Chapitre 5

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- Emma ?

- Oui ?

- Viens vivre avec moi.

     Mon cœur tape tellement fort dans ma poitrine, que j'ai l'impression qu'il va exploser. Venir vivre avec lui. C'est un peu précipité. Mais mon cœur me pousse à dire oui.

- Je... Ethan, c'est précipité.

- Accepte, s'il te plaît.

- Ethan, j'ai un appartement à m'occuper, j'ai une sœur à garder et à nourrir, je ne peux pas quitter les lieux comme ça.

- Mais Emma, c'est juste à côté. Nous sommes à vingt minutes de chez toi.

- Et Paige, elle vivra où ? Dans notre appartement lugubre tandis que moi je vivrai dans un palas. Non.

- Réfléchis y alors.

- Il n'y a pas à réfléchir, c'est non.

- Emma, s'il te plaît.

- Ethan, nous ne sommes même pas proches, nous ne sommes pas ensemble, il n'y a pas d'intimité entre nous, il n'y a plus rien entre nous, tu comprends ça ?

- Justement j'aimerais reconstruire notre relation.

- Cela ne sera jamais comme avant. Maintenant au revoir.

     Je sors de la maison, cette discussion résonne dans ma tête Elle me fait mal au crâne et au cœur. Mes artères palpitent. Il faut que je m'éloigne le plus rapidement possible de cette demeure, je ne veux pas qu'il me voie m'effondrer. Notre séparation est encore pour moi douloureuse, même après trois ans, car je ne l'ai pas oublié. J'ai toujours cru qu'il reviendrai et maintenant qu'il est là, je ne sais plus quoi faire. J'ai peur qu'il reparte comme il l'a déjà fait, mais en même temps j'ai envie d'essayer. Je veux le retrouver, je veux que notre relation évolue, pas qu'elle devienne la même qu'avant, car entre 17 et 22 ans, les relations ne sont pas les mêmes. Mais je veux le retrouver. Mais je ne peux pas partir vivre chez lui, sur un coup de tête. Toutes ces oppositions se succèdent dans ma tête, jusqu'à me donner la migraine. Le bus arrive enfin. Je grimpe dedans et m'assois sur une des rares places encore libres.

     Je me pose chez moi, lit un livre, une citation me tape à l'œil. On dirait qu'elle a été écrite pour retranscrire ce que je vis : Suis-je amoureux ? - Oui, puisque j'attends. " L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas ; j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours, quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L'identité fatale de l'amoureux n'est rien d'autre que : je suis celui qui attend.

     Cette citation me fait penser à lorsque j'attendais Ethan, je l'ai tellement attendu que c'est devenu habituel d'attendre frapper à ma porte ce beau brun. Mais il n'est jamais arrivé, durant trois longues années. Je lis, et lis encore, jusqu'à épuisement. Je veux m'endormir, là, pour passer le temps, pour ne pas devoir prendre de décision. Je dois en parler à Paige. En parlant du loup, elle entre dans l'appartement collée à la bouche de Maxime. Ils ne m'ont pas vu. J'essaie de me faire toute petite, je ne veux pas voir ça. Ils rentrent dans sa chambre et ferment la porte. Je décide de sortir de cet appartement avant qu'ils ne me voient, j'attrape mon livre et mon téléphone et pars vers la plage. Je me pose pose sur la plage. Le soleil tape mon corps, je sens que je vais rougir. Je décide donc d'aller à l'ombre, dans un café. Je continue à lire. Une nouvelle phrase me marque : Aujourd'hui est le plus beau jour de notre vie, car hier n'existe plus et demain ne se lèvera peut-être jamais. Le passé nous étouffe dans les regrets et les remords, le futur nous berce d'illusions. Apprécions le soleil qui se lève, réjouissons-nous de le voir se coucher. Arrêtons de dire " il est trop tôt " ou " il est trop tard ". le bonheur est là : il est l'instant présent. C'est comme un électrochoc, je dépose un billet pour mon thé et sort rapidement, je cours, mon cœur s'accélère, je vais dire oui. Je veux dire oui à Ethan. Je cours, je n'en peux plus, ma respiration est saccadée, mais je ne dois pas m'arrêter. J'arrive à mi-chemin. Il me reste plus qu'à courir la même distance et je serais chez Ethan. Je suis à bout de souffle, j'ai besoin de me reposer, je vais attraper une insolation. Je sens mon corps s'affaler sur le goudron chaud du trottoir.

Entre deux battementsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant