Chapitre 5

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Est-ce que j'avais vraiment envie de la connaître ? Tout ça rendrait les choses réelles et je n'étais pas certaine d'être prête à tout accepter. Rompant, malgré moi, le contact avec Cole, je rivais mon regard sur maman. Elle se tenait furieusement près du vieux McKinley. Un bourdonnement strident grésilla dans mes tympans puis mon corps se vida à nouveau. La gravité m'attira vers le bas et dans l'obscurité complète, en chute libre, je fermai les yeux, prête à subir le choc de l'atterrissage, mais rien ne venait. Je tombai sans discontinuité. Je devrais avoir peur, mais tout mon être était dépourvu de la moindre émotion. Une lueur dansa derrière mes paupières alors que je sentais toujours mon corps chuter. Lentement, j'ouvris les yeux et la lumière m'aveugla. Il me fallut plusieurs secondes pour comprendre ce que je voyais, mais quand tout devint plus net, je sentis mon cœur s'arrêter.

Une étrange femme ou créature flottait devant moi. Elle avait de nombreux bras et la première chose qui me vint à l'esprit était la déesse Ganesh, mais cette femme n'avait pas le visage d'un éléphant. Sa peau était sombre, comme une mer agitée, son visage était effrayant, car ses trois yeux me fixaient intensément. Ce qui me choqua le plus était son accoutrement. Elle portait des têtes humaines partout, en guirlande, en tablier et elle tenait même une tête par les cheveux dans l'une de ses mains, mais malgré ça, je ne ressentais pas de peur. J'avais cette étrange impression de la connaître alors que c'était la première fois.

Elle se mit à me sourire, dévoilant une rangée de dents pointues qui semblaient aiguisées. Puis dans un souffle putride, elle me parla dans une langue qui m'était, mais quand elle prononça « Rahasyodghaatan », quelque chose explosa dans mon ventre, un liquide chaud qui se répandait vite dans mes veines pour envahir tout mon être. Ce n'était pas douloureux, bien au contraire, c'était plaisant, à la limite de l'euphorie. J'eus envie de rire aux éclats de sentir cette sensation en moi, mais je n'y arrivai pas. La femme/créature en face de moi ferma les yeux et disparut tout comme la lumière qui l'entourait. J'étais à nouveau dans le noir complet.

Une virulente douleur brûla ma joue soudainement et se propagea sur tout mon visage. Je criai, portant une main sur ma joue puis la lumière revint. Elle n'était pas comme avec la femme, non, c'était la lumière naturelle de la journée qui filtrait à travers la fenêtre de la cuisine. J'étais de retour chez moi. Clara était penchée au-dessus, ses longs cheveux sombres pendaient autour de son magnifique visage, elle se pinça les lèvres et s'excusa de m'avoir giflée. Je compris vite que j'étais allongée au sol, mais je ne comprenais pas pourquoi. J'avais la certitude que ce que je venais de vivre n'était pas un souvenir.

— Je suis vraiment désolée, répéta inlassablement Clara. C'est tout ce qui m'est venu en tête pour te ramener parmi nous.

Revenir parmi eux ?

Avec précaution, je me redressai et glissai une main à l'arrière de mon crâne d'où pulsait un nouveau cœur. Finalement, la gifle était moins douloureuse ! Tout en grognant entre mes dents, je me levai pour m'asseoir sur la chaise la plus proche. Ils étaient tous là à me regarder avec inquiétude, même Cole !

— Est-ce que ça va, ma puce ?

Je me tournai vers maman et haussai un sourcil.

— Bien-sûr que oui, ça va ! Ah, non, attends ! Laisse-moi te résumer ça pour que tu comprennes que ta question est complètement stupide !

Ma voix était cinglante et pleine de mépris, mais j'en avais tout simplement ras le bol de cette journée. J'étais épuisée ! Complètement HS ! Je savais que j'allai regretter de parler ainsi à ma mère, mais tout de suite, je ne souhaitai qu'une chose, que tout cela cesse.

— Je suis vraiment désolée, soupira maman, je sais que ça fait énormément de choses à digérer, mais comme je te l'ai dit, tu n'es pas obligée d'y prendre part.

SéoliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant