Chapitre 11

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J - 4 :

Je me réveille péniblement, comme les quatre-vingt-dix jours qui se sont écoulés depuis la discussion avec Ethan. Je retire la couverture de ma peau, ouvre la fenêtre, et regarde dehors, perdue dans mes pensées. Cette même routine que je suis comme un robot depuis trois mois. Je pars à la douche, me prépare, déjeune, repars dans la salle de bain et prends le bus. Je rentre dans l'agence.

- Bonjour général, salué-je Abby et Morgan.

Notre travail pour Ethan est terminé depuis un petit moment déjà. Je me concentre donc sur la nouvelle collection, d'automne du coup, vu que déjà trois mois se sont écoulés. Nous sommes d'ailleurs à cinq jours d'Halloween, ma journée préférée depuis petite. Je n'ai plus l'âge d'aller frapper aux portes et crier " un bonbon ou un sort" mais si un soupçon de magie passait ici, je souhaiterais demandé une excuse pour y aller. Il me reste quatre jours pour trouver !

Je prends mon repas du midi, et me dirige sur le bord de plage. Je m'arrête au niveau d'une murette qui sépare la ville de la plage et m'assois dessus en tailleur. J'ai pris l'habitude de manger seule le midi, j'en ai besoin pour me retrouver. Un jeune couple passe devant moi, je ressens une boule au niveau de la poitrine. Cette sensation... depuis 2 160 heures ... un vide en moi s'est installé, comme si lorsque j'ai quitté sa demeure, j'y avais laissé une partie de moi. Une sensation qui me prend, qui me coupe l'appétit, qui me coupe le souffle. Mais malgré ça, tous les jours, tous les matins, à tous les rendez-vous, on affiche un sourire, pour rester digne. Mais au fond, on est noyé, on sombre, chaque seconde, nos muscles luttent pour continuer à marcher, pour continuer à parler, sans trembler, sans bégayer. Quelques personnes le remarquent et font tout leur possible pour t'aider. Mais mon seul remède, c'est lui, son amour qu'il me donnait, sa tendresse qu'il me réservait. Me coucher seule, dans ce grand lit, me fait mal, chaque soir, une larme atteint l'oreiller mais malgré tout ça, je continue à vivre. Je ne cherche pas à combler ce vide, car même si j'essayais, ce ne serait qu'échec. Seul lui peut cicatriser cette plaie et pourtant c'est moi qui suis partie, moi qui est décidée de cette séparation, moi qui ne désire plus le voir.

Je rentre à l'agence et bosse toute l'après-midi, comme toujours. Depuis 129 600 minutes, je reste jusque tard, je repousse toujours le moment de rentrer chez moi, et de voir cette appartement vide d'amour ou trop rempli une semaine sur deux, car oui ma petite fée est entrain de s'envoler, de quitter le nid pour vivre une vie parfaite qu'elle aura amplement mérité. La semaine où elle est avec moi et Maxime, il y a plus de vie dans l'appartement, cela me fait du bien. Mais ce soir ne fait pas parti de ces jours-là, elle ne rentre que dans six jours, alors me voilà, entrain de bûcher sur la nouvelle collection, retraçant des traits que j'ai déjà repassé mille fois. Je repasse tellement mon dessin, qu'il finit par se déchirer. Je tends la main à droite pour attraper une nouvelle feuille, mais plus rien. Il n'y en a plus. Je me dirige donc dans le bureau de Morgan, j'entre en faisant attention à ne rien casser vu ma maladresse de ces temps-ci. Les feuilles sont là , j'en attrape une et j'entends du verre se casser. Je regarde par terre, un cadre, je ramasse la photographie, deux enfants sont là. Les enfants, les jumeaux de Morgan, ils sont jeunes sur la photo, je ne sais plus trop quel âge ils ont maintenant mais ce que je sais, c'est que cela va être mon excuse.

Je ramasse rapidement le verre et écrit un mot d'excuse, j'irai acheté un nouveau cadre demain, les magasins sont déjà fermés à cette heure-ci.

Je rentre chez moi, un silence y règne. Je me prépare un thé et me pose sur le canapé, je suis les feuilles de thé tourbillonner dans ma tasse. Tous mes sourires se sont effacés, comme si mes muscles ne pouvaient plus réaliser cette tâche. Essayer me donne des crampes aux joues. Je me sens terriblement seule. Une partie de moi s'est envolée, et je ne peux plus la rattraper. Je sens toujours cette douleur dans ma poitrine, comme si un poids y été et me tirer vers le bas. C'est ça que je ressens en ce moment. Tout veut me faire comprendre que je chute. Je suis en chute libre depuis 7 776 000 secondes. Je pourrais me vanter d'avoir gagné le records de temps en chute libre ! J'ai mis trop d'espoir dans cette relation. Je dois me détacher, m'enfuir de ses bras dans mes rêves, je dois détruire ce qu'il me reste de lui et repartir de zéro. J'ai déjà déménagé pour me construire une nouvelle vie et voilà que celle-là aussi s'effondre peu à peu. Je ne sais plus quoi faire, j'aimerais aller le voir... mais je ne peux pas. Quoi que. Son tournage n'est pas fini, je vais demander à Abby d'aller voir le tournage comme elle me l'avait proposé.

Entre deux battementsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant