Chapitre 1

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Yuko

La vue était magnifique! Le crépuscule a toujours été mon moment préféré de la journée, avec le soleil qui se reflète sur l'océan en quelques petits éclats, comme si des étoiles s'étaient installées à la surface de l'eau, la rendant étincelante sur cette surface orangée. J'étais installée sur le grand palmier au sommet de la colline de l'île, à contempler le paysage en mangeant les fruits que j'avais ramassé çà et là dans la forêt tropicale.

Il devait être dix-neuf heures ou quelque chose comme ça, mes parents et ma petite sœur étaient surement en train de diner tandis que moi et mon éternelle solitude allions contempler un bien meilleur paysage qu'une assiette de poissons grillé dont la saveur ne sera privilégié qu'aux plus âgés et aux enfants, les jeunes adultes comme moi devaient travailler, travailler et travailler. C'est une règle qui nous avait été implantés depuis notre plus jeune âge et elle n'est pas si mal, ça nous évite de ressembler à ces jeunes américains qui pensent tout recevoir de leur parents.

Comme nous étions sur une île ma famille et moi, nous nous informions depuis la radio à l'aide des plus grandes ondes, ce fut grâce à ces grandes ondes que nous avions pu savoir que le Japon et les États-Unis allaient entrer en guerre. Les grandes ondes captaient les radio japonaises mais aussi les radio américaines, à force de les entendre nous avions finis par comprendre certaines de leurs paroles et nous avions rapidement compris que les deux pays avaient des points de vues et des opinions différentes. Chez certains, la confusion s'installait, ne sachant pas qui croire la patrie ou les étrangers, d'autres étaient convaincus que les étrangers avaient de mauvaises intentions.

Je restai toujours assez neutre sur le sujet, chacun avait sa propre opinion et ses propres arguments et ses mensonges, mais je n'étais ni pour mon pays ni pour les Américains. De toute façon, il n'irait pas venir dans une aussi petite île parmi tant d'autres beaucoup plus peuplés que notre seul et unique village! Même si les menaces à la radio se faisaient de plus en plus omniprésentes et inquiétantes, je ne me faisais pas de soucis pour notre île, mais plus pour la capitale, un pays n'est pas assiégé sans sa capitale.

Le soleil termina sa course pour plonger dans les eaux profondes de l'océan, allant rencontrer les fonds marins et ses mille et une espèces marines, coupant ainsi le fil de mes pensées. Je descendis de l'arbre où je m'étais perchée et regagna le village empruntant le chemin habituelle. Il y en a plusieurs mais j'empruntais plus souvent celui-ci, car le sentier était moins "industrialisée", lui donnant l'impression d'être fabriqué par la nature et non par les chariots de l'homme.

Les arbres s'étendaient sur plusieurs mètres, leurs grandes feuilles cachaient le ciel, comme un toit protégeant sa maison de la grandeur du ciel. Les oiseaux piaillaient au-dessus, frappaient des feuilles dans leurs trajectoires divers pour chercher un petit morceau de nourriture. La terre sous mes pieds faisaient des bruits réguliers et apaisants, je me sentais chez moi. Cette sensation de bien-être était tellement profonde que je me suis mise à fredonner une berceuse typiquement japonaise que je chantais tous les soirs à ma petite sœur, ce fut cette même impression quand nous étions dans notre bain, dans une température tiède, dans un espace sécurisant.

Ma chanson inaudible devenait un chant plus nette et précis, qui ne s'accordait pas franchement aux chants des volatiles plus haut, mais qui me laissait dans ma bulle. Quand soudain, j'entendis des bruits de feuilles à ma droite, sûrement celle de buisson, le bruit était fort mais court, je ne suis pas seule, ce devait être une personne lourde, grande ou même obèse! Mais aucun des villageois de l'île ne l'était, je les connaissais tous, leurs apparences, leurs visages, leurs démarches, leurs douleurs et leurs passés, donc un peu dans la panique je reculais, sûrement l'instinct de survie. Je demandai d'une voix forte:

"Qui est là? Si vous êtes un pirate ou un commerçant illégal vous ne risquez rien, je ne dénonce pas!"

Rien. Ce n'était peut-être pas un pirate, un commerçant clandestins ou un villageois, peut-être était ce simplement une grosse bête. Je regardai encore une fois autour de moi et, ne voyant rien de suspect je repris ma route, laissant la berceuse aux oreilles d'un autre.

MaydayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant