Le Mur (UA Dystopique)

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Lance observe attentivement les portraits des condamnés de ce mois-ci. Car comme chaque mois, trente criminels sont affichés sur l'immense mur qui sépare Altéa du Bas-Monde. Un simple portrait des épaules au haut du crâne. Au bout d'un mois, si personne ne les a acheté, ils sont tués sur la Grand Place. Le jeune Lance n'a jamais affectionné cette pratique sans pour autant la trouver particulièrement choquante. Les criminels, et surtout ceux qui tentaient d'entrer sur la terre sacré d'Altéa en passant illégalement le mur, devaient être exécutés. Pour la sécurité des Altéens. Le prix de la personne variait selon son âge, son état de santé ou encore la gravité de ses méfaits. Ce mois-ci, la plupart des condamnés avaient entre trente et quarante ans. Quelques -uns étaient plus vieux, et enfin, trois mineurs faisaient partie du lot. 

Un jeune garçon de dix ans au visage tuméfié, couvert de bleus.

Une fillette qui n'avait pas plus de sept ans, en dépit de ce qu'en disait sa description

Un adolescent, presque adulte puisque sa fiche indiquait : 17 ans

Théo, Julia et Keith s'étaient fait attraper, ce qui était rare. Les enfants s'en tiraient souvent d'une manière ou d'une autre. Lance aimait beaucoup ce qui se dégageait de l'image du plus vieux, qui avait son âge. Même avec les cheveux ébouriffés, l'arcade ensanglantée et le regard meurtrier, ce Keith faisait une drôle d'impression à l'Altéen. Pour l'anniversaire de ses dix-huit ans, ses parents lui avaient promis un ou une habitant.e du Bas-Monde et Lance se trouvait chanceux de tomber sur une des rares fois où quelqu'un de son âge était affiché. Il en était là de ses pensées lorsque l'hologramme de la femme aux côtés de 'Keith' s'éteignit, signe qu'elle avait été vendue. Alors, il s'empressa de rejoindre ses parents en criant :

"Le 15, je veux le 15 !"

Son enthousiasme fit rire sa mère et se crisper sa soeur, Allura, qui était contre cet évènement mais n'en disait jamais rien. 

"- Chéri, le quinze ?

- Oui, allez..."

*

Ils venaient d'embarquer dans une navette, grise, froide. L'exécution approchait, seuls ceux qui avaient été achetés pourraient survivre, mais personne ne savait si quelqu'un dans Altéa l'avait prit en pitié : les condamnés et ceux qui survivraient étaient mélangés, l'angoisse n'en était que plus forte, horrible.

"- Tout va bien Théo...

- Non, non, personne ne m'aura acheté !

- Shht, tu es jeune, les Altéens préfèrent acheter les prisonniers jeunes..."

Keith n'en avait en réalité aucune idée mais se répétait que le petit garçon qu'il connaissait maintenant depuis plus d'un an aurait de la chance. Il priait pour qu'il s'en sorte. Quand le véhicule s'arrêta, tout le monde fut secoué puis des gardes les firent se lever, avancer, vérifiant parfois que les menottes étaient bien mises. Précaution inutile : ils avaient des armes, personne n'esquisserait le moindre mouvement. Enfin, c'était, encore une fois, ce que se disait Keith.

Le peu d'habitants du Bas-Monde ayant fait l'aller-retour en passant le mur avaient raconté comment les exécutions se déroulaient. Mais les rumeurs et le bouche-à-oreille avaient tout déformé et on ne pouvait jamais être sûr de nos informations. 
Les gardes firent marcher les prisonniers en file indienne jusqu'à une sorte d'estrade en pierre. Le sol s'ouvrit juste devant leurs pieds et le message était simple : si vous tentez de vous enfuir, vous tomberez, vous ne pouvez pas être sauvés par vous-même. Un gigantesque écriteau se tenait face à eux. Keith n'avait aucune idée de ce qu'il disait. Personne ou presque venant du Bas-Monde ne savait lire, ce n'était pas utile dans cette jungle de ferraille qui leur servait de pays.

One Shots KlanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant