La Folle

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       Enfin! le manteau mystique du soir se voile, me séparant de la tyrannie du monde et de sa superficie

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Enfin! le manteau mystique du soir se voile, me séparant de la tyrannie du monde et de sa superficie. Enfin, quelques heures de silence, seul quelques hommes ivres de folies geignent de leur misère et de leur agonie. Quelques heures avant que le soleil ne darde ses rayons de cierges, avant que je ne devienne soumise à sa chaleur tel l'amour en pleine jeunesse.
Enfin! je m'allonge dans la solitude qui crépite lentement le long de mon échine, paralysant mes membres et mes idées folâtres mais jamais cette tristesse inexpugnable.

Je ferme les yeux, et j'écris. Des mots futiles, invisibles, s'entassent, je les chasse. Impossible.
     Je me perds entre mes phrases interminables et je deviens mes propres créations; incomplète et mortelle. Être intangible à l'aspect fantomatique, je n'existe que dans mes écrits et je ne respire qu'à travers mes mots, dont aucun de vous ne connaît l'existence. Alors je resterai encrée, seule spectatrice de mes propres marionnettes, jusqu'à ce que l'inspiration disparaît.

     Je me sens puisée de toute force. Je tombe vers l'infini, vers la damnation d'un monde terrible, vers l'horreur de la race humaine, vers un gouffre dit inconnu, alors qu'en réalité, cette chute est immuable, inévitable pour chacun. Nous tombons.
      L'homme respire un air de corruptions et de mensonges, sa tête remplie de déboires inutiles. Il sombre dans une léthargie plus profonde que la mort, il marche sans avancer, les yeux fermés, un pas puis un autre, toujours aussi machinalement. Nous tombons.

     Je rêve de fortifier cette solitude qui me sauve de ce monde mais celle-ci ne dure que quelques heures avant que la lumière ne renverse ma barricade comme une bourrasque.

Des fils luisants se faufilent entre mes volets. Est-ce l'astre d'or qui revient me damner, me dominer ? ou les fantômes que j'ai tant craints qui naviguent sur les flots inexorables de mes pensées ? Est-ce l'Éternel déçu de Sa création qui apparaît pour la délivrer? Je ne peux plus rien distinguer.
Mais que ce soit les âmes de ceux que j'ai aimés ou ceux que j'ai dédaignés, de ceux que j'ai enviés ou ceux que j'ai méprisés, peu importe votre identité, dans ma solitude, laissez-moi crever.

La nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant