Chapitre 4

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— C'était toi ! Tu voulais manger le petit lapin ! T'es ignoble ! Comment peux-tu faire une telle chose ?

— Faut bien que je mange, répondit-il en haussant les épaules.

Il se releva tout en riant ce qui ne faisait qu'augmenter la haine.

— T'es bien assez gros en loup pour manger un pauvre petit lapin innocent ! Tu comptais de caler un croc avec avant de t'en prendre à quelque chose de plus gros ? C'était ton apéritif ?

Je martelai son torse de coup de poing sans réussir à le faire bouger d'un centimètre ni à le faire cesser de rire. Il saisit mes poignets avec une force démesurée qui me fit grimacer.

— Calme-toi, le lapin n'est pas mort, Kaly !

— Menteur ! Tu n'es qu'un sauvage ! Meurtrier de lapin !

Je ne décolérai pas et Bran refusait de stopper son fou rire. Luc vint à côté de moi et posa une main sur mon épaule.

— Bran dit vrai, le lapin n'est pas mort.

— Foutaise ! Tu dois être aussi tordu que ton frère !

Ma remarque le piqua à vif, car il grimaça avant de poursuivre.

— Il n'est pas mort, car c'était moi le lièvre.

Il recula et étendit ses bras avant de tourner sur lui-même pour bien me montrer qu'aucune partie de son anatomie visible ne manquait. Mais cela ne changeait rien à ma colère, j'étais à bout. Je ne voulais plus rien entendre, je ne voulais pas les croire ! Je me ruai sur Luc qui ne broncha pas et le frappai aussi en le traitant de menteur. Mes paroles fusèrent sans que je puisse les contrôler, je dégueulai ma haine sur lui avant. Mais Cole ne trouva pas ça drôle. Il n'était pas comme ses frères et il me le montra en me jetant au sol. Mon corps heurta le sol et il se mit à califourchon sur moi pour me maîtriser. Même si la vue de son torse nu était plutôt agréable, le fait d'être entravé ne me plaisait pas. Je tentai de me dégager de sa poigne, mais comme avec Bran, il était bien trop fort pour le faire bouger. Il pencha son visage vers le mien, son regard ambré se planta dans le mien et mon corps se vida à nouveau de toutes sensations et je repartis sans pouvoir y faire quoi que ce soit.

J'étais de retour sur le sentier. Le froid m'enveloppa et je claquai des dents. Je me sentais épuisée, fragile et j'étais hors d'haleine. Mon regard se posa immédiatement sur le trou dans le lac, celui de la petite. Elle se débattait pour rester à la surface et comme tout à l'heure, j'étais figée sur place. Impuissante face au spectacle devant moi, je ne pouvais que pleurer devant le désarroi de la petite. Mes membres étaient douloureux et ne me tenaient plus, mon corps tomba sur le sol enneigé et l'eau engouffra la petite.

De gros pas lourds résonnèrent dans la nuit et firent trembler le sol. Un loup noir, bien plus gros que le gris, surgit de la forêt et bondit sur le lac. Le souffle coupé par la surprise, je le regardai atterrir sur le lac. Sa réception brisa toute la glace du lac puis il disparut à son tour dans la noirceur de l'eau. Le loup gris pouvait aisément rejoindre la terre ferme maintenant que la glace était complètement brisée. Le loup noir remonta à la surface traînant la petite dans sa gueule. Un soulagement intense m'envahit et j'eus envie de courir auprès d'elle quand il la déposa sur la neige.

La petite recracha beaucoup d'eau. Elle ne pouvait pas se redresser, car le loup la maintenait au sol avec ses grosses pattes sur ses petites épaules. Il lui montra les crocs et ses grognements retentirent. La peur de la petite était palpable et envahissait mon être. Un courant d'air au-dessus de ma tête balaya mes cheveux puis dans la seconde qui suivait, le loup noir volait dans les airs pour s'écraser juste à côté de moi. Je laissai échapper un cri quand ses yeux rouges se posèrent sur moi.

SéoliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant