J'avance sans bonne grâce vers les garçons.
Qu'est ce qui m'a pris d'écouter Pallae bon sang ?! Vu comment ces gars sont baraqués, je ne peux pas m'imposer par la force - si tant soit peu que j'en ai - et je n'ai pas de plan. Il faut voir la réalité en face, je suis dans une impasse. J'essayerai de faire tout mon possible pour sauver mon cousin d'une mort certaine mais mes adversaires prendront le dessus en moins de deux, je perdrais connaissance sous la pluie de coups qu'ils me porteront et on sera obligé de m'emmener à l'infirmerie voir Elwin alias l'elfe fou aux lunettes, mon visage sera déformé et ma mère se précipitera voir sa fille au bord du coma, je devrai dire adieu à ma carrière de star et je vivrai en ermite dans une montagne avec Félix -si ce bon vieux chat veut encore de moi-. Triste de façon de voir l'avenir de mon existence.
Au bord de la syncope, j'écarte ces pensées néfastes de mon cerveau et dans une dernière tentative désespérée d'échapper à ce destin funèbre je me retourne pour fuir. Malheureusement pour moi, je tombe sur le regard mi-sévère, mi-encourageant de Pallae qui ne me quitte pas des yeux. Pour partir en cachette, on repassera.
Je souffle un bon coup et m'avance vers le lieu de lutte. Sur le chemin, je croise quelques regards sévères d'autres élèves qui assistent à la scène mais n'interviennent pas. Par peur ? J'aimerai tellement être à leur place. Avec un peu de chance, quelqu'un viendra me prêter main forte.
Je m'arrête à la hauteur des garçons et ils me dévisagent tous. J'en profite pour les examiner de plus près : au vu de leur costume de tigre à dent de sabre, ils ont donc tous plus ou moins le même âge, c'est à dire un an de moins que moi... et ils font trois tête de plus. Super. Le plus frêle des trois est celui qui empêche Metys de s'enfuir en le retenant avec la seule force de sa main droite, je ne sais pas si c'est un exploit puisque ce dernier n'a l'air d'opposer aucune résistance <<pourquoi ?>>, je me le demande bien.
- Oh mais qui voilà ? Si ce ne serai pas la Sweeyan en personne ! Que nous vaut cet honneur ? annonce celui du milieu.
- Bonjour, je grommelle de mauvaise humeur.
- Pas très enthousiaste, c'est parce que ton copain se fait défoncer ?
- C'est pas mon copain mais mon cousin, je souffle entre mes dents.
Ils se regardent tout les trois et éclate de rire. J'en profite pour jeter un coup d'œil à Metys qui regarde étrangement ailleurs. Un gros bleu s'est invité sur sa joue droite, sa lèvre est en sang et son nez à une courbe bizarre. Il devra passer à l'infirmerie avant la cérémonie d'ouverture.
- Revenons en à nos moutons Sweeyan, coupe un des garçons, tu es venue ici pour nous demander d'arrêter de tabasser ton copain... enfin ton cousin, c'est ça ?
Je ne réponds rien, je ne sais pas pourquoi mais je sens que cette histoire va mal tourner. Je déteste quand les gens me prennent de haut comme ils le font. De plus, les elfes sont sensés vivre en paix. Il ne devrait pas y avoir d'inégalités, et encore moins à l'école.
- Je croyais qu'on était plus intelligents que les humains, je siffle.
Je relève la tête, une lueur de défis dans les yeux et je reprend :
- Je croyais pourtant que notre société était au dessus de toutes ces conneries d'histoires de haine entre les humains. Apparemment, certains elfes sont au même niveau que c'est bons à rien d'Hommes ! Vous vous prenez pour qui exactement ? Vous croyez que votre acte va être salué après avoir emmené ce malheureux à l'infirmerie ? Ça me dégoute franchement, vous portez atteinte à nos valeurs qui disaient qu'on était une race unie et intelligente.
Je jette tout de même un regard aux élèves autour de nous pour voir si ils sont d'accord avec moi. Apparemment oui car ils se mettent à plusieurs pour saisir les garçons et les trainer de force dans les couloirs pour les dénoncer au Magnat Leto. Certains me lancent des regards souriants, comme pour me remercier puis très vite on emmène Metys voir Elwin et Pallae vient me retrouver.
- C'est ça qu'on veut voir de toi Emma ! me lance t'elle avec un clin d'œil. Utilise ta popularité à bon escient comme tu viens de le faire, je suis fière de toi. Viens faire un câlin à Tatie Lala.
En temps normal je n'aurai jamais accepté de me jeter dans ses bras. Tout d'abord parce que je ne la connais que très peu et que je trouve cela très bizarre qu'elle me mène par le bout du nez comme elle vient de le faire pour ensuite me parler sur un ton amical comme si on s'était toujours connues et employé des surnoms qui montrerait en temps normal une blague connue de nous seules. La bonne blague. Mais j'ai tellement stressé pour échanger ces mots avec les garçons que la fatigue l'emporte sur ma conscience - oui, je suis facilement fatiguée, je vous l'accorde - et j'en viens à céder.
- Avoue, on était en manque d'affection pour se faire un câlin dans le couloir, je lâche.
Elle ne répond rien mais son visage esquisse un sourire.
~~~~
Enfin, la cérémonie d'inauguration commence. Je regarde défiler ces centaines d'élèves tous aussi ridicules les uns que les autres à se concentrer pour ne pas tomber la tête la première, ce qui est très fort probable quand ton déguisement fait deux fois ta taille. Les gens qui participent à ces danses perdent leur dignité à jamais. Il n'y a que les parents qui ont l'air heureux d'être là, comme si ça les amusait que leur progéniture se pète la honte devant l'école entière. Qui est censée être prestigieuse, pas ridicule.
Je me relève un peu de mon siège quand c'est au tour des yétis de faire une chorégraphie. Le déguisement à l'air encore plus absurde de loin. Je suis contente de ne pas l'avoir porté, franchement. Je distingue Metys, à la rangée du fond qui a l'air d'avoir retrouvé son énergie habituelle. Je dois admettre qu'il danse bien même si à mes yeux il reste une créature agaçante avec son trop plein de bonne humeur et ses questions débiles. En plus, c'est un voleur de papotins.
Après quasiment une heure à attendre la fin de la cérémonie, les élèves des tours d'élite font enfin leur entrée, avec des costumes qui, pour le coup, sont absolument magnifiques. Des fleurs éclosent d'un coup, libérant une avalanche de couleur et de parfum dans la totalité des jardins de Foxfire. Chaque année, les spectateurs sont obnubilés par la prestation des niveaux d'élite. Mais leur danse se termine bien trop vite aux yeux de beaucoup et le Conseil apparait sur l'estrade pour souhaiter une très bonne année aux prodige. Les autres ne le remarquent pas, mais moi si, bien que ce ne soit pas une surprise : tous les membres du Conseil, en particulier Emery, Oralie et Bronte sont exténués. Même le maquillage d'Oralie laisse paraitre des cernes. Les Invisibles leur donnent du fil à retordre, tout comme le Cygne Noir et l'incompétence d'une certaine Sophie Foster qui n'en fait qu'à sa tête.
Le cérémonie s'apprête à se clôturer quand je remarque ma mère qui accourt vers moi, visiblement essoufflée.
- Que se passe t'il ? je lui demande quand elle arrive à ma hauteur.
- Rien du tout ne t'inquiète pas, je suis juste un peu en retard. J'espère que je n'ai pas loupé grand chose ! Quand est ce que les danses commencent ?
Je la regarde, bouche bée, avant de ricaner discrètement. Ma mère n'a décidément pas la notion de l'heure. Elle ouvre la bouche pour me demander des explications, mais la referme aussitôt quand elle remarque le Conseil sur l'estrade et la compréhension suivit de la terreur se lit sur son visage parfait.
Je m'apprête à lui sortir une boutade lorsque je prends conscience d'une chose. La terreur ?
***
Chapitre 5 enfin publié après énormément de correction, et de passages supprimés.
Je m'excuse d'avance pour les fautes d'orthographe et, sur ce, à la prochaine !
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Emprisonnée entre deux vies
FanficLes Cités Perdues sont en pleines ébullitions, les Invisibles sont toujours aussi forts et le Cygne Noir peine à les arrêter. Derrière cette guerre à peine masquée, Emma Sweeyan, 15 ans, jongle entre deux vies. Celle qu'elle doit montrer aux autres...