Chapitre 28

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Un de mes chapitres préférés ;)
Bonne lecture !

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'' Diego ''

– Johnny Hallyday –

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 — Chapitre 28 —

Alec

Plongé dans la grande forêt de PuzzleWood, j'observe en marchant la nature autour de moi. Les arbres si grands qu'ils nous cachent la vue du ciel, nous donnent cette impression de protection qui se trouve nécessaire durant ce genre d'événements. Certaines racines sont hors-terre et s'enchevêtrent, s'enlacent, s'emmêlent, exactement comme nos quotidiens, nos vies le sont en continu. À cause de l'humidité et du lieu ombragé qui nous enferme presque dans une bulle de chagrin, l'air se fait plus lourd, rendant quasi insupportable notre présence.

Aujourd'hui, il pleut. Comme si le temps nous confirmait que c'était une mauvaise journée, grise, qui nous conférait le droit de verser quelques gouttes, quelques larmes. Il fait froid aussi. Peut-être dans le but invérifiable de partager les sensations, en nous frigorifiant tel le cadavre que Diego était devenu.

Je n'ai pas vraiment envie de rester à cet enterrement ; même si la présence de Luce, le rend plus supportable. Pas parce que le souvenir de Diego m'importe peu, loin de là, c'est plutôt à cause des douloureux souvenirs qui m'envahissent que j'appréhende cette journée.

Je me remémore encore le rythme de mes pas dans l'allée centrale, la douleur au bout des doigts que je m'infligeais volontairement avec la rose blanche dans ma main, le silence insupportable qui régnait dans l'assistance.

Exactement comme aujourd'hui.

Je reprends le même chemin, le même rythme, le même châtiment, à la différence près que j'ai grandi et que cette fois-ci, je ne suis pas seul.

Ma main gauche planquée dans la poche de mon costume noir, je me triture les doigts, nerveux quant à la similitude entre les deux événements. Tous les regards sont braqués sur moi, sur nous. Car je ne suis plus seul. Ma famille, mes amis, Luce ; sont cette fois-ci derrière moi, pour m'aider, me soutenir, s'en souvenir. Luce est d'ailleurs aux côtés de mon ombre, comme pour veiller sur moi tout en me laissant l'espace dont j'ai besoin.

Il n'y a pas plus compréhensive qu'elle.

Je continue à avancer dans l'allée centrale vers cette boîte sombre, cauchemar de tout Homme, en ayant cet afflux incessant d'émotions, de souvenirs, de musiques à mes oreilles. Ma tête ne le supporte plus et me le fait savoir en secouant avec virulence ma main gauche de tremblements. Je tente de garder la face, de ne rien laisser paraître, mais je sens ma volonté s'effriter petit à petit. Je crispe durement les mâchoires en détournant le regard, ne supportant plus la vision de ce tas de roses qui n'attend que la mienne.

Bien que mes pas se fassent beaucoup moins rapides sur le chemin de terre, une douce main chaude se glisse dans ma poche, et s'imbrique immédiatement avec la mienne. Surpris, je pose les yeux sur le bout de tissu sous lequel nos mains sont entrelacées, puis sur la femme à l'initiative de ce geste. Elle garde le silence, pour ne pas briser l'atmosphère lourde qui règne dans cette sombre forêt, et m'offre l'un de ses sourires, à la fois réconfortants et capables d'absorber une partie de ma peine.

L'inconnu - L'avènementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant