Maimouna , la face cachée de la société

⭐ Épisode 6 ⭐

- Tu me caches quelque chose ma fille ? s'interrogea Awa en la dévisageant

- Bien-sûr que non maman, ne t'en fais pas , je ne te cache rien , je vais vite trouver un nouveau boulot , repose toi bien

Ils passèrent la journée à l'hôpital à discuter de leur vécu quotidien depuis l'internement d'Awa mais Karim et Moustapha n'avait pas mentionné le nom de Birame , car ça pourrait semer le doute dans l'esprit d'Awa et dans la situation qu'elle était à ce moment là elle ne pourrait pas supporter un tel choc émotionnel si elle apprenait ce que faisait sa fille . Maimouna l'avait compris et avait averti ses deux frères de ne mentionner en aucun cas le nom de Birame ou quoique ce soit ayant un rapport avec lui , une consigne que Karim et Moustapha avaient bien respectée. Maimouna avait menti à sa mère sur tout et elle n'en était pas fière mais comment pouvait elle raconter à sa mère tout ce qu'elle a fait dans ces sept mois , la nuit avec le ministre , la drogue , les vols avec Birame , l'officier de Police qu'elle avait tué sans oublier l'avortement qui a faillit la tuer , non c'étaient trop d'éléments pour Awa , elle s'en remettrait pas et Maimouna le savait .Elle devait trouver un boulot coûte que coût car elle devait nourrir ses frères .

Un mois plus tard elle trouva enfin une entreprise privée qui accepta de l'engager , le directeur fut très tendre avec elle, il lui avait donné beaucoup de privilèges que n'avaient pas les autres employés ; déjà Maimouna avait postulé pour faire le ménage mais elle avait été embauchée comme assistante personnelle du directeur. Maimouna commença d'abord par changer de garde de robe , puis se refit les mains , les pieds et tous ce que pouvait avoir besoin une fille pour être présentable au boulot .Au bout de quinze jours la vie de Maimouna bascula à nouveau dans l'ombre . Un jour le directeur de l'entreprise , un certain Mamadou Diop , lui demanda de rester une heure de plus après la descente pour boucler un travail urgent qu'il avait pour elle .

- Mademoiselle Thiam , excusez moi pour l'attente , je veux que vous me reprenez ce projet c'est pas bien fait , en déposant un documents devant elle

- Ne vous en faîtes pas Monsieur Diop , je vais m'en occuper demain

- Ne je le veux tout de suite , rétorqua le directeur

Maimouna se penchant pour voir les incorrections , sentit brusquement une main lui caressait son cou

- Qu'est ce que vous faites monsieur , arrêtez ça , ordonna Maimouna

- Tu crois que je n'ai pas remarqué comment tu me regarde depuis tout ce temps, répliqua le directeur

- De quoi vous parlez monsieur , je suis venue pour travailler pas pour m'envoyer avec vous , hurla Maimouna

- On sait tous les deux que je ne t'ai pas engagée pour tes compétences , alors laisse toi faire et on continue

- Jamais de la vie , cria Maimouna , si vous voulez une pute allez la chercher , ça ne sera pas moi

Maimouna s'apprêta à quitter le bureau du directeur quand celui-ci lui enlaça par la taille , il allait la violait si Maimouna ne s'était pas défendue . D'un geste digne d'un judoka qu'elle avait appris de Birame , Maimouna se débarrassa du directeur d'une prise tellement violente que les vigiles de l'entreprise furent alertés . Le directeur se trouvait au sol et Maimouna s'empressa de quitter le bureau quand il entendit le directeur

- Ne reviens pas demain , tu es virée , hurla le directeur

- Tant mieux alors , hurla Maimouna à son tour

Le directeur avait uniquement engagé Maimouna pour ses atouts physiques et non pour ses capacités , Maimouna aurait dû le savoir , quand elle était venue demander un travail le directeur ne lui avait pas demander de CV , tout ce qu'il lui avait demandé c'était son nom , elle aurait dû remarquer comment le directeur le contemplait aussi , ses hanches , ses jambes . Tous les employés le savaient sauf Maimouna car ce n'était pas la première fois que le directeur se comportait ainsi avec des employés et il suffisait de jeter un regard balayeur dans l'entreprise pour remarquer que les filles étaient largement plus nombreuses que les hommes . Depuis ce jour , Maimouna arrêta de postuler dans les entreprises et demanda à être femme de ménage dans des maisons.

Une semaine après cet incident , Maimouna reçut un coup de fil de l'hôpital lui demandant de revenir en urgence car elle avait quitté l'hôpital vers dix huit heures après avoir visité sa mère qui venait de terminer sa troisième et dernière phase du traitement , un traitement qui fût un succès . Arrivée à l'hôpital à vingt et une heure , Maimouna trouva le médecin chargé de son traitement

- Dites Docteur qu'est ce qui est arrivé à ma mère , interrogea Maimouna

- Je ne comprends pas ce qui s'est passé , répondit le médecin , nous avons réussi à éliminer le cancer mais son état s'est aggravé en l'espace de deux heures de temps, elle a demandé à vous voir

- J'y vais , lança Maimouna en courant vers la chambre d'Awa. Elle ouvrit la porte de la

chambre et découvrit sa mère dans un état inquiétant

- Maman , maman , qu'est ce qui t'es arrivé ? demanda Maimouna les larmes aux yeux

- Ma... Ma fille , je crois que mon heure a sonné , je vais bientôt partir

- Non maman , non ne nous abandonne pas s'il te plait je ne le supporterai pas , bâts toi comme tu l'as toujours fait , répliqua Maimouna qui pleurait à chaudes larmes

- Essuie moi ces larmes ma fille , tu es courageuse , je sais que tu t'en sortiras et tu me l'as déjà prouvé

- S'il te plait maman n'abandonne pas , je sais tu en es capable , si tu nous quittes je ne sais pas ce que je vais devenir

La voix d'Awa perdait de plus en plus de puissance , la pâleur de son visage s'accentuait , son corps commençait à se lâcher

- Ma fille , n'oublie pas ce que je t'avais dit , ne vend jamais ta dignité , le diable va profiter de ton moment de faiblesse pour te détourner, alors garde la tête haute , je te confie tes frères , soit la mère que je n'ai pas pu être pour eux

C'était la dernière phrase qu'avait prononcé Awa avant de rejoindre les verts pâturages

- Non maman ,maman , réponds moi maman , maman , criait Maimouna avec les larmes qui s'échappaient de ses yeux comme un fleuve longtemps contenu et devant lequel s'ouvrent enfin les digues qui s'opposaient à son cours , les médecins n'arrivaient pas à la calmer

À suivre

Seydina Alioune