Beltane

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Quelque chose n'allait pas. Compte tenu de la situation dans laquelle elle avait macéré ces derniers temps, c'était probablement l'euphémisme du siècle.

Mais quelque chose n'allait vraiment pas. Même pour ses standards. Même pour cette réalité tordue.

La sorcière était piégée dans son propre esprit, incapable de lutter contre ce qui lui avait été insufflé un peu plus tôt.

Son corps engourdi ne lui répondait pas. Incapable d'effectuer le moindre ordre que la Gryffondor lui envoyait dans un élan désespéré. Ses membres refusaient de bouger. Alors pourquoi n'avait-elle pas peur?

C'était tellement... Tellement biaisé. Tellement foutu. Hermione essayait désespérément de recouvrer ses esprits.

Le sang encore tiède qui redessinait les rigoles entre les pierres irrégulières imprégnait sa prison. C'était âpre. Sirupeux. Une odeur familière. Désagréable.

Oh Merlin... Elle ne s'était jamais sentie aussi faible. Pourtant elle n'avait pas froid. C'était comme si son corps avait été enveloppé dans une bulle protectrice. Comme une étreinte chaleureuse, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Elle de sentait en sécurité. Hermione était incapable de faire le moindre mouvement, incapable de penser correctement... Mais elle était en sécurité. Toute sa logique avait chaviré d'un seul coup. Elle luttait pour instaurer une certaine cohérence à cette scène surréaliste.

C'était vain. Elle le savait. Ses sentiments et sa part rationnelle s'étaient engagées dans une lutte interminable.

Ça bourdonnait dans son corps. Elle pouvait sentir la magie noire résiduelle serpenter dans ses veines que la peur passée avait dilaté.

Une odeur métallique avait empreint la pièce. Ses pensées désorganisées ne parvenait pas à trouver la moindre cohérence chronologique.

Les cris de jouaient encore au premier plan de son esprit embué. La lionne essaya lentement de se réapproprier son corps. Il y avait quelqu'un d'autre. Une présence. La Gryffondor était simplement trop confuse pour en déterminer la localisation exacte.

Aussi absurde que cela lui sembla, elle avait l'intime conviction que cette présence était à l'intérieur. C'était tellement stupide. Tellement inconfortable. Et à la fois... Tellement réconfortant.

C'était comme sentir dans sa poitrine, un coeur qui battait, un peu en contre temps. Sans pouvoir le concevoir clairement. Mais cette présence était ailleurs également. Rien n'avait de sens.

Hermione avait besoin de placer un cadre à ce sentiment étrange. Elle avait besoin d'une accroché sensible, aussi laide et terrifiante soit-elle. Il faut un corps à placer sur cette odeur détestable. Elle avait besoin de se confronter à la réalité qu'elle connaissait déjà. C'était seulement tous facile de la nier dans l'obscurité confortable que lui octroyaient ses paupières trop lourdes.

Le cadavre du sorcier gisait à quelques pas. Il lui fallut un moment avant d'ouvrir délibérément les yeux.
Ses paupières avaient papillonné longtemps, sur la cellule, à moitié dévorée par la pénombre. Le monde était dilué devant ses yeux fragiles. Les tâches valsaient devant elle et son univers tanguait trop fort.

La Gryffondor renonça finalement. Ça n'en valait pas la peine.

Hermione haïssait cette vulnérabilité. Cette impuissance qui rendait sa volonté poreuse et faible. Oh comme elle aurait préféré que des liens la maintiennent en place. Tout aurait été plus supportable.

Mais ses poignets étaient désespérément nus et ses chevilles libérées de leurs chaînes depuis une éternité.

Le sortilège lui avait coûté plus que ce qu'elle n'aurait imaginé. L'humiliation avait criblé sa bouche d'un goût amer. La honte et le dégoût avaient cette saveur poisseuse, collante, qui roulait sur sa langue.

Roue de l'année [Bellamione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant