Partie 5

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   Une main se posa sur mon épaule, me tirant brusquement de la léthargie dans laquelle j'étais entré en me souvenant de mon histoire. Je sursautai, me rendant compte que j'avais bloqué pendant une bonne vingtaine de minutes, et que tout le Cercle me regardait avec insistance. Je posai une main sur ma joue, comme si je sortais d'un rêve. Hoyashi se pencha vers moi, posa une main délicate sur mon front et me demanda :

« Tu vas bien ? Tu as décroché et tu fixais le mur sans rien dire.

-Je vais bien, excusez-moi, j'étais plongé dans mes pensées.

  Arlos me regarda avec un sourire en coin.

-Ce n'est pas grave, Erebos. Tu n'as pas manqué grand-chose. Tu peux sortir prendre l'air si tu veux, la réunion était terminée. »

  J'hochai la tête, et me fis entraîner par Orla vers la sortie du QG. Nous nous éloignâmes, puis nous posâmes contre des arbres.

« Tu pensais à quoi alors ?!

-A ma vie, et à mon amour pour Nyx.

-C'est mignon ! Tu comptes lui demander quand ?

-Le plus tôt possible, sûrement ce soir.

-Avant ou après votre pré-nuit de noces ?

  Je rougis. J'étais habitué aux remarques sans gêne d'Orla, mais quand cela touchait à ma vie sexuelle, ce n'était jamais très agréable.

-Très drôle. Je vais l'emmener au lac. Ce sera tranquille. Je serai loin des folles.

  Je lui tournai le dos, pour rejoindre ma douce, qui devait sûrement traîner dans la salle de réunion avec Arlos, à tenter de créer de nouveaux plans.

  Avant cela, j'avais besoin de passer par la salle à manger, pour créer un repas à déguster dehors digne de ce nom. Je rentrai alors par l'entrée principale, en vérifiant que personne ne me suivait, la fermai soigneusement, donnai ensuite le mot de passe pour la deuxième entrée gardée par Erklärm et Soilyamus, deux personnes plutôt sympathiques, mais avec qui je n'avais pas plus d'affinités que cela. Enfin arrivé dans le cellier, je pris quelques aliments : du pain, du fromage, de l'eau dans une bouteille en verre fermée par un bouchon de liège, et deux pommes. Un repas frugal, mais nous ne pouvions pas nous permettre de plus parce que la nourriture était limitée. Surtout que le fromage était une denrée rare, chère, ce qui compensait la faible quantité de nourriture. La viande aussi était rare, ainsi que le sucre. Le miel était le meilleur ami des thés d'Hoyashi. Je buvais mon thé noir toujours nature, tandis qu'elle mettait trois cuillerées de ce met dans le sien.

  Le petit panier composé, je marchai en direction de la salle de réunion, d'où des éclats de voix sortaient. Je reconnu les voix d'Arlos, Hoyashi et Elmi. Ce dernierétait un jeune homme de seize ans, certainement un des résistants les plus jeunes. Son père et sa mère étaient des membres du Cercle, qui ont été tués lors d'une mission d'infiltration au château. N'ayant nulle part où aller, Ethaïr a demandé à rejoindre la Résistance. Je l'ai pris sous mon aile, puis quand Hoyashi est arrivée elle l'a tout de suite adoré et est devenue proche à son tour de ce jeune adolescent au caractère bien marqué. En effet, il s'était forgé une carapace, prenant exemple sur l'armure que je m'étais imposée, cachant certains sentiments, pour ne pas me faire toucher mentalement. Il a dû faire face à la solitude dès son jeune âge, comme moi. J'étais désormais celui qu'il considérait comme son grand frère. Il m'appelait donc Aniki, et moi je l'appelai Otôto, pour lui montrer que ce sentiment de fraternité était réciproque. Avec Hoyashi, ils étaient les seuls à pouvoir me donner des surnoms affectueux. Toutes les fois où Orla avait tenté de m'appeler mon petit d'Résistaninounet d'amour elle avait écopé d'un malencontreux croche-patte involontaire, tandis que me moquais d'elle avec toute l'innocence du monde. Elle ne se vengeait jamais, car elle se retrouverait au tapis en quelques secondes si elle tentait.

Les Dieux sont mortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant