Partie 7

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  Les jours passaient. Mon louveteau grandissait rapidement. Avec l'aide d'Hoyashi, je l'élevai de sorte à ce qu'il nous aide lors des missions. Nous approchions de la date fatidique. La mission était prête et parfaitement ficelée. Nous avions pris en compte un bon nombre de facteurs et prévu de changer nos plans en fonction de ceux-ci. Nous avions envisagé le pire. Dans moins d'une semaine, nous allions tenter le tout pour le tout. Ce serait soit une réussite, soit un massacre, ainsi que la fin de la Résistance, et du peu de liberté qu'il restait au peuple. Nous nous échouions, le Royaume entier en pâtirait. Et pas qu'un peu. Je me préparai à partir à mon point de ralliement. J'étais capitaine d'une quinzaine d'homme. Orla était à la tête d'un autre peloton, ayant une autre mission. Arlos, lui, commandait la dernière équipe à partir. Les autres membres du Cercle s'étaient partagé le reste de la Résistance. J'avais Hoyashi dans mon escouade, sa présence auprès de moi était indiscutable, et le Cercle l'avait bien compris lors de la répartition des Résistants. Elmi aussi en faisait partie. J'avais d'abord refusé qu'il participe à cette opération. C'était du suicide pur et simple. Puis, il avait discuté dans mon dos avec Arlos, et ce dernier avait accepté. La seule condition était que je le prenne dans mon équipe. Arlos savait très bien ce que j'en pensais et était de mon avis. Elmi était bien trop jeune. Cependant, il préférait me laisser m'en charger, comme si je n'avais que cela à faire. Le plus jeune m'avait supplié des jours et des nuits. Il m'avait causé une migraine, et malgré tout l'amour que je lui portais, j'avais dû lui demander de se taire en le mettant au sol plusieurs fois. Malgré mon énervement et mes menaces, il avait insisté. J'avais fini par craquer, en lui promettant de lui botter le cul une fois que tout serait fini.

  Je sentis une main dans mon dos. Je me retournai et croisait le regard déterminé de ma femme. Elle avait peur, mais s'était entraînée dur pour arriver jusqu'à maintenant. Je m'inquiétais aussi pour elle, je l'aimais tellement, je ne pouvais me permettre de la perdre.

  Elle se mit sur la pointe des pieds pour m'embrasser le front, se tenant à moi grâce à sa main sur mon torse. Je souris à son geste réconfortant, elle était la plus belle chose qui me soit arrivée. Je passais affectueusement ma main dans ses mèches aux reflets roux grâce au soleil.

-Va te mettre en selle, nous ne tarderons pas à partir.

  Je me penchai légèrement en avant pour déposer un baiser sur ses lèvres avant qu'elle n'aille préparer son cheval. Elmi arriva quelques secondes plus tard, se moquant de mon air ébahi par l'amour que je portais à Hoyashi. Je lui répondis qu'il comprendrait plus tard pourquoi passer du temps avec elle me rendait ainsi. Il ricana, répondant qu'il ne voudrait jamais sortir avec quelqu'un si c'était pour avoir une tête d'abruti fini. Je lui tapais l'arrière du crâne en lui rappelant que j'étais son supérieur et qu'il ne devait pas me manquer de respect. Nous rîmes ensemble, Hoyashi ayant entendu notre conversation se joignant à nous. Elmi rejoint ensuite ma femme qui lui avait apporté son cheval à la robe boisée, la remercia et ajusta sa selle.

  Toute mon équipe était au complet, nous étions prêts à partir. Arlos arriva enfin pour vérifier que tout était bon.

-Il ne manque rien ni personne ?

-Non Ihn, répondit un de mes soldats, nous pouvons partir.

-Bonne chance à tous.

  Il serra la main de chacun des soldats, et se pencha à l'oreille d'Elmi pour lui chuchoter des encouragements quand ce fut son tour.

  Il me prit ensuite à part. Il paraissait soudainement plus inquiet.

-Erebos, tu es certainement la personne en qui j'ai le plus confiance avec Orla. Je n'ai sûrement pas besoin de te le préciser, mais prends soin de Nyx et de Katharos, ou plutôt devrais-je dire Otôto pour toi.

-Compte-sur moi, Ihn, je ferais tout pour les protéger.

  Il parut bien plus assuré.

-J'aurais besoin de tous les membres du Cercle une fois la bataille gagnée. Tâchez de tous rester en vie.

-Tu n'as pas à t'inquiéter pour cela.

  Je riais, un peu nerveusement, certes. Je n'étais pas sûr de pouvoir assurer la sécurité de tous, et cela m'angoissait. Mais je ferais de mon mieux. Je ne supportais plus perdre des proches, après avoir perdu tous mes amis. J'allais les venger, leur montrer qu'ils n'étaient pas morts en vain. La rage montait en moi. C'était une bonne chose. Je vaincrais tous nos ennemis.

  Arlos me prit brièvement dans ses bras. Il n'avait jamais été très tactile, mais il en avait bien besoin. Nous revînmes auprès de mes soldats. Je montai sur mon cheval, qui avait une belle robe ambrée. Arlos nous encouragea une dernière fois, puis nous partîmes en direction de la capitale, nous séparant en petits groupes pour ne pas se faire repérer.

  Hoyashi et Elmi se tenaient de chaque côté de mon cheval, galopant à une vitesse moyenne. Actéon nous suivait de près, se frayant un passage à travers les branches mortes et les feuilles de la forêt.

  Les heures étaient passées. Nous n'étions toujours pas descendus de nos chevaux. Nous avions cavalé toute la journée, la fatigue se faisait ressentir dans nos corps engourdis.

  J'aperçus enfin le point de ralliement de mon équipe. Nous allions pouvoir nous reposer un peu avant la journée de demain.

  Je l'annonçai à mes deux compères, qui soupirèrent de soulagement. Nous descendîmes de nos chevaux, les attachant près d'un point d'eau. Nous nous étirâmes, la position inconfortable dans laquelle nous étions assis nous ayant rendus fourbus. Nous nous installâmes contre le mur de la maison en ruines où nous étions.

  Au bout d'une ou deux heures, tous mes hommes étaient arrivés. J'étais content que le voyage se soit passé sans accroc. Bien sûr, quelques uns avaient croisés des soldats simples ; mais ils les avaient tués ou ne s'étaient pas fait repérer. Tout se déroulait pour le mieux et cela m'ôtait un poids des épaules.

  La soirée ne s'éternisa pas. Après un repas relativement consistant, et lorsque les quarts de ronde pour surveiller le camp furent décidés, ceux qui ne prenaient pas le premier allèrent se coucher.


La 8ème partie mettra du temps à arriver.

Ange.

Les Dieux sont mortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant