Séoli

Chapitre 7

Comme dans ma chambre, en un éclair il était devant moi. Mon visage emprisonné dans ses mains, je n'osais même plus respirer. Ses yeux oscillèrent entre leur couleur naturelle et le rouge, sa respiration hachurée et emplie de haine caressa ma peau. À l'aide de ses mains, il pivota ma tête à sa guise et quand ses yeux se posèrent sur mon cou, il grogna de fureur. Il me lâcha et se tourna vers Kaï qu'il poussa sans ménagement. L'ange chancela et ses ails se déplièrent magnifiquement dans son dos.

— Tu es censé la protéger ! hurla Cole en s'approchant de Kaï.

— Elle s'est endormie sans que personne s'en rende compte ! Je ne ferais pas ça si j'étais toi !

Malgré la mise en garde de Kaï, Cole continua d'approcher de lui, plus menaçant. Son corps semblait vibrer et son aura était totalement rouge à présent. D'un coup d'aile, l'ange se retrouva à quelques mètres au-dessus du sol. Il recommanda à Cole de se calmer, mais ce dernier s'en contre fichait. Devenu sourd par la colère, il commença sa transformation juste sous nos yeux et le spectacle était fascinant. Fascinant, mais rapide, je n'avais pas eu le temps d'assimiler que ses vêtements étaient en train de partir en morceaux qu'un énorme loup noir était juste devant moi. Avec souplesse, Cole poussa sur ses pattes arrière et bondit sur Kaï. Des grognements emplissaient la forêt silencieuse quand l'ange encercla le loup et l'emporta dans le ciel.

— Personne ne va les arrêter ! disais-je d'une voix étranglée par l'angoisse.

— Non, laissons-les régler ça une bonne fois pour toutes ! rigola Bran.

— Et toi ? Tu ne vas pas aider ton frère ? demandai-je à Luc.

— Bran a raison, laissons-les se battre, ce n'était qu'une question de temps avant que ça se produise et il est préférable que ce soit maintenant que plus tard.

— Je ne comprends pas, soufflai-je en scrutant le ciel vide.

Luc glissa son bras sur mes épaules et s'approcha de mon visage.

— Kaï est ton ange gardien, murmura-t-il à mon oreille, mais mon frère est ton talitá.

— Mon tala quoi ?

— Ta.li.tؘá, riait Luc quand nous arrivons à la porte du chalet, c'est un truc de loup, il t'en parlera quand le moment sera venu, mais pour le moment, ne lui dit pas que je t'en ai parlé, sinon il me bottera le cul et je n'en ai pas envie !

Je gardais cette information dans un coin de ma tête pour demander à Cole ce qu'est un talitá. Évidemment, je ne citerai pas le nom de son jeune frère, je m'en voudrai qu'il lui arrive quelque chose par ma faute. Dans le chalet, un courant d'air froid fit dresser les petits cheveux sur ma nuque, rien de désagréable, mais surprenant tout de même. L'intérieur est banal, minimaliste avec une atmosphère étrange. Je croisai les bras contre ma poitrine et frictionnai mes bras pour contenir la chaleur à l'intérieur de mon corps. Robert était dans la partie salon qui se composait d'un vieux canapé avec un plaid au motif écossais posé dessus et d'une petite table basse. Je demandai à Bran où se trouvait la saille de bain, j'avais besoin de me rafraîchir. Dernière porte, au fond du couloir, je ne risquais pas de la rater, car il n'y avait que trois portes ! Une à gauche, l'autre à droite et une seule au fond du couloir ! Comme le reste du chalet, la salle de bain manquait cruellement d'un bon ravalement de façade, mais le strict nécessaire y était et c'était le principal.

Devant le miroir, j'examinai ma sale tête. Le manque de sommeil de cette nuit se voyait tout autour de mes yeux. Encore deux ou trois nuits comme celle-là et l'on me prendra pour un panda ! Je ravalai un cri d'effroi en voyant la fine marque rouge qui encerclait mon cou. C'était la première fois que j'étais marquée physiquement par l'un de mes cauchemars ! Cela aurait pu être pire, j'aurais pu être sévèrement brûlé. La certitude de ne plus avoir le choix grandissait en moi aussi vite qu'un poison et j'avais bien du mal à assimiler que j'allais devoir lutter pour ma survie. Comment faisaient toutes ces filles dans les romans ? Elles en bavaient, c'était certain, mais elles finissaient toujours par triompher ! Moi, je ne suis pas une fille de fiction fantastique ! Je ne peux pas courir 100 mètres sans avoir un point de côté et je ne parlerai pas du saut à la haie !