Toute personne qui mourrait était brûlée par les hommes à quelques mètres du bâtiment infernal , un bâtiment située au fond de la forêt Sambisa , une région montagneuse située près de la frontière du Cameroun. L'enfer au Nigeria continuait comme ça jour après jour . Mais un des hommes eut pitié de Maimouna , un certain Nwando , il ne pouvait pas supporter de voir Maimouna subir cette atrocité car dans le groupe Maimouna était la plus jeune , ça se décelait sur son visage innocent et si elle passait encore une semaine de plus dans ce trou , elle serait soit folle soit au pire des cas morte comme Sara Diabaté .
Le seizième jour , alors que les autres hommes observait une petite sieste à l'extérieur du bâtiment, Nwando profita de ce moment et alla ouvrir la porte de la cellule , ce qui terrifia tous ceux qui y étaient, ils croyaient que c'était une nouvelle bastonnade qui les guettait et ils commencèrent à trembler et à le supplier de les épargner mais Maimouna ne sentit même pas sa présence elle était perdue dans ses pensées lointaines et douloureuses- You ! come , fit Nwando en pointant du doigts Maimouna. Celle ci s'exécuta avec le coeur qui battait jusqu'à vouloir sortir de la poitrine et craignant le pire , un nouveau viol suivi de tortures . Une fois dehors Nwando continua :
- Where do you come from girl ? ( D'où venez vous jeune fille )
- Sénégal , répondit timidement Maimouna
- You understand english ? interrogea t'il
Maimouna acquiesça de la tête.
- I'm gonna help you get out of here. ( je vais t'aider à t'échapper )
Nwando la mit dans une de leurs voitures tout terrain et ils roulèrent pendant trois heures Durant tout le voyage Maimouna était silencieuse , elle répondait aux directives de Nwando par des signes de la tête , elle était suspendue à la fois entre le bonheur et le malheur , le bonheur parce qu'elle allait en fin se tirer de cet enfer nigérian et le bonheur parce qu'elle sentit encore la douleur des cicatrices sur son corps dûes aux multiples coups qu'elle recevait chaque jour accompagnés des viols collectifs .
Une fois arrivés à destination , Nwando remit Maimouna à des voyageurs qui partaient pour côte d'Ivoire . Maimouna s'installa timidement dans le bus en direction de la côte d'Ivoire. L'homme était resté jusqu'à ce le bus démarra pour retourner avec un sourire sur le visage , il était fièr de ce qu'il venait de faire , grâce à lui Maimouna pourrait en fin regagner son pays.Le bus roula environ dix heures avant d'atterrir à quatre heures du matin à Accra au Ghana pour une escale , le temps de se ressourcer en gasoil et en nourriture . Ils y restèrent jusqu'à dix heures , le temps de se reposer avant de reprendre le chemin pour Abidjan. Maimouna resta dans son siège durant tout le trajet , méditant sur les quinze jours diaboliques qu'elle venait de passer à Sambisa, elle regarda sa main et aperçut la cicatrice de la cigarette qu'un des hommes avait enfoncé dans sa paume et une paire de larmes coula sur ses joues. Quand le bus arriva à Abidjan , Maimouna descendit et se mit à regarder partout , elle venait de débarquer dans un pays où elle n'avait jamais mis les pieds , tout était bizarre pour elle comme si elle était dans une autre galaxie. Maimouna tendit la main et regarda le papier que Nwando lui avait donné quand ils étaient dans la voiture , il lui avait notifié de demander la mosquée Toungara une fois qu'elle serait arrivée à la gare routière d'Abobo. Ce que Maimouna fit sans attendre .Une fois arrivée à la mosquée Toungara sur indication des passants , Maimouna entra dans la maison en face de la mosquée comme lui avait bien suggéré Nwando. Elle trouva une femme à qui elle remit la lettre écrite en Igbo , une langue très populaire au Nigeria. La femme lut la lettre puis demanda :
- Alors comme ça c'est mon frère Nwando qui t'a envoyé ?
Maimouna acquiesça de la tête .
- Et tu veux rentrer au Sénégal ? demanda la dame à nouveau
- Oui , prononça enfin Maimouna
- Quel est ton nom young girl ?
- Maimouna , répondit elle
- Je vais t'aider à rentrer , vas te reposer tomorrow tu pourras rentrer . La dame ne parlait pas très bien le français , on remarquait nettement l'accent anglais dans sa voix .
Maimouna prit enfin un bain après dix sept jours sans toucher de l'eau. La soeur de Nwando lui donna ensuite des habits qu'elle enfila car les siens étant déchirés partout. Maimouna ne pouvait pas dormir , le calvaire qu'elle subit la hantait encore. Maimouna revoyait encore les images de la torture qu'elle subissait elle et les autres migrants . Elle voyait encore cet jeune homme , un malien à qui ils avaient gravé au fer rouge son dos avec le chiffe dix seulement parce qu'il s'appelait Lionel. Maimouna pensa aussi à ses nombreuses fois qu'ils ont eu à abuser d'elle , elle supportait à la fois la douleur de l'acte , leurs gifles , leurs ricanements , leurs odeurs fétides , puis elle leva les yeux vers le ciel ‹‹ Dieu merci , Dieu merci ›› . Elle pensa également à ces autres migrants qui étaient restés dans ce lieu infernal , eux qui n'avaient la chance qu'elle avait .À suivre
Seydina Alioune
Le 02/07/2020 - 3h00
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Maimouna , la face cachée de la société
No FicciónMaimouna une fille de seize ans vivait une vie rude avec sa mère et ses frères . Tout allait bien jusqu'au jour où un cancer du côlon emporta sa mère . Épreuve après épreuve , Maimouna découvrit le côté sombre de la société sénégalaise , la drogue...