Chapitre 2

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Revenons donc au 16 octobre 2019. Jean se réveillait dans son grand lit à baldaquin et comme tout les matins ses yeux étaient blancs, le blanc du vide. Il se leva, alla près de son énorme penderie où ce dernier avait des dizaines de costumes et de chaussures toutes plus inutiles les une que les autres car Jean aujourd'hui comme tous les matins s'habilla avec un jeans slim et un sweat marron assez large. Il avait parfaitement conscience que cela n'était pas original du tout mais cela lui convenait et il était à l'aise dans ces vêtements.

Jean était un garçon avec une carrure assez élancée, il était brun, cheveux mi- longs, avec des traits fins, il était le portrait de sa mère. Les deux seuls éléments qui les différenciaient étaient leur sexe et cette tâche de naissance en forme de pêche, pour Jean qui ne connaissait pas la vraie raison du départ de son père cette tâche de naissance était comme un souvenir, c'était son trésor. Ce dernier avait pris l'habitude d'exhiber son cou devant sa mère. Cela partait d'une bonne intention car Jean était loin de se douter que pour sa mère la vue de cette tâche de naissance ravivait une vielle blessure datant du 16 octobre 2003.

Jean, malgré son beau visage n'avait pas de succès auprès des filles car il était constamment seul et toutes les personnes de son établissement pensaient qu'il était bizarre cela s'explique par quelques événements passés : un fois au collège quelqu'un avait frappé Jean au visage mais ce dernier était resté impassible ou une autre fois en primaire, la plus belle fille de l'école l'avait embrassé mais ce dernier n'avait pas réagi non plus. Les gens étaient très loin de se douter que Jean était quelqu'un de profondément doux et sensible et que n'importe quel événement incongru le touchait profondément, car ses sentiments, ses émotions et ses réactions étaient cachés sous ses lentilles de contact noires.

Jean après s'être habillé alla dans sa salle de bain, cette salle de bain était aussi spacieuse que celle d'un hôtel étoilé, une imposante baignoire en marbre trônait au milieu de la pièce. Un magnifique carrelage blanc décorait le sol et les murs où des serviettes multicolores étaient suspendues. Le lavabo noir venait joliment contraster le blanc de la salle de bain. Jean n'avait sûrement jamais fait attention à ce contraste éclatant car il ne passait jamais plus de 5 minutes dans la salle de bain.

Ce dernier, se lava les dents, se coiffa, puis il descendit les larges escaliers en bois de chêne pour arriver dans la salle à manger où il ne vit pas sa mère, celle-ci étant déjà partie travailler. La salle à manger était vaste, une grosse table également en bois de chêne se trouvait au milieu de la pièce, cette dernière était entourée de six chaises, ce que Jean n'avait jamais compris car sa mère et lui n'avaient jamais reçu de visiteurs. Une belle cheminée en brique qui n'était jamais allumée, donnait un air authentique à cette pièce aux murs couleur crème qui était décorée par de nombreux cadres et vases très colorés.

Géraldine travaillait énormément pour pouvoir subvenir à tous les besoins de son fils et cela avait payé car Jean avait parfaitement conscience que vivre dans une maison sur deux étages avec un jardin dans le quinzième arrondissement de Paris était assez incongru.

Ce dernier passait le plus clair de son temps dans sa chambre, on pourrait même se demander s'il avait déjà fait le tour du jardin malgré les dix ans qu'il avait passé ici. Mais cette demeure spacieuse lui plaisait et il remerciait infiniment sa mère pour tous les sacrifices qu'elle avait fait pour l'élever et pour subvenir à ses besoins.

Oui, si on avait vu la chambre de Jean où de nombreux objets électroniques jonchaient le sol on aurait pu dire qu'il était un enfant gâté mais il lui manquait quand même quelque chose, quelque chose que sa mère ne pourrait jamais lui acheter malgré tous ses efforts et sa volonté. Jean n'avait aucun ami.

Il remarqua que sa mère avait laissé un petit papier sur le frigo, elle avait l'habitude de le faire quand elle partait travailler avant que son fils ne se réveille. Sur la feuille il était écrit :

« Joyeux anniversaire mon grand, je suis désolée d'être déjà partie, je voulais te voir mais on m'a mis une réunion super importante. On a quelque chose à fêter ce soir je suis impatiente. Bisous ta maman qui t'aime.
PS : regarde dans le frigo ».

Jean sourit et ses yeux se teintèrent de rose en lisant  ce mot il trouvait mignon le fait que sa mère continue à lui écrire des petits mots malgré son âge avancé.

Il ouvrit le frigo et son sourire s'agrandit, sa mère était allée à la boulangerie du coin de la rue et lui avait acheté une tartelette aux framboises, ce qui était bien évidemment son gâteau préféré. Jean était tellement heureux d'avoir Géraldine pour mère, il l'aimait tellement ! Le rose de ses yeux était vraiment intense, il aimait sa mère, il l'aimait plus que tout.

Il finit de manger sa tartelette aux framboises, remonta les escaliers de sa chambre quatre à quatre prit son sac noir, redescendit, il enfila ses vieilles converses noirs sans prendre la peine de défaire les lacets. Puis, au moment où ce dernier allait ouvrir la porte il se rendit compte qu'il avait oublié ses lentilles, il s'en voulait énormément car il avait promis à sa mère de ne jamais sortir sans.

Il courut jusqu'à la salle de bains, tira sur les tiroirs qui se trouvaient en dessous du lavabo, puis il en sortit une boite qu'il ouvrit. Dans cette boite se trouvait une autre boite plus petite. Celle-ci contenait des lentilles, des lentilles d'un noir intense, un noir plus noir qu'une nuit sans étoile.

Jean prit quelques secondes à mettre ses lentilles puis il partit pour le lycée.

Il n'habitait pas très loin du lycée Buffon, il ne marchait qu'une dizaine de minutes avant d'arriver devant la grande porte de ce château en pierre qui débouchait sur un hall digne d'un conte du moyen-âge.

Ce dernier n'était pas comme les autres élèves, il n'avait personne à qui parler une fois arrivé devant son lycée, personne ne venait le chercher en bas de chez lui, personne non plus lui donnait jamais rendez-vous nulle part. Du coup, il faisait en sorte de toujours arriver au dernier moment comme ça il n'était jamais en retard mais il n'avait jamais non plus le temps de rester seul devant la porte. Ce jeune lycéen pratiquait cette technique depuis qu'il allait tout seul à l'école, c'est à dire depuis la 6ème.

La sonnerie retentit et une marrée humaine se forma. Le chaos régnait dans les couloirs bondés où l'on pouvait apercevoir des élèves se faire aplatir contre les murs ou encore d'autres qui se mettaient à quatre pattes pour ramasser leurs affaires éparpillées sur le sol.

Tous les élèves de la classe de Jean se ruaient sur la porte de la salle 101, où leur professeur de mathématiques, Madame Bob, les attendait en silence. Elle lançait des regards dépités à cette classe sauvage de première deux. Cette dernière hochait la tête à ses élèves préférés, comme pour les saluer silencieusement dans cette cohue. Jean, attendait toujours que tout le monde soit entré pour qu'il puisse se faufiler discrètement dans la salle à la fin de cette bousculade.

Bien sûr, ce dernier malgré tous ses efforts n'avait jamais eu le droit à un hochement de tête de la part de Madame Bob.

Jean, était un garçon beaucoup plus mature que les personnes de son âge, ce qui ne facilitait pas son intégration. Il ne comprenait pas comment des élèves de 16 ans pouvaient se bousculer ou encore rire à l'évocation des selles.

Les pupilles arc-en-ciel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant