reconnaître leur propre identité.

— Bien, consentit-il. Va pour Keiji.

Le visage de Bokuto s'illumina comme un million d'étoiles. Shirofuku masqua un petit sourire amusé.

— Quitte à faire comme ça, autant appliquer le même régime à tout le monde, dit-elle. Appelez-moi Yukie.

Bokuto n'avait pas attendu son autorisation pour le faire, naturellement.

— Si ça te fait plaisir.

— Et on se contentera de Kōtarō, ajouta-t-elle avec un regard pour Akaashi.

Celui-ci ne réagit pas, raide comme un piquet. Bokuto lui posa une main sur l'épaule.

— Ouais, Aka— je veux dire, Keiji !

Ce dernier manqua de hurler.

— Tu ne vas quand même pas m'appeler « Bokuto-san » pour les dix ans à venir ! poursuivit Bokuto. C'est quand même pas très intime.

Intime ? Intime ?

— Dix ans ? Tu vises loin, remarqua Shirofuku.

— Il faut voir grand, dans la vie. Pas vrai, Keiji ?

Non. Non, non, non. Il était strictement impossible qu'il s'y fasse, quand bien même Bokuto l'appellerait-il comme ça pour le reste de l'année. Impossible. Imposs—

Kei-ji, tu réponds ?

— Par pitié, marmonna celui-ci, laissez-moi au moins une période d'adaptation.

Ce n'était apparemment nullement leur intention. Bokuto allait insister quand une grande fille dégingandée déboula dans la pièce pour taper des mains sur la table.

— Kei-chan ! s'exclama-t-elle, et Akaashi eut une soudaine envie de quitter cet univers pour flotter dans l'espace intersidéral, là où le son n'existait pas, là où il ne serait pas obligé d'entendre ses cousines hurler les pires surnoms dans ses oreilles fragiles. C'est vrai, ce que p'pa m'a dit ? T'as un mec ? J'ai cru qu'il se foutait de moi ! C'est toi ?

La clairière aux confidences | BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant