New-York, ville de mon enfance, ville de mon règne.
J’ai grandi dans le coin, un peu à l’écart de ces belles tours. J’ai visité le monde. Pourtant, c’est ici que je me sens bien, malgré les gens qui pullulent à chaque recoin et la pollution, je ne me sentirais chez moi nulle part ailleurs.
J’aime cet endroit, il me rappelle ce qu’est ma vie, il suffit de croiser quelques personnes pour le comprendre. Les hommes me craignent ou me regardent avec respect, quant aux femmes, et bien si j’étais du genre à y accorder un quelconque intérêt, je ne manquerais certainement pas de compagnie féminine. J’ai été élevé pour cela, pour dominer et jusqu’à présent, j’ai réussi.
La vitre avant se baisse et mon second, installé sur le siège passager, me regarde de côté.
- Je viens de recevoir un appel, Duegio a réussi à attraper Sergeï, il nous attend à l’entrepôt, devons-nous y aller directement ? Demande-t-il.
- Oui, mon prochain rendez-vous n’est que dans deux heures.
Sergeï est une petite frappe avec qui nous faisions affaire. Dernièrement, il s’est sûrement senti pousser des ailes et a voulu nous doubler. Le stock d’armes qui m'a été livré contenait plusieurs semi-automatiques défectueux. Il n'avait pas le droit à l’erreur et en était conscient. Connaissant ce genre de personnage, il a dû se dire que nous ne nous en rendrions pas compte et qu’il pouvait nous doubler en toute impunité. Cela aurait pu fonctionner avec quelqu’un qui n’est pas aussi paranoïaque que moi. Je l’avoue sans honte. Combien de fois ai-je vu d’hommes se faire descendre parce qu’ils avaient fait preuve de trop d’arrogance ou par excès de confiance ? Bien trop souvent pour ne pas en tirer des leçons !
Alex, mon second, remonte la vitre de séparation et me laisse replonger dans mes pensées.
Il a grandi avec moi, fils d’un des plus proches hommes de main de mon père, il a su faire ses preuves mais surtout, gagner ma confiance. Il a pris deux balles qui m’étaient destinées, sans compter les nombreux coups de couteaux. Ces tentatives d’assassinat à mon encontre m’ont d’ailleurs rendu encore plus méfiant. Non pas que cela m’étonne qu’on tente de m’assassiner, c’est le jeu et j’en suis conscient.
Je n’ai pourtant pas envie de leur faciliter la tâche. Mon cercle proche est très fermé. Il est composé de mes frères, mon père, ma mère et certains de mes hommes. J’ai mes lieutenants qui me servent également de gardes du corps, mon second, un bras droit, mon chauffeur personnel et mon goûteur. Je vous l’accorde, je n’ai pas d’amis et cela ne manque pas à ma vie. Ce sont toujours les personnes qui vous sont les plus proches qui finissent par vous poignarder dans le dos, autant les limiter.
Nous quittons la voie principale pour nous diriger vers les quais de Manhattan, la voiture ralentit et j’aperçois mon entrepôt privé. En réalité, j’en ai plusieurs dans le même genre, disséminés un peu partout dans le pays puisqu’en surface, je dirige une société d’import-export. Cette entreprise, comme tous les commerces que ma famille possède nous servent à blanchir notre argent. Pas que les flics soient dupes, cependant, ils n’ont jamais eu aucune preuve contre nous et personne ne s’est montré suffisamment couillu pour nous balancer et rester en vie.
La voiture s’arrête, j’aperçois plusieurs de mes employés décharger des caisses devant l’entrepôt mais aucun n’entre à l’intérieur. Duegio a dû leur faire comprendre qu’ils avaient tout intérêt à ne pas entrer. Alex descend le premier, puis, m’ouvre la portière pour que je puisse descendre à mon tour.
Les employés que je croise me saluent respectueusement et je le leur rends bien. Le respect mutuel est primordial pour moi.
Alex m’ouvre la porte et me suis de près dès que j’entre. Deux de mes hommes de main sont déjà sur place, ils se redressent en me voyant et me saluent d’un hochement de tête.
- Il est dans la chambre froide patron.
Je hoche sèchement la tête et avance droit vers le fond. L’espace de stockage est très grand, il y a également une salle de repos, un bureau et une chambre froide.
Je m’arrête sur le seuil où se trouve Duegio.
- Bonjour patron, notre ami se trouve à l’intérieur, il est attaché et aucune chance pour lui de fuir.
- Tu as fait du bon boulot, tu seras récompensé plus tard, assuré-je à mon lieutenant.
Il hoche la tête avant de m’ouvrir la porte, j’entre et fais face à un Sergeï sanguinolent, saucissonné comme un nouveau-né. Je le toise de toute ma hauteur, il se tasse encore plus. Mon un mètre quatre-vingt-treize, ma peau mate et mon corps musclé par des heures d’exercice ont toujours eu tendance à impressionner.
- Ah… Sergeï, tu ne t’es pas montré très malin, susurré-je.
- J… je.. je ne sais pas de quoi tu parles l’ami, dit-il de son fort accent russe.
- Non seulement tu as voulu m’entuber, mais en plus tu me prends pour un abruti ! Craché-je.
- Je te jure que je ne voulais pas, j’ai eu quelques soucis avec les livraisons, je…
- Assez ! À l’heure qu’il est, mes hommes sont en train de récupérer chaque arme que tu caches dans tes résidences, dans tes entrepôts ! Ils vont en profiter pour mettre la main sur ton petit frère, tu savais ce qui arriverait si tu essayais de me rouler, et pourtant, tu l’as fait. J’ai du mal à te comprendre.
- Ignacio, je t’en supplie, épargne mon frère, c’est moi et moi seul qui ai merdé, laisse-le…
Une moue de dégoût déforme mon visage, pourquoi ne peut-il pas agir comme un homme et assumer ses actes ?!
- Tu n’auras rien de moi, craché-je avec hargne, ni clémence, ni pitié ! Alex, à toi l’honneur, je ne tacherai pas mon costard avec ton sang de traître !
- Pitié…
Je crache au sol pour qu’il comprenne ce qu’il m’inspire en cet instant avant de lui tourner le dos et de m’en aller.
C’est toujours le même cinéma avec ces chiens, ils trahissent pour ensuite implorer notre pitié ! Des rats ! Voilà ce qu’ils sont à mes yeux. De vulgaires déchets qui ne méritent pas de vivre. Nous sommes tous au fait de ce que nous endurerions si nous tentions de trahir quelqu’un, pourtant ce n’est pas le seul à avoir tenté le coup, je ne comprends pas, c’est à croire qu’ils ne tiennent pas assez à la vie.
Je fais signe à mon chauffeur pour que nous puissions repartir, à cette heure-ci, le trafic est encombré et même si mes bureaux ne sont pas très loin, je vais quand même avoir du mal à m'y rendre dans les temps. J’ai un rendez-vous très important, c’est pour cette raison que je n’ai pas puni Sergeï moi-même, ça aurait été beaucoup trop salissant et me rendre à mon rendez-vous tâché de sang n’aurait pas été une bonne idée.
Il y a une chose que vous devez savoir et absolument retenir, New-York est partagée en quatre territoires bien distincts, propriétés de quatre familles mafieuses. La guerre régnait dans chaque coin de rue, jusqu’à ce que nous trouvions la solution. Nous avons créé un lien, un accord entre nous, personne ne peut empiéter sur le territoire des autres sous peine de sanction. À la première erreur la sanction est la mort.
Nos trafics ne se limitent pas à New-York, j’ai à gérer mes affaires partout dans le monde, tout y passe, ou presque, contrefaçon d’œuvres d’arts, prostitution, armes, drogues. Je ne fais pas dans le trafic humain, j’ai beau être un truand, j’ai mes limites. Une seule famille dans le coin trempe là-dedans, trafic d’organes pour être précis, ça me débecte mais je n’ai pas mon mot à dire. C’est ainsi, parfois, nous n’avons d’autre choix que de fermer les yeux. C’est avec l’un d’entre-eux que j’ai rendez-vous, on peut considérer que ma journée ne débute pas de la meilleure façon.
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Sweet Dream Sous Contrat D'édition ( Elsie Éditions)
AventureMa famille, la chose la plus importante pour moi après mon statut. Je suis prêt à tout pour eux, pour le pouvoir, même à me marier avec une salope du moment que mon alliance se concrétise. Il n'y a rien entre nous hormis une alliance entre deux fami...