L'Expiation | Chapitre 95

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— Menotte-moi.

Aussi aguicheuse cette requête puisse paraître, elle sonne beaucoup moins sexy quand on sait que je m'adresse à Chris, un des assistants personnels de la famille Pegasus. Les mains tendues telle une prisonnière qui avoue ses crimes, j'observe le hall majestueux de la résidence secondaire de notre cher milliardaire.

— Vous en êtes sûre ?

J'acquiesce d'un bref coup de tête.

— Si Éléonore se manifeste, je n'ai pas envie qu'elle détruise la moitié de ce manoir. Puis j'admets volontiers ne pas vouloir revivre le plaquage au mur de la dernière fois.

Il faut dire que ma visite s'est avérée plus douloureuse que je ne l'espérais. Si ma mère me savait ici, cela lui briserait le cœur. Toutefois, je n'ai pas vraiment le choix si je désire régler la situation. Je dois prendre le taureau par les cornes, même si ce taureau est un adulte de presque trente ans dont la chambre pullule de peluches et des posters de jouets.

— Comme vous le voudrez, Monsieur va bientôt se présenter. Il m'a demandé de m'assurer que vous ne manquez de rien.

Quelle délicate attention, aussi précieuse que la douceur avec laquelle Chris lie mes poignets l'un contre l'autre.

— Je suis vraiment heureux de vous revoir ici, dit-il, les lèvres décorées d'un sourire sincère. Ce que vous avez fait pour Monsieur est très courageux.

Courageux ? De tous les mots qu'on pourrait utiliser pour me caractériser, celui-ci est sûrement l'un des derniers de ma liste. Néanmoins, j'apprécie le compliment, bien que le fondement m'échappe complètement.

— Pour une fois que je n'ai pas merdé.

— Au contraire, vous avez mis votre rancœur de côté pour lui sauver la vie. Vous êtes une fille incroyable, tout comme l'étaient vos parents.

Sauver la vie... ? Pourtant Kaiba m'a insultée de meurtrière... Je peine à dissimuler la vague d'émotions contradictoires et piétine.

— Ma chère Lorène ! Quelle joie de te voir dans mon humble demeure !

Au sommet de l'escalier, Maximilien Pegasus écarte les bras, comme s'il cherchait à m'étreindre à une telle distance.

— Bon... jour Pegasus, je réponds, embarrassée d'un accueil si théâtral.

Il ne me quitte pas des yeux en descendant les marches une à une.

— Je t'en prie, appelle moi tonton Max, comme à l'époque.

Je tique et contiens une grimace.

— Je vais m'en tenir à Maximilien, si ça ne te dérange pas.

À son langage corporel, il m'indique que ma froideur le déconcerte, mais ne relève rien. Au lieu de ça, il se concentre sur la paire de menottes enserrant mes poignets.

— Quel drôle de manière, je ne pensais pas que c'était ton genre.

Une vive chaleur s'empare des mes joues tandis que je secoue les mains pour dissiper le malentendu.

— C'est pour Eléonore !

Le milliardaire hausse un sourcil, son œil de verre luit étrangement.

— Tu n'as pas besoin de ça pour la contrôler. Tu es bien plus puissante qu'elle, tu l'as prouvé.

À quel moment exactement ? Je secoue vivement la tête.

— Je ne veux pas prendre de risque, je ne peux pas même promettre de sortir d'ici sans qu'un vase ou une vitre soit cassé.

Âme de PuretéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant