Partie 3

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  Après quelques minutes de marche rapide, à nouveau, nous étions arrivés devant la maison de Lonna -et Toris, par conséquent. Nous étions entrés, après avoir frappé les sept coups habituels. Le reste de la bande était affalé sur un fauteuil, un canapé ou bien des chaises. Ernam s'était installé confortablement dans son fauteuil préféré après avoir pris une pomme dans le panier posé sur la table basse. Je m'étais installé à mon tour sur une chaise, croisant les bras et les jambes, attendant que la joyeuse troupe daigne se taire. C'était Kesha qui avait instauré le silence en prenant la parole d'une voix douce mais forte.

« Alors Iraem, que voulais-tu nous dire ? »

  Je leur avais raconté ma journée, n'omettant aucun détail de la discussion avec Arlos. Lorsque j'avais terminé, un silence de mort s'était abattu dans la pièce auparavant chaleureuse. Lioz avait finalement mis fin aux réflexions de tous :

« Je suis prêt à m'inscrire dans la Résistance avec toi.

  Les autres avaient marqué une pause. Ernam était intervenu :

-Je suppose qu'on n'a pas vraiment le choix. Car il est hors de question que je te laisse aller avec ces personnes dont on ne sait quasiment rien avec un seul compagnon. Puis je ne vois pas ce que je ferais sans toi, honnêtement.

  Toris et Lonna s'étaient concerté silencieusement, avant que Lonna ne donne leur réponse.

-On vient aussi. Après tout, on est une bande ! On ne va pas laisser l'un d'entre nous se jeter dans l'inconnu seul ! Et puis, je déteste ce roi. Si toute cette histoire de Résistance est réelle, ça pourrait bien être utile et apporter un autre sens à notre vie !

  Son compagnon compléta :

-C'est pratique de se fixer des objectifs, ça permet d'avancer sans jamais perdre espoir. On a besoin de cela dans notre vie, je suppose. »

  Les regards s'étaient tournés vers la dernière, qui hésitait. Au moment où elle voulu prendre la parole, je l'avais coupé dans son élan.

« Tu sais Kesha, personne ne t'en voudra si tu ne viens pas. Après tout tu pourras accomplir de grandes choses, ce serait bête de te faire tuer dans une mission. Puis tu as une famille qui t'aime, ne gâche pas tout cela simplement pour me rejoindre. Et puis, je suis sûr qu'on pourra toujours se voir de temps en temps. »

  Elle avait baissé la tête en rougissant. Elle avait beaucoup plus à perdre que nous. Après tout, les seules choses qui comptaient pour nous étaient cette bande. Ce n'était pas le cas pour elle. Elle avait relevé la tête et ancré son regard déterminé dans le mien.

« Vous êtes ma deuxième famille. J'ai beau être une bourgeoise, j'ai toujours partagé vos opinions à propos du roi. Je le déteste aussi. Je veux vivre cette aventure et renverser le pouvoir à vos côtés. Je serai bien plus utile là-bas qu'à devenir infirmière pour des vieux aigris en fin de vie ou en bourgeoise déclamant des stupidités à la cour. »

  Tout le monde avait hoché la tête et souri.

  Le lendemain, Arlos était venu nous chercher comme promis. Il avait paru content quand il avait vu que mes cinq amis s'étaient engagés avec moi.

  Les années étaient passées. Lioz était mort dans un incendie quelques mois après notre entrée dans la Résistance. Un résistant-civil devenu fou que rien ne se passe, et que sa famille décédée dans un des nombreux massacres de population jugée non-utile à la société- les plus démunis- ne puisse être vengée, avait mis le feu à la base où Lioz était affecté. Cela s'était passé la nuit, et il n'avait pas pu être évacué à temps. Il était mort dans son sommeil, la fumée toxique s'étant immiscée dans ses poumons avant que son corps ne brûle. J'avais tué le fou de mes propres mains. Six mois après, un soldat d'élite de la garde royale avait tué Toris, le suspectant d'être un résistant. Il était en mission avec Lonna. Elle était revenue de ses quelques courses en civil, et quand elle avait découvert le corps de son bien-aimé, elle s'était à son tour donné la mort. Après ces tragédies, j'avais demandé à faire entrer Ernam et Kesha dans le cercle. Je voulais qu'ils soient toujours à mes côtés afin de les protéger. Les trois morts m'avaient trop détruit. Arlos avait accepté. J'étais enragé. Je m'étais juré de tuer les soldats d'élite pour venger mes deux amis. Nous n'étions plus hésitants. Nous étions des résistants actifs, menant de nombreuses missions périlleuses, dans un même but, tuer le roi.

  Un jour, nous avions mené une bataille contre des soldats d'élite qui venaient massacrer les habitants d'un faubourg. La misère était partout. Dans l'air, sur les murs des habitations, dans la terre... La nourriture était infestée de vers, les rats grimpaient sur les passants, pleins de maladies. C'était un spectacle répugnant. Je m'étais battu aux côtés d'Ernam, avant qu'il ne se fasse trancher la tête par un soldat rapide. Mais pas assez pour moi. Je lui avais coupé ses membres avant de lui planter un couteau dans les yeux, puis lui avais planté mon poignard dans le cœur. J'étais fou de rage à ce moment –là. Nous avions finalement gagné la bataille, limitant les morts. Malheureusement, Kesha s'était faite mordre par un chien ayant la rage lorsqu'elle soignait un résistant blessé. Elle avait succombé une semaine après.

  Je m'étais alors retrouvé seul. J'avais donc placé ma confiance en Arlos. Il nous mènerait vers la victoire, j'en étais et suis encore aujourd'hui certain. Un an après la mort de Kesha et Ernam, une silhouette encapuchonnée s'était présentée à notre porte. Derrière elle, un homme grand avec une carrure imposante s'était fait égorger par ce qu'on devinait être un soldat d'élite. J'étais sorti avec mes armes et, après un combat acharné, je l'avais tué. J'avais fait entrer la personne à la capuche dans la base où je me tenais avec Orla, une jeune fille de vingt-et-un an, pleine de vie et très intelligente. Elle créait la plupart de nos plans, avec Arlos. Elle faisait partie du cercle, bien entendu. Nous étions tous les deux en mission dans une maisonnette dédiée à accueillir les membres du cercle. La bâtisse était située à l'orée de la forêt, à quelques mètres des logis du village. Nous lui avions demandé son nom et pourquoi elle avait frappé à la porte. Elle avait enlevé sa capuche, révélant des cheveux châtains tombant juste au-dessus de ses épaules, et de grands yeux bleus-verts. Elle avait quelques tâches de rousseur sur le visage, et une chaîne argentée pendait à son cou, un pendentif en forme d'oiseau avec les ailes déployées accroché au bout. J'avais froncé les sourcils, ce pendentif me disant quelque chose.

« Je me présente. Je m'appelle Hoyashi Ermat. Je suis la nièce de Soros Ermat, le roi de Szien. »

  Voilà ce que me disais ce pendentif, l'oiseau représentait la liberté et la vie. Il contenait une bénédiction. Je n'avais pas perdu une seconde. En un temps record je bloquais ses bras avec un des miens, ses jambes coincées entre les miennes et mon couteau de ceinture sous sa gorge. Elle avait retenu un sursaut pour éviter de se blesser, et souri faiblement, visiblement fatiguée. J'avais pris la parole :

« Que nous veux-tu ?

  J'avais relâché légèrement ma prise pour qu'elle puisse parler, toujours vigilant.

-Laissez-moi terminer, je vous en prie. Après, si vous ne me croyez pas, vous pourrez me tuer.

  J'avais jeté un regard à Orla, qui avait discrètement hoché la tête, que la jeune femme avait tout de même perçu, car elle s'était détendue.

J'ai oublié de poster hier, du coup je profite de mon heure de trou pour le faire.
Désolée j'étais à fond dans mon entrée au lycée ! Ça s'est bien passé vous ?

Les Dieux sont mortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant