Chapitre 2

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— Tu veux quelque chose, Kalypso ?

— Euh non, rien, Monsieur McKinley, balbutiai-je avec nervosité. Je ne fais que passer.

Son regard sombre m'interpellait, il n'avait pas l'air en colère, non, j'y lisais un certain amusement.

— J'organise un petit barbecue, si ça te dit, tu peux venir avec tes amies, vous êtes les bienvenues.

C'était très étrange et je devais avoir l'air idiote, car le vieux McKinley se mit à rire franchement.

— Ferme la bouche ou tu vas finir par gober une mouche. Je ne suis pas un vieux grincheux comme beaucoup aimes le prétendre.

— Oh, non, je n'ai... vous..., bégayai-je, impossible d'aligner deux mots.

— Relaxe, Kalypso, on se voit ce soir et si tu le souhaites, on pourra parler un peu de ton père.

Une leur brillait dans son regard au moment où il prononçait le mot « père », une lueur sombre et d'un coup, il s'en alla. Je restai plantée là un moment, tentant d'assimiler ce qui venait de se passer. Comment connaissait-il mon père ? Pourquoi était-il si gentil subitement ? Et surtout, pourquoi j'avais envie d'en savoir plus sur mon père ? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête et commençaient à me filer une migraine. Je pressai le pas pour rentrer au plus vite à la maison. Chacun de mes pas résonnait dans mon crâne accentuant la douleur et la migraine. Une fois à la maison, je déposai les provisions dans le frigo et m'allongeai sur le canapé pour faire passer la migraine. Elle cognait furieusement. Je fermai les yeux, juste cinq minutes. Juste cinq petites minutes et finalement, je sombrai dans un sommeil agité.

L'odeur était la première chose qui m'interpellait, celle du sang puis les flammes jaillissaient. Elles venaient lécher ma peau, libérant une atroce douleur. Je tentai de m'en défaire, mais tous mes membres étaient paralysés. Le souffle coupé sous l'effet de la souffrance, je n'arrivais pas à émettre le moindre son. Aucun hurlement ne s'échappait de mes lèvres alors que j'agonisai. Et soudainement, sa voix glissa dans mon oreille, son souffle putride effleura ma joue.

Kaly, tu es à moi...

Les flammes cessèrent et la douleur disparut aussitôt. Dans le noir complet, je ne distinguai rien. Je ne pouvais toujours pas bouger et la panique commença à s'insinuer dans mes veines. J'avais parfaitement conscience que je rêvais, mais ce cauchemar était réaliste. Comme un étau, on me prit par la gorge privant mes poumons d'oxygène. Plus l'air manquait, plus ma poitrine se comprimait douloureusement. À l'intérieur de ma tête, ce n'était pas mieux, j'avais l'impression que la pression allait la faire exploser d'une seconde à l'autre. Malgré une vision brouillée par les larmes, je pouvais percevoir deux yeux rouge sang qui me fixaient dans l'obscurité. Des battements d'ailes fouettaient l'air autour de moi, je les sentais m'envelopper. Je savais au fond de moi qu'il était trop tard.

Il m'avait eu ! Cette fois-ci, il m'avait attrapée.

Soudainement, mon corps valdingua dans tous les sens. Je ne le maitrisai plus du tout et le réveil fut brutal tout comme la chute, je heurtai un sol dur. Il fallait un temps d'adaptation à mes yeux pour voir la moquette du salon me faire face. Le souffle court et le cœur battant à tout rompre, je soupirai, soulagée d'être toujours en vie et à la maison.

— Putain, Kaly, ça va ?

Je reconnus la voix haute perchée de Sophie dans mon dos. Je me retournai avec beaucoup de mal et me retrouvai coincée entre le canapé et la table basse. Deux têtes apparaissaient dans mon champ de vision.

— Ça va ?

— Ouais, ouais, soufflai-je en me redressant pour me mettre assise. Rien de méchant.

SéoliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant