A rendre avant la prochaine Nouvelle Lune

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          Ce lieu demeurait sombre et froid. 

Comme tous les cimetières.

Non.

Celui-ci paraissait particulièrement étrange, sans que je ne puisse dire pourquoi. Des tombes de marbre et de pierre noircies avec le temps s'alignaient dans la terre boueuse et des fleurs fanées gisaient sur certaines d'entre elles tel des cadavres en décomposition. Les arbres, dépourvus de feuilles, semblaient me menacer de leurs branches griffues, ils recouvraient la plupart du cimetière. Des statues de la vierge et d'anges pleurant les mains sur le visage veillaient sur les morts et entouraient le cimetière à la manière d'un cromlech. Une odeur de pourriture imprégnait l'air. Un froid mordant envahit l'atmosphère, me cisaillant la peau comme des aiguilles gelées. Un épais mur de brume se dressa, si dense qu'il fut impossible de distinguer quoi que soit. Mes recherches devinrent impossibles. Je ne me sentis soudain plus en sécurité, comme si les statues qui peuplaient le cimetière m'emprisonnaient à l'intérieur de celui-ci. Je repensait aux ombres, aux monstres tapis dans les recoins dans la partie sombre des tombes. Les statues ne m'instillait que la terreur. Ma gorge restait nouée et mon cœur tambourinait contre ma poitrine.

C'est juste un cimetière.

Bien que je ne les voyais plus à cause du brouillard, je sentais leur regard oppressants posés sur moi. Les images défilaient; le feu, la nuit, la mort. La panique commençait me gagner, puis aussi soudainement qu'elle était apparue, la brume se leva et je pus distinguer les statues. Elles semblaient dans la même position que lorsque j'étais arrivée, mais plus proches.

Juste un cimetière.

Elles semblaient tous tournés vers moi et m'encerclaient. Je secouai la tête en me persuadant que les statues n'avaient pas bougé et que mon imagination me jouait des tours. Je repris mes recherches plus activement. Toujours cette voix me suppliant de partir.

La nuit commençait à tomber quand je trouvai enfin la tombe que je cherchais.  Le ciel se voilait d'un manteau sombre parsemé de cristaux scintillant. Mais ici, les étoiles ni la Lune ne demeuraient visibles, les statues semblaient encore plus proches. Un frisson me parcouru le corps.

Cette tombe me sembla toute proche bien que quelques mètres me séparaient d'elle. Ne possédant aucuns ornements, elle semblait datée de plusieurs siècles ; l'érosion et la végétation l'envahissaient, et le nom « Simon Roy » figurait en lettres grisâtres au milieu de la tombe. 

Je fis à peine un pas que je me retrouvais devant. 

Parfaitement calme mais plus terrorisée que jamais, je m'agenouillai et je saisis ma sacoche. Avec la craie, je traçai le pentacle et j'allumai les bougies avant de poser le cœur au centre et de réciter les paroles du rituel. Le cœur sembla reprendre vie ; il redevint humide et gorgé de sang. Pourtant, il sembla se mettre en mouvement. Soudain, une patte velu en sorti, puis deux. puis huit. Un frisson descendit le long de ma colonne vertébrale. L'araignée entière émergea de l'organe, me fixant de ses yeux écarlates, avant de s'enfuir à tout vitesse. Visiblement, les araignées avaient un autres but en plus du piège tendu par le masque.

Que veulent donc ses araignées? 

N'ayant aucunes réponse à cette question, j'effaçai activement les traces de craies et je clouai soigneusement le cœur à la tombe dans un bouquet de fleurs. Je me retournai, mais sursautai en voyant ce qui m'attendait. Les statues formaient une foule autour de moi. M'encerclant, me barrant le passage. Pourtant, elles ne paraissaient pas s'être rapprochées, comme si je n'avait pas remarqué avant leur disposition avant. Mais je n'eus pas le temps de faire un pas qu'une intense lueur émergea du pentacle. 

Ce fut la dernière chose que je vis avant de perdre connaissance.

          Lorsque je me réveillai, je me trouvais dans ma chambre, le soleil commençait à peine à se lever. Je me souvins soudainement des événements étranges que j'avais vécus ; Simon, le cœur, le cimetière. Je me précipitai hors de ma maison et je courus à l'hôpital. Personne ne semblait se souvenir de Simon et quand je leur demandai où il se trouvait ils me répondaient qu'il n'y avait jamais eu de patient nommé ainsi. Quand j'entrai dans la chambre où je m'étais battue avec lui ; je ne vis aucune trace de conflit, aucune tache de sang, le lit semblait parfaitement mis en place et même le couteau demeurait disparu. Quant à Simon, je ne retrouvai ni son corps, ni son dossier, comme s'il n'avait jamais existé. Je redevint celle que j'étais avant; maternel et solidaire. Martin m'évita d'abord, mais je me réconciliai mais je me réconciliai vite avec lui.  La vie redevint normale. Quand je repensais à tout ce qui s'était passé, je ne pouvais m'empêcher de croire qu'il ne s'agissait que d'un rêve, pourtant, dans le journal « Le siècle », on parlait d'un cœur retrouvé cloué sur une tombe dans un bouquet de pensées le 4 octobre 1885. Tout cela me laissait perplexe. Je ne comprenais plus rien. Pourtant, en rentrant chez moi le soir, je retrouvai près de mon lit, un livre en cuir rouge orné une pierre verte en forme d'œil. Quand je l'ouvris, je ne découvris que des symboles incompréhensibles et impossibles à déchiffrer, seule une inscription demeurait lisible ; « A rendre avant la prochaine nouvelle lune ».



Une magie d'ombre et de sang (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant