3. Les frères d'or

103 9 4
                                    

Il faisait chaud à l'extérieur et pourtant, il frissonnait. Les murs étaient froids et pourtant, une buée émanait d'eux. Il réalisa alors qu'il commençait à voir flou. 

Rémus tournait en rond. Il était inquiet.

Il avait oublié. Il avait oublié comment se transformer en souffrant, parce qu'il avait passé son année accompagné de ces amis. Il avait oublié comment souffrir seul, il avait oublié à quoi ressemblaient la douleur et la longueur d'une nuit enfermé à triple tour. Il avait oublié comment il pouvait trainer sous des kilomètres de terre sans être entendu, sans qu'une âme n'entende son cri ou ne comprenne sa souffrance.

Il avait oublié et il en avait peur.

Il avait à nouveau peur, comme s'il devait redécouvrir la transformation, comme si cette année avait effacé le passé qu'il ne reconnaissait plus.

Que faisait-il pendant des heures, seul dans le noir ? Mâchouiller les murs, taillader tout ce qu'il trouvait dans sa route ou sa tournée, se mutiler et hurler en se brisant la gorge, les côtes et le visage ? Que faisait-il, pendant des heures, autre que souffrir ? Il faisait comment avant ?

Il avait peur. Il avait peur du monstre à nouveau.

- Gryffondor, mon œil !

Rémus aurait voulu avoir le courage de dire à James qu'il avait besoin de distraction. Il aurait voulu dire à Lily qu'il était inquiet qu'elle soit à seulement des mètres au dessus de lui, il aurait voulu dire à son père que le loup d'il y 'a une année ne ressemblait plus à celui de cette année. Le loup solitaire et meurtri qui se recroquevillait et s'autodétruisait n'était plus là.

Il y'avait un autre loup. Un loup qui savait qu'il pouvait avoir plus que des dizaines de cicatrices, qui gambadait et cabriolait avec d'autres animaux, qui pouvait être assez distrait pour ne penser à manger, qui pouvait être fatigué sans s'être mordu juste en ayant couru. Il y'avait cet autre loup qui était moins dangereux, tout en étant plus hasardeux, car celui-là avait appris l'expansion.

- Si je m'enfuyais et si j'étais plus fort et plus confiant ? Et si les sorts n'étaient plus suffisants pour me tenir captif ? Et si le loup en moi ne voulait plus être captif ? Si mon odorat s'était développé ? Et si j'attaquais Lily, l'étrangère au loup ? Comment McGonagal a-t-elle penser que la fille serait plus en sécurité ici, que dans le chemin de Traverse ? Ou dans l'Impasse du Tisseur ? Ici, il y'a un monstre !

Un monstre que tout le monde connaissait dans le voisinage le plus loin, un monstre qui faisait croire aux sorciers que le quartier où se trouvait la maison des Lupins était habité par des créatures de l'ombre qui en effrayaient plus d'un, tout comme ils croyaient la cabane Hurlante hantée.

Rémus Lupin était inquiet, Rémus Lupin avait peur et il passait des minutes à insulter le choixpeau de l'avoir berné, de lui avoir fait croire qu'il était un Gryffondor.

Il cessa de tourner en rond et aperçut Minerva McGonagal passer devant le perron et être accueillie par son père.

Rémus ne put s'empêcher de se demander quel était l'objet de cette visite. Il se posa plusieurs questions toutes aussi farfelues les unes que les autres et réussit tant bien que mal à oublier son état de fatigue et de peur.

Il se mit à tourner en rond à nouveau et fixa le plafond puis les trois petites fenêtres près du plafond. Il regarda ces barrières ensorcelées et se demanda s'il avait assez de force pour les détruire. Il secoua la tête vivement et chassa la voix du chaos, la voix du loup en lui. Soudain, son attention fut attirée à nouveau. Lily, Frank et Alice s'approchaient de sa maison, il s'éloigna en vitesse et pensa à ces amis à lui.

Ne jamais dire jamais à un Potter II: L'armée cachée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant